Paul-Antoine Jung : Nous nous organisons vers une continuité. Nous n’avons pas pour but de révolutionner l’ADN de Tred Union. Nous avons gardé l’esprit, tout en y apportant des évolutions d’organisation. Nous avons ajouté des points plus formels qu’avant, par exemple, en plus de nous voir régulièrement, nous organisons deux grandes réunions par an entre nous deux : l’une pour déterminer les objectifs et l’autre en fin d’année pour voir si le cap fixé a été tenu. Cela nous permet de fonctionner confortablement. La stratégie proposée par le président est discutée en Codir, validée par l’assemblée générale, puis communiquée à l’ensemble des adhérents.
Olivier Perrin : Sur le plan opérationnel, la transition est plus aisée de mon côté, car Jean-Christophe m’accompagne encore jusqu’à la fin de l’année. À travers cette transmission, les rôles s’établissent de plus en plus. Nous échangeons dans un esprit de bienveillance mutuelle. Notre binôme avec Paul-Antoine se construit petit à petit au fil des événements, qui sont nombreux chez Tred Union. Sa stratégie pour notre groupement est claire, les adhérents connaissent la direction à suivre. Il sait trouver les mots et faire passer les messages avec efficacité et toute l’aisance nécessaire pour le faire en douceur, même lorsque le sujet est sensible, comme la décarbonation de nos adhérents. C’est agréable d’œuvrer ensuite pour animer le groupement dans cette ligne de conduite. Et j’ai la chance d’avoir en la personne de Jean-Christophe Edy, qui a construit l’organisation du groupement aux côtés de Joël Vigneron – qui était un visionnaire –, le guide parfait pour la passation de témoin. Tred Union ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans ces deux grands hommes et notre tâche ne serait pas aussi aisée sans leur travail préalable depuis près de quinze ans.
O. P. : Le plan de marche est respecté. Une dizaine d’adhérents nous a rejoints cette année et nous avons également eu des départs en raison de rachats d’entreprises, de départs à la retraite. Mais, conformément à la stratégie proposée par Paul-Antoine, nous ne nous focalisons pas sur le nombre, nous préférons avant tout qu’ils partagent bien les mêmes valeurs. Il reste actuellement une dizaine de zones blanches en France, de départements sans adhérents. Si on les comble, ce sera avec des candidatures de dirigeants qui ont envie de s’investir, d’échanger avec les autres adhérents… Nous avons également structuré notre cellule achats en recrutant et en définissant les process d’achats. Nous avons ainsi professionnalisé la relation avec les fournisseurs, et nous devrions avoir davantage de partenaires pour le sourcing à l’avenir. Comme nous avons tous à y gagner en achetant ensemble de plus gros volumes, nous poursuivons le travail commencé il y a 18 mois. Notre centrale d’achat se structure, nous avons expérimenté des achats groupés sur des véhicules moteurs et non moteurs, des pneumatiques, des produits d’arrimage, des chariots de manutention. Toutes les expériences nous ont confortés dans notre choix de poursuivre cette démarche.
P.-A. J. : L’un des gros projets porte sur la partie environnementale. Un partenariat a été conclu avec le cabinet Carbone 4, spécialisé dans la décarbonation des entreprises, pour accompagner nos 79 adhérents à établir leur bilan carbone. Une dizaine d’entreprises est déjà en mesure de communiquer sur leur bilan 2022, l’ensemble des adhérents le sera pour le bilan 2023. Je rappelle que l’ensemble des Tred Union a déjà pris l’engagement dès leur adhésion d’être au minimum charté CO2. Pour aller plus loin, l’objectif 2024 pour tous les adhérents est de passer au label CO2 définit par l’Ademe. Ce passage sera facilité par le travail réalisé pour le bilan carbone. Par ailleurs, certaines entreprises font appel à de la sous-traitance et ne pourront donc pas parvenir à la labellisation, mais ont l’obligation de poursuivre leurs efforts au niveau de la charte.
