Cinérites transporte par train des conteneurs de granulats

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Reachstacker à Bonneuil-sur-Marne

Reachstacker à Bonneuil-sur-Marne

Crédit photo Cinérites Transport et Logistique
Afin de charger des déblais de chantier en fret retour, Cinérites Transport et Logistique utilise des conteneurs pour transporter en ferroviaire des granulats à destination de la région parisienne. L’entreprise augmente son recours au rail, et ouvre ses trains à des chargeurs tiers voulant se lancer dans le combiné ferroviaire.

La plateforme logistique multimodale de Cinérites Transport et Logistique (CTL, groupe Granulats de l’Ouest) à Bonneuil-sur-Marne a été officiellement inaugurée le 4 octobre. Mise en service en fin d’année dernière, elle a déjà vu transiter 140 000 t de marchandises au cours de l’année 2024 : des matériaux provenant de la carrière de Voutré (Mayenne) et, en fret retour, des déblais de chantiers de la région parisienne.

Créée en janvier 2024, Cinérites Transports et Logistique doit son nom à la roche volcanique exploitée dans la carrière de Voutré depuis le milieu du XIXe siècle. L’utilisation du transport ferroviaire est consubstantielle à l’histoire de ce site d’extraction, ouvert au bord de la ligne Paris-Rennes pour approvisionner en matériaux les travaux du Paris haussmannien. Son principal débouché est aujourd’hui les travaux routiers.

Tonnage ferroviaire doublé en six ans

Au cours des six dernières années, le volume de matériaux de carrières expédiés depuis Voutré en ferroviaire a doublé pour atteindre 850 000 tonnes, sur les 2 millions de tonnes extraits chaque années sur ce site. Cinérites compte aujourd’hui six plateformes embranchées fer. Ouverte en 2015, celle de Trappes, à l’ouest de Paris, reçoit un train par jour, soit 350 000 t par an. Depuis 2023, une liaison ferroviaire avec le centre-ville du Mans a été établie pour y acheminer 250 000 t par an depuis Voutré.

Double fret : des déblais en fret retour

« Cette dynamique de développement a été rendue possible grâce à l’innovation de Voutré Double Fret, notre modèle de transport combiné pour les granulats et les déblais de chantier, souligne Thomas Dupuy d'Angeac, président des Carrières de l’Ouest. Cette solution, unique en France, nous permet d'optimiser les trajets en transportant des granulats à l’aller et des déblais au retour. »

Les déblais de chantiers participent en effet à l’essor des flux ferroviaires de CTL, avec 150 000 t évacuées chaque année de région parisienne par rail pour revalorisation en granulats ou remblaiement de la carrière de Voutré.

Schéma logistique hors norme

Cette progression des trafics ferroviaires a été obtenue grâce à des investissements importants : 2 millions d’euros ont ainsi été consacrés en 2024 par CTL à l’amélioration de l’infrastructure logistique de la carrière de Voutré. L’entreprise dispose désormais de 6 reachstackers pour la manutention de ses conteneurs.

Le transport ferroviaire des granulats s’effectue en effet par conteneurs. Un schéma logistique hors norme, mis en place pour permettre ce double fret : granulats à l’aller, déblais au retour. « Les wagons trémies classiquement utilisés pour le transport de granulats ne permettent pas de vider des déblais de chantier en gravitaire, explique Thomas Dupuy d'Angeac. On avait envisagé le recours à des wagons tombereaux, ceux utilisé pour le charbon, mais il aurait fallu utiliser une pelle pour les charger comme pour les décharger, ce qui ne simplifiait pas les choses. Nous avons donc vérifié que les reachstackers, prévus pour circuler sur les enrobés des plateformes logistiques, pouvaient aussi évoluer dans les carrières, puis nous avons décidé de passer aux conteneurs, nous inspirant d’une expérimentation menée par Charier qui avait transporté ainsi 80 000 t de déblais entre Dieppe et Rouen. »

Conteneurs 20 pieds open top

Les conteneurs de 20 pieds open top avaient déjà été acquis par les Carrières de l’Ouest pour l’évacuation des déblais du Grand Paris, marché pour lequel la société n’avait finalement pas été retenue. Mais ils ont été mis en œuvre d’abord entre Voutré et Trappes, puis entre Voutré et Le Mans et enfin, en début d’année, avec Bonneuil-sur-Marne.

Pour cette dernière relation, 50 conteneurs sont débarqués du train en provenance de Voutré chaque jour, posés à terre et repris par camion le lendemain pour distribution en Île-de-France. Au retour, jusqu’à 50 conteneurs de déblais peuvent être transportés vers la Mayenne.

Une activité de commission de transport

Ayant lancé une activité de commission de transport, Cinérites Transport et Logistique, qui dispose d’un parc de 600 conteneurs 20 pieds, propose aussi ses services pour transporter d’autres matériaux : ferraille, bois, etc. Pour cela, elle diversifie son parc de conteneurs, avec notamment des ampliroll.. Ce fret retour renforce l’efficacité du schéma logistique puisque CTL, transportant davantage de granulats vers Bonneuil que de déblais issus des chantiers franciliens, rapporte à Voutré beaucoup de conteneurs vides. Le train mis en place peut aussi transporter des conteneurs d’autres clients : au départ de Bonneuil, il a ainsi transporté 50 boîtes de carrelage depuis le début de l’année.

Les projets de CTL ne s’arrêtent pas là. En 2024, une plateforme de collecte et valorisation des déblais de chantiers va être ouverte à Villeneuve-Saint-Georges, à proximité de Bonneuil où le trafic annuel atteindra 300 000 t dès 2025.

Un train pour Gennevilliers prévu en 2025

En févier prochain, un train sera mis en place chaque semaine entre Voutré et la plateforme à conteneurs Paris Terminal de Gennevilliers.

Au Mans, CTL veut créer une véritable plateforme de combiné ferroviaire, en liaison avec l’Île-de-France et aussi avec le port de Nantes-Saint-Nazaire si l’implantation qui y est envisagée voit le jour. Un développement au port du Havre, avec une relation ferroviaire avec Le Mans, est aussi évoquée.

Recours incertain au transport fluvial

Bientôt présent dans deux des principaux ports franciliens, Cinérites n’est pas fermé à l’utilisation du transport fluvial mais ne voit cependant pas de développement évident dans l’immédiat pour ce mode de transport. En effet les centrales à béton, très présentes sur les bords à quais de la Seine, s’approvisionnent plutôt en granulats sédimentaires du bassin parisien et ne figurent pas parmi les destination des roches dures en provenance de la carrière de Voutré.

« Le fluvial est un sujet que l’on étudie, indique Thomas Dupuy d'Angeac, mais cette clientèle bord à quai est une clientèle que l’on a pas encore. Les centrales à enrobé, qui utilisent des roches dures, ont plutôt pour habitude d’être livrées par transport ferroviaire. » Sur les ports de Gennevilliers et Bonneuil, cependant, les centrales à enrobé présentent l’avantage d’être à la fois embranchées fer et à proximité de la voie d’eau.

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