L’Officiel des transporteurs : La Commission européenne a récemment posé les grandes lignes de la norme Euro 7. Comment cette annonce a-t-elle été perçue par Renault Trucks ?
Bruno Blin : Ce qui nous interpelle, c’est le manque de coordination et d’alignement entre la proposition Euro 7 de novembre 2022 et les objectifs globaux de réduction des émissions de CO2. Je pense que les réglementations ne sont pas très cohérentes. Il n’y a pas eu de réflexion sur l’ensemble des règlements et on n’a pas pris en compte leur efficacité. On nous demande de travailler sur les moteurs diesel alors que la piste principale, ce qu’il y a de plus important, et ce qui est la priorité absolue, c’est la décarbonation. Et aujourd’hui, les investissements dans l’électrique ont beaucoup plus d’impact sur la décarbonation que les gains très limités encore possibles sur la pollution diesel. La version actuelle de l’Euro 7 place des obstacles majeurs aux constructeurs et ralentirait la transition vers un transport de marchandises zéro émission. Ce qui n’est bon ni pour l’industrie, ni pour le climat, ni pour le bien-être et la santé des citoyens.
L'OT : En ce qui concerne la réduction de CO2, quelle est la position de Renault Trucks ?
B. B. : Vecto nous oblige à réduire encore de 45 % les émissions de CO2 à l’horizon 2030. Nous sommes en phase avec cette réglementation. Mais on aurait été plus efficace et plus rapide sans avoir à allouer des investissements supplémentaires pour le moteur diesel et ainsi se conformer à l’Euro 7. C’est la position de Renault Trucks. Alors que si on affecte ces investissements à l’électrique et si on va plus vite sur l’électrique, il n’y a plus d’émissions de CO2 et il n’y a plus d’émissions de polluants non plus. C’est un peu l’incohérence de ces normes qui ne nous semblent pas bonnes.
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