Le gouvernement allemand, questionné par l’opposition des Verts au Parlement, a révélé que sur les 13 000 camions pour lesquels le système antipollution AdBlue a été contrôlé en 2018 sur les autoroutes du pays, 300 présentaient des "défauts". Dans 84 cas (sur les 132 irrégularités constatées depuis août 2018), il s’agissait d’une "manipulation" et non d’une panne. En clair, les véhicules incriminés étaient équipés d’un petit boîtier noir à même de désactiver le système AdBlue, chargé de limiter les émissions de monoxyde d’azote (NOx), un gaz toxique responsable de nombreuses maladies pulmonaires.
Des boîtiers vendus sur Internet
Selon les autorités autrichiennes, confrontées elles aussi à la fraude, ces boîtiers, vendus moins de 100 € sur Internet en Italie, permettraient aux entreprises fraudeuses de réaliser de substantielles économies, jusqu’à 30 % des frais de fonctionnement pour les camions répondant aux normes Euro V et Euro VI. Selon les calculs autrichiens, la baisse de coûts s’élèverait entre 1 et 2 € pour 100 km.
"Un tiers des camions d’Europe de l’Est ne respectent pas les niveaux d’émissions de monoxyde d’azote", estime Denis Pöhler, de l’Institut de physique de l’environnement à l’université de Heidelberg, qui a effectué une étude sur le sujet pour les autorités autrichiennes.
De nombreux pays européens concernés
La fraude concernerait de nombreux pays d’Europe. La police espagnole a elle aussi constaté que 15 % des camions contrôlés par la Guardia Civil dépasseraient les niveaux d’émission autorisés. Les autorités allemandes, accusées de ne pas se livrer à un nombre suffisant de contrôles pour éviter un second scandale aux moteurs diesel truqués, sont sous pression. L’Office de protection allemand de l’environnement estime que 20 % des camions circulant dans les villes allemandes seraient équipés d’un boîtier manipulant les émissions de NOx.