Gérard Enel, dirigeant de GJ Transports (95), fait part de la manière dont une TPE du transport routier de deux salariés, à l’instar de son entreprise, traverse la crise sanitaire. Actuellement, elle travaille à 30 % de son activité ordinaire et a sollicité une aide de l’État.
L’Officiel des Transporteurs : Avez-vous sollicité un prêt garanti par l’État pour faire face à la crise ?
Gérard Enel : GJ Transports est une entreprise de transport routier de marchandises (TRM) et commissionnaire en transport qui compte deux salariés. Actuellement avec la crise, je travaille à 30 % de mon activité ordinaire et le travail commence à diminuer avec un client. Je prépare une demande de prêt garanti par l’État, je vais solliciter 26 000 €. J’ai rempli le dossier seul. J’ai de l’expérience et je suis bien entouré mais un petit artisan ou un dirigeant sans comptable pour le conseiller aura des difficultés à remplir la demande ! J’ai multiplié les démarches d’aides ; j’ai également sollicité une autorisation de découvert auprès de mon banquier, qui m’a été accordée. J’ai demandé le report des charges Urssaf et j’ai pu suspendre les prélèvements de mon véhicule en location longue durée pour avril et mai.
L'O.T. : En tant que dirigeant d’une TPE, qui sont vos interlocuteurs pour votre financement ?
G.E. : En période normale, je ne parviens pas à obtenir de prêt auprès des banques. À mon sens, la concurrence étrangère ainsi que les dépôts de bilan d’entreprises historiques du transport ont rendu les banquiers frileux. Pour mes véhicules, je privilégie la location et la location-vente avec d’autres entreprises de transport. J’ai essayé d’ouvrir le capital de mon entreprise mais cela n’a pas fonctionné.
L'O.T. : Les TPE doivent-elles se tourner vers d’autres moyens que bancaires pour se financer ?
G.E. : Je pense qu'elles doivent se grouper. J’aimerais créer un groupement de petits transporteurs, pour avoir plus de poids face aux banques, mutualiser du matériel, un commercial… Les chefs d’entreprises que j’ai rencontrés sont frileux, mais je pense que ce serait une solution sérieuse et viable. Mais il faudra voir après la crise, car je pense que plus rien ne sera comme avant.
