La ministre des Transports, Raquel Sanchez, a indiqué que le dispositif se traduirait par une diminution effective du prix du gazole payé par les entreprises de transport, à l’image de ce qui a été mis en place en France.
L’allègement de la fiscalité sur les carburants n’a pas été retenu, l’Espagne ne disposant que d’une faible marge de manœuvre dans ce domaine compte tenu du niveau actuel d’imposition et de la nécessité de respecter la réglementation européenne.
Une entrée en vigueur le 29 mars
Les modalités concrètes de la bonification seront annoncées le 25 mars aux organisations professionnelles, juste après la réunion du Conseil européen. L’entrée en vigueur est prévue le 29 mars prochain, date de l’approbation par le conseil des ministres d’un décret-loi royal. Selon les informations disponibles, la ristourne serait comprise entre 15 et 25 centimes par litre.
Le ministère des Transports s’est engagé par ailleurs à effectuer le remboursement partiel de l’impôt sur les hydrocarbures qui grève le gazole sur une base mensuelle et non plus trimestrielle. A cela s’ajoute la publication hebdomadaire du prix du gazole sur le site Web du ministère afin de faciliter la révision dans les contrats de transport, désormais obligatoire en vertu du décret-loi royal 3/2022 du 1er mars 2022.
Une profession divisée
Le CNTC a salué ces décisions mais la Plateforme nationale pour la défense du transport routier de marchandises, qui a lancé un mot d’ordre de grève illimitée le 14 mars dernier, considère que les mesures annoncées sont insuffisantes. Son porte-parole, Manuel Hernandez, a affirmé que la mobilisation se poursuivra tant que la Plateforme ne sera pas reçue par Raquel Sanchez pour obtenir des solutions aux problèmes de fond de la profession.
Le ministère refuse de rencontrer la Plateforme, un collectif de PME et de travailleurs indépendants créé en 2007, qui se manifeste épisodiquement. Il ne reconnait comme interlocuteurs valables que les organisations membres du CNTC, dont la représentativité est vérifiée tous les quatre ans par le ministère.
Des milliers de camions bloqués
La grève lancée par la Plateforme s’est accompagnée de l’apparition de piquets de grève, de marches lentes ainsi que d’actions violentes. Elle a eu pour effet de bloquer des milliers de camions et de provoquer de sérieuses disruptions de chaînes d’approvisionnement à l’échelle de l’ensemble du territoire espagnol, malgré la mobilisation de 24 000 policiers et gendarmes. L’agriculture (lait, fruits et légumes, etc.), plusieurs industries (alimentation, sidérurgie, automobile, etc.), la distribution, les stations-services, les plateformes logistiques et les ports figurent parmi les secteurs les plus affectés.
Signe de l’ampleur de la grogne, trois organisations membres du CNTC, qui regroupent des PME et des travailleurs indépendants (Fenadismer, 2e organisation la plus représentative, Fetransa et Feintra), ont estimé que l’annonce des mesures par le ministère des Transports était "positive mais insuffisante dans la situation actuelle". En conséquence, elles ont décidé, le 21 mars, de rejoindre le mouvement de grève.