Allemagne : controverse sur les manipulations des gaz d’échappement des camions

Selon l’Office fédéral allemand des transports, le BAG, 4 % des 7 070 camions contrôlés l’an passé par l’Office étaient équipés d’un émulateur et 292 contrevenants ont été verbalisés.

Crédit photo dpa/Photononstop/Philippe Turpin
Ces petits boîtiers noirs ne coûtent qu’entre 20 et 100 euros sur internet. Strictement interdits, ils sont installés directement dans le moteur du camion et permettent de truquer les émissons des gaz d'échappement. Depuis 2017, leur existence est connue des autorités allemandes qui ne savent ni comment y remédier, ni quelle est l’étendue exacte du phénomène.

Les petits boîtiers noirs ne coûtent qu’entre 20 et 100 euros sur internet. Strictement interdits, les "émulateurs" -installés directement dans le moteur ou dans le faisceau de câbles du camion- contribuent largement à empester l’air aux abords des autoroutes et routes nationales très fréquentées par les camions.

Ces appareils illégaux -qui font croire au camion que tout va bien’ au niveau des émissions et bloquent ainsi le système qui réduirait automatiquement la puissance du moteur faute d’AdBlue- permettent en effet aux routiers peu scrupuleux de désactiver le système de contrôle des gaz d’échappement de leurs camions via un logiciel, et d’économiser au passage jusqu’à 2 000 euros par an sur leur facture d’AdBlue.

Depuis 2017 déjà, l’existence de ces appareils et la facilité de se les procurer sur le net sont bien connues des autorités allemandes. Mais les services compétents ne savent ni comment y remédier, ni quelle est l’étendue exacte du phénomène.

Un chiffrage difficile

Selon l’Office fédéral allemand des transports, le BAG qui est compétent, 4 % des 7 070 camions contrôlés l’an passé par l’Office étaient équipés d’un émulateur et 292 contrevenants ont été verbalisés. "Ces chiffres sont totalement irréalistes", critique le physicien de l’environnement Denis Pöhler, dont l’entreprise, Airyx, a développé des appareils de mesure à même de détecter les polluants atmosphériques.

"Le BGA effectue tout simplement trop peu de contrôles, et les contrôles qu’il réalise sont défectueux, ajoute Andreas Mossyrsch, de l’association de transports Camion Pro. Des mesures effectuées par d’autres organisations révèlent qu’au moins un camion sur cinq, manipulé ou défectueux, traverse le pays avec des émissions polluantes bien trop élevées."

Contrôler les émissions à distance

Même ton du côté de l’association DUH, l’association de défense de l’environnement qui avait contribué à faire la lumière sur le scandale des moteurs diesel truqués. "Nous savons que les tests sont très incomplets en Allemagne. Les mesures que nous avons effectuées montrent des valeurs nettement plus élevées, assure Axel Friedrich, expert émissions de la DUH. Lors de nos contrôles, seuls 46 % des véhicules de la classe de pollution 6 respectaient les valeurs limites de pollutions. Il faut immédiatement mettre en place un véritable contrôle des camions en circulation." 

L’organisation estime qu’il serait possible de contrôler les émissions à distance, à bord de véhicules équipés de sondes de mesure. Si la détection des boîtiers noirs est relativement facile à réaliser, la détection de versions logicielles plus sophistiquées est en effet nettement plus compliquée, même pour un œil averti. "Nous n’avons pas la possibilité de traquer tout ça", concède la police de Düsseldorf.

Des amendes insuffisantes

Outre la fréquence des contrôles, les critiques visent également le montant des amendes infligées. "Les fraudeurs s’en tirent avec 100 à 200 euros, pour un transporteur ce n’est rien s’il peut espérer économiser plusieurs milliers d’euros", déplore Denis Pöhler. Au Danemark, cité en exemple, le trucage des émissions est puni de 2 000 euros d’amende pour le transporteur et 1 000 euros pour le conducteur.

Le BGA rappelle pour sa part qu’en cas de contrôle, le camion qui ne serait pas aux normes est immobilisé et tombe automatiquement dans la catégorie Euro 0, ce qui engendre le paiement d’arriérés de péage, puisque le montant du péage poids-lourds prend en compte ses émissions. Les transporteurs d’Europe de l’est sont particulièrement visés par les critiques. Selon le BGA, seuls 19 des camions en infraction -sur les 292 arrêtés- étaient immatriculés en Allemagne.

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