L’Officiel des transporteurs : Le 22 février, Lahaye Global Logistics a remporté le prix de la transition écologique remis par le département de l’Ille-et-Vilaine. Quelle est votre priorité numéro un en matière de transition énergétique ?
Matthieu Lahaye : Le levier le plus important à activer pour diminuer l’empreinte carbone est de mieux remplir les camions. Depuis quelques années, le tonnage moyen est à la baisse dans l’agroalimentaire et nous transportons plus d’air. Seuls nos clients peuvent agir.
En revanche, lorsque nous avons le pilotage des flux au départ de nos plateformes, nous parvenons à travailler sur des massifications et à réaliser des optimisations de chargement. Nous le faisons dans un intérêt écologique mais aussi économique. Concernant notre récompense, qui promeut une entreprise de transport routier, c’est un signal que le secteur est acteur dans la transition énergétique !
L'O.T.: Le groupe s’est engagé dans le transport multimodal combiné rail-route depuis 2011. Quel bilan carbone notez-vous à date ?
M. L. : Plus de 80 000 camions ont été chargés sur le train ces dix dernières années, dont 13 000 véhicules en 2021, soit l’équivalent de plus de 50 millions de kilomètres évités par la route et 16 millions de litres de gazole et plus de 50 000 tonnes de CO2 économisés.
Nous avions une volonté de développement plus forte mais les perturbations rencontrées entre 2018 et 2020 (grève à la SNCF, Gilets jaunes, crise sanitaire) ont mis un coup d’arrêt à notre stratégie. Pour 2023, nous prévoyons l’ouverture de nouvelles lignes, notamment au départ de la Bretagne vers le nord de la France.
Aujourd’hui, le fret ferroviaire représente environ 10 % de nos approvisionnements. Notre objectif est de doubler les volumes en report modal d’ici à trois ans. Cette année, nous avons déjà acquis des caisses rail-route frigo et une dizaine de fourgons, pour plus de 1 million d'euros d’investissements et allons continuer d’investir dans du matériel compatible avec le ferroviaire.
L'O.T.: Où en êtes-vous dans votre démarche de verdissement de votre flotte ?
M. L. : Nous renouvelons notre parc tous les 36 mois. À ce rythme, notre stratégie est d’avoir 100 % de la flotte en vignette Crit’Air 1 à l’horizon 2030. Actuellement, 40 tracteurs roulent au gaz – sur une flotte de 700 moteurs). Mais avec le contexte géopolitique, notamment la situation en Ukraine, le gaz n’est plus une technologie aussi performante. Les chargeurs qui nous incitaient à investir dans ce domaine nous demandent de rétropédaler, car cette énergie coûte trop cher. Nous mettons donc nos investissements entre parenthèses car nous manquons de visibilité.
Dans une optique de mix énergétique, nos trois premiers véhicules électriques devraient être livrés en 2023. Nous regardons de près les biocarburants mais attendons que la législation progresse afin qu’ils soient éligibles Crit’Air 1.