Frédéric Visnovsky, médiateur du crédit, Banque de France : "La médiation doit rétablir le dialogue et trouver une solution adaptée"

Frédéric Visnovsky, Médiateur national du crédit aux entreprises à la Banque de France.

Crédit photo DR

En pleine crise, la médiation du crédit aux entreprises reste cruciale pour rétablir le dialogue entre petites entreprises et banques. Frédéric Visnovsky, médiateur national du crédit aux entreprises à la Banque de France, détaille les missions de la médiation et ses moyens d’action.

L'Officiel des Transporteurs : En ces temps de crise, votre rôle évolue-t-il ?

Frédéric Visnovsky : Actuellement, des entreprises sont soit totalement arrêtées, soit en activité partielle et n’ont donc plus ou moins de CA pour un temps indéfini, alors qu’elles ont des charges fixes. La réponse, ce sont les mesures de report de charges mises en place par le gouvernement et le dispositif de prêt garanti par l’Etat. La médiation du crédit remplit ensuite sa mission classique. Nous avons allégé la saisine en ligne pour simplifier les démarches, mais nous procédons de la même façon pour tenter de trouver un accord.

L'O.T. : Craignez-vous que des entreprises soient laissées au bord de la route ?

F.V. : C’est le point sur lequel nous allons être attentifs et sur lequel la médiation a tout son intérêt. La médiation a vocation à rétablir le dialogue rompu et à trouver une solution adaptée, les deux parties devant faire un effort. Mais il n’y a pas d’obligation pour le banquier qui n’est pas un philanthrope et - s’il a une garantie de l’Etat - il n’a pas de marge. Et il a un risque qui s'établit à environ 10 %. Les entreprises en bonne santé ne devraient pas avoir de problème, mais pour celles fragiles, les banques sont plus regardantes.

L'O.T.
: Quels conseils donnez-vous aux dirigeants du transport pour éviter la médiation ?

F.V. : En période normale, mon conseil est d’avoir de bonnes relations avec son banquier, de ne pas aller le voir seulement en période de crise. Actuellement, le défi pour le dirigeant est d’expliquer son problème, son besoin et de le quantifier. C’est également important d’utiliser tous les dispositifs d’aide, il n’y a pas que le prêt bancaire.

L'O.T. : Quelle est votre action au sein du comité de crise créé pour faire face à la dégradation des paiements inter-entreprises ?

F.V. : Le crédit inter-entreprises représente 700 milliards, l’enjeu est fort. Nous avons noté dès le début de la crise des cas d’entreprises qui donnaient instruction à leur banque de ne pas payer les échéances. Nous avons estimé judicieux de faire un comité conjoint avec le médiateur des entreprises pour marquer l’importance du sujet. Dans les faits, le comité regarde les grosses entreprises sur lesquelles nous avons des remontées et alerte les réseaux (Medef, CPME…). L’idée est de contacter ces entreprises pour leur demander d’adopter un comportement solidaire. Le risque pour elles étant de ne pas avoir accès aux dispositifs d’aides de l’état et de faire l’objet d’une enquête de la DGCCRF qui pourrait mener à des sanctions et à des nominations publiques. La seule création de ce comité a eu un effet, car on a vu des cas qui se sont résolus avant d’être examinés.

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