Cécile Bray, Geodis : "L'harmonisation du calcul des émissions de CO2 dans le fret, une étape critique"

Cécile Bray, experte Senior Climat Carbone chez Geodis,

Crédit photo Sylvie Mugular
En matière de calcul des émissions de CO2, il existe bon nombre de méthodes. Le projet européen LEARN (Logistics Emissions Accounting and Reduction Network) vise à inciter les entreprises à calculer et déclarer leurs émissions logistiques en utilisant le Global Logistics Emissions Council (GLEC), méthodologie universelle permettant de calculer les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde entier sur la chaîne d'approvisionnement modale. Cécile Bray, experte Senior Climat Carbone chez Geodis, qui participe à ce programme, explique ses enejux.
 

L'Officiel des transporteurs : Comment Geodis en est arrivé à participer au projet international d’harmonisation du calcul des émissions de GES ?

Cécile Bray : Nous avons déployé depuis 2012 le calcul des émissions de CO2 de nos prestations de transport dans nos outils TMS intégrant nos données opérationnelles avec la solution EcoTransIT World. En tant qu’entreprise engagée dans la transition écologique et membre du GLEC (Global Logistics Emissions Council), c’est tout naturellement que Geodis a répondu positivement à la sollicitation de l’ESC via l’AUTF et a participé au projet européen LEARN (Logistics Emissions Accounting and Reduction Network) destiné à donner les moyens aux entreprises de réduire leurs émissions de CO2 sur l’ensemble de la chaîne logistique. Notre objectif était notamment de partager notre expérience sur les réalités opérationnelles du métier. Ce projet, financé par l’Union Européenne, rassemble notamment des associations professionnelles (ESC, IRU et CLECAT), des instituts de recherche et des institutionnels et a fait tester les méthodes de calculs par des chargeurs, des transporteurs et des prestataires logistiques. Coordonné par le SFC (le Smart Freight Centre), une organisation à but non lucratif qui travaille sur l’efficacité énergétique des chaînes logistiques et de transport, il a donné lieu à l’adoption du cadre méthodologique GLEC visant à harmoniser la comptabilisation des émissions de CO2. Le transport de marchandises s’opère davantage selon le mode multimodal et il est souvent transfrontalier. Par conséquent, une méthode fiable de calcul et de mesure des réductions des émissions de CO2 sur les différents maillons de la chaîne logistique quelle que soit la zone géographique devient indispensable pour guider les choix des entreprises.

L'OT : Qu’est-ce qui différencie la méthode de comptabilisation GLEC que vous avez adoptée, des outils déjà existants comme le Bilan Carbone® ou le GHG Protocol ?

C. B. : Il existe bon nombre de méthodes de calcul des émissions GES mais elles se révèlent insuffisantes dans la mesure de l'empreinte carbone des supply chain par manque de finesse ou limitation à une zone géographique comme la réglementation française dite "info GES". Quant aux méthodes Bilan Carbone® ou GHG Protocol, elles diffèrent du cadre GLEC en ce qu’elles définissent une méthode globale de comptabilisation des émissions de toutes les activités d’une entreprise quel que soit le secteur alors que le cadre GLEC définit une méthodologie spécifique aux chaines de transport et de logistique. Il va au-delà du calcul des émissions directes, il couvre tous les modes de transport et tous les maillons de la chaîne logistique. Ainsi le poids, les kilomètres en charge et à vide, les émissions des terminaux et des entrepôts, etc sont pris en compte. Comme le cadre GLEC s’inspire de standards existants, il est complémentaire du Bilan Carbone® et du GHG Protocol. En fait, il s’agit d’un outil d’aide à la décision, notamment pour faire un choix parmi différentes solutions de transport en fonction des émissions de CO2. Comme peu de marchandises sont intégralement fabriquées en Europe, le consensus international visé par GLEC reste le meilleur moyen d’évaluer puis de définir la baisse des émissions.


L'OT : Inciter les parties prenantes à réduire leurs émissions de CO2 sur l’ensemble de leur chaîne logistique via une méthode de calcul harmonisée et reconnue semble difficilement réalisable à court terme. Dans ce contexte, à quand l’adoption générale du cadre méthodologique GLEC ?

C. B. : Réduire les émissions de CO2 est une ambition mondiale comme en témoigne le grand nombre d’organisations internationales qui participent aux travaux du GLEC, telles l’agence environnementale américaine (EPA) ou Clean Cargo. L’harmonisation du calcul des émissions est une étape critique et indispensable pour identifier les priorités et les leviers d’un plan d’action de réduction - on ne gère que ce qui est mesurable - et n’est effectivement pas une tâche aisée sur le terrain, mais il y a une réelle volonté des parties prenantes de comptabiliser de manière comparable le calcul et les réductions dans le fret. La prochaine étape après l’analyse des résultats du projet LEARN est la présentation (en cours) des travaux à l’Organisation internationale de normalisation afin que cette méthode fasse l’objet d’une norme ISO d’ici 3-4 ans. Par ailleurs, le calcul n’est pas une fin en soi et certains pays restent moins avancés que d’autres dans la transition énergétique, l’aboutissement du programme exige donc une coopération renforcée. Par exemple, le Smart Freight Center organise des formations de réduction de la consommation de carburant pour les transporteurs routiers dans certaines régions du monde (comme la Chine ou l’Afrique du Sud), la France ayant depuis longtemps lancé ce type de programme en interne comme chez Geodis ou via la charte CO2.

 

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