Canal Seine-Nord Europe : ce n’est plus un projet, c’est un chantier

L'une des étapes du chantier du « rescindement » de la rivière Oise concerne plusieurs ponts. 

Crédit photo Société du canal Seine-Nord Europt/JCHecquet
Pour le canal Seine-Nord Europe, 2022 a été marquée par le lancement du chantier dans l’Oise. L’avenir se dessine avec une montée en puissance progressive des travaux, une accélération des aménagements environnementaux compensatoires, la poursuite des étapes administratives dans les autres territoires concernés par le tracé. 

« 2022 restera sans doute comme l’une des années marquantes pour le canal Seine-Nord Europe. Un cap a été franchi. Il y a une visibilité plus importante. Il y a eu une opération de premier « coup de pioche » dans l’Oise qui sera suivi d’autres dans la Somme, le Nord, le Pas-de-Calais, au fur et à mesure de l’avancement des travaux. Le canal Seine-Nord Europe, ce n’est plus un projet, c’est un chantier qui génère ces premières retombées », souligne Pierre-Yves Biet, directeur partenariats territoires à la Société du canal Seine-Nord Europe (SCSNE).

Cet article a été réalisé dans le cadre d'une semaine spéciale transport de Circuits Culture, une publication professionnelle destinée au monde agricole du groupe de presse Tema auquel appartient également