O. P. : Cette année, nous mettons aussi l’accent sur la prévention du risque routier. Sur le coût de l’assurance d’une entreprise, 80 à 90 % concernent le coût de repose sur la gestion de la flotte. Il faut donc améliorer nos statistiques, diminuer notre fréquence d’incidents pour présenter de meilleurs bilans aux assureurs. Et nous poursuivons cette année le développement de la partie achats et l’objectif de fédérer nos adhérents pour acheter ensemble lorsque l’on a des besoins. Par exemple, sur l’activité logistique, comme tous nos adhérents possèdent des espaces de stockage couverts, nous avons un volume total, 1,4 million de m2, qui nous permet de négocier certains coûts.
O. P. : Tred Union, c’est avant tout un partage de valeurs communes décrites dans notre Pacte (autour des valeurs de participation, acceptation, communication, talent et écologie) par des hommes et des femmes qui ont une envie dévorante de se confronter, de partager, de se rassurer, de découvrir avec leurs homologues métiers, mais aussi de se former. Tous ces échanges entre adhérents se réalisent lors de nos animations en commission thématique, réunions fonctionnelles, réunions de secteur régionales, séminaires de cohésion ou encore formations. Une chose est certaine, Tred Union n’est pas construit pour une entreprise qui ne veut pas bouger et se chalenger.
O. P. : Avec le contexte économique actuel, le secteur du TRM va inévitablement se concentrer. Les dirigeants vont forcément vouloir s’armer pour être moins vulnérables sur le marché. Chez Tred Union, nous avons aussi observé des fusions-acquisitions. Certaines même entre adhérents, comme cela a été le cas avec les Transports Blanchard-Coutand (TBC) par le groupe Douaud. La question s’est posée, dans le cas d’un rachat d’un adhérent par un groupe, de pouvoir rester dans le groupement, mais ce n’est pas dans l’ADN de Tred Union de conserver un adhérent qui intègre un groupe d’envergure, même si les attaches sont fortes avec ses représentants.
P.-A. J. : La conjoncture économique n’a clairement pas été favorable pour le transport. À cela s’ajoute l’inflation des coûts pour les entreprises. Pour tenter de réduire les charges de nos adhérents, nous leur avons proposé de mutualiser davantage d’achats notamment sur les véhicules, les pneumatiques et les supports d’arrimage. Et les prix – qui ont augmenté bien plus que de raison – devront être revus à la baisse ! Nous avons l’intention de fédérer les adhérents sur les achats lors de nos futurs appels d’offres, afin de répondre à leurs besoins. Nous devrions pouvoir progresser sur la partie achats pour la fourniture d’emballages et de conditionnements, ainsi que d’équipements de sécurité (extincteurs, etc.).
P.-A. J. : Nous avons constaté que bon nombre d’adhérents ont vu une hausse démesurée, voire une résiliation de leur assurance flotte, alors qu’il n’y a aucune sinistralité correspondante. Nous pensons que le transport paie pour l’ensemble des autres secteurs atteints par la recrudescence des catastrophes naturelles. Nous devons accompagner les adhérents sur le sujet, et nous allons proposer dans le courant du premier semestre une solution novatrice pour ne plus subir la situation. En parallèle, nous allons négocier avec les courtiers d’assurances pour des protections spécifiques au TRM, telles que les marchandises transportées, l’assurance des véhicules en leasing ou encore l’assurance dépannage des véhicules.
O. P. : À mon arrivée, j’ai mis en place une commission qualité sécurité environnement, qui est composée principalement de préventeurs embauchés par les adhérents. Nous travaillons à la mise en place d’indicateurs de performance qui seront déployés dans les entreprises pour montrer aux assureurs que nous mettons le maximum d’actions de contrôle en place pour réduire la sinistralité. Nous organiserons également une journée dédiée (Tred Road Safety Truck) le 4 octobre, pour animer des ateliers sur les risques routiers chez tous nos adhérents.
P.-A. J. : Pour ne rien vous cacher, le partenariat n’a pas réellement été fructueux pour Tred Union. C’était davantage Logcoop qui nous avait sollicités que l’inverse. Le groupement a toujours la volonté de s’ouvrir à l’Europe, notamment pour accompagner nos adhérents dans le développement à l’international (Royaume-Uni, Espagne, etc.). Nous avons d’ailleurs des adhérents déjà présents à l’international, comme Verploegen aux Pays-Bas et Rigoni en Espagne. Cette année, TC transport a ouvert en Angleterre et rejoint Euro Chanel qui y est déjà présent depuis de longues années. Nous restons également ouverts à accueillir des adhérents étrangers. Nous avons d’ailleurs reçu des candidatures provenant de l’Italie.
O. P. : Plusieurs commissions ont été mises en place sur différents sujets. Par exemple, beaucoup d’adhérents s’intéressent aux investissements en photovoltaïque, à la mise en place d’ombrières, à l’implantation d’éoliennes verticales. Nous nous penchons donc sur le sujet. Un autre thème revient régulièrement : le financement de la transition énergétique. Il y a des aides, mais beaucoup sont passés à côté, car c’est une vraie nébuleuse, avec des interlocuteurs différents à chaque fois… Notre but est de leur donner des réponses. Des adhérents ont aussi peur de se lancer, se posent des questions. Pour les accompagner, nous organisons des réunions avec des prestataires spécialisés pour qu’ils leur présentent leurs offres disponibles et les informent sur ce qui existera demain. Et nous mettons aussi en place des formations pour les collaborateurs, notamment les exploitants et les commerciaux, pour qu’ils deviennent plus efficients sur la rentabilité de l’exploitation par rapport aux énergies alternatives et qu’ils apprennent à vendre ces nouvelles solutions aux chargeurs.
P.-A. J. : Nous notons surtout qu’il n’y a aucune incitation réelle à la transition énergétique. Par exemple, concernant les biocarburants, il n’y a pas d’aide : pas de baisse d’impôt, la TICPE n’est pas réduite. Il y a bien un suramortissement, mais qui compense à peine le surcoût du matériel. Il faudrait être beaucoup plus ambitieux pour atteindre la neutralité carbone. J’avais été très déçu d’entendre des politiques soutenir que les transporteurs étaient à la traîne, alors que nombre d’entre nous se lancent tous les jours, sans aucune aide ! Pour exemple, la majorité des adhérents de Tred Union ont déjà investi dans une énergie alternative type B100, HVO/XTL, biogaz ou encore électricité.
O. P. : L’offre de formation chez Tred Union a fortement progressé, avec pas moins d’une douzaine de modules créés en 2023 pour que nos adhérents puissent faire face à tout type de situation. Nous avons notamment monté des formations sur des thématiques particulières, parmi lesquelles le harcèlement au travail ou la gestion de crise. Nous répondons aux besoins que les adhérents nous remontent. Ainsi, nous avons proposé une formation sur l’optimisation de la communication en entreprise, qui s’appuie sur des illustrations du Code de la route. Nous avons également proposé des formations métiers, notamment pour les conducteurs, sur les opérations professionnelles (bâchage/débâchage, chargement/déchargement, accroche/décroche). La volonté de Tred Union est bien d’offrir un large panel de formations – présentiel, e-learning, avec du training le plus souvent possible – sur un large choix de sujets pour l’ensemble des collaborateurs de nos adhérents.
Création : 2008
Nombre d’adhérents : 79
Nombre de sites cumulés : 160
Chiffre d’affaires cumulé : 1,7 Md€
Nombre de salariés cumulés : 10 000
Nombre de cartes grises moteurs cumulées : 7 200
Nombre de cartes grises non moteurs cumulées : 10 000
Surface de stockage couvert cumulée : 1,4 M m2
Paul-Antoine Jung
2006 : diplôme master Sup de Co Reims
2007 : rejoint l’entreprise familiale Altrans au contrôle de gestion
2008 : direction logistique d’Altrans
2009 : prend la présidence du groupe Altrans
2012 : entrée au Codir de Tred Union
2023 : président de Tred Union
Olivier Perrin
1991 : DUT transport et logistique
2000 : directeur du développement à l’ECF Llerena Pro
2007 : manager des forces de ventes à l’IFG2020, directeur de projets à l’Aftral
2018 : directeur opérationnel à l’Aftral
2022 : le Codir de Tred Union valide la candidature d’Olivier Perrin pour succéder à Jean-Christophe Edy.