Selon le quotidien britannique The Guardian, qui a révélé l’affaire, des transporteurs travaillant pour Amazon contraindraient leurs conducteurs à des entorses à la législation européenne, pour tenir les cadences imposées par le géant de la vente en ligne. Trois conducteurs d’Europe de l’Est salariés de transporteurs effectuant des livraisons à travers toute l’Europe pour le compte d’Amazon — un Ukrainien, un Ouzbek et un Biélorusse – ont raconté au journal leurs expériences. "Manipulations en tous genres et non-respect des réglementations font partie de leur quotidien au travail", souligne le Guardian. Les trois salariés se disent contraints de manipuler leurs tachygraphes afin de rouler davantage que ce qu’autorisent les réglementations européennes, au mépris de la sécurité. Tous trois font également état de retards de paiement, contrairement aux principes affichés par Amazon concernant sa logistique. Selon Amazon – 1 700 milliards de dollars de valeur boursière –, ses sous-traitants sont tenus de respecter les horaires de travail en vigueur et de payer ponctuellement leurs conducteurs.
Contrats lituaniens
L’article du Guardian vise tout particulièrement une dépendance lituanienne du transporteur Hegelmann et sa flotte de 700 camions en propre. Selon les conducteurs cités, ceux-ci seraient contraints de travailler à l’ouest du continent pour Amazon avec des contrats lituaniens, nettement moins bien rémunérés que les contrats locaux. La fédération des transporteurs néerlandais, VNB, confirme les accusations, assurant que Hegelmann a été à plusieurs reprises mis en cause lors d’enquêtes menées par la fédération à ce sujet.
Le patron de Hegelmann, Siegfried Hegelmann, rejette les accusations, niant toute manipulation, et assure vouloir mener une enquête interne. "Nous allons nous pencher sur ce dossier et coopérer avec toutes les autorités compétentes", assure Siegfried Hegelmann au Guardian.
Des mesures adaptées
Le groupe américain, de son côté, assure ne pas être au courant de telles pratiques et vouloir adopter des mesures adaptées. Selon le Guardian, Amazon envisagerait de résilier les contrats en cours avec le transporteur lituanien. "Nous travaillons avec différents transporteurs pour livrer nos colis, et ces accusations ne reflètent en aucune façon les standards élevés qui sont en vigueur pour nos sous-traitants, souligne Amazon dans un communiqué, spécifiant que Hegelmann travaille aussi pour d’autres distributeurs, et qu’Amazon ne représente qu’une petite partie de son activité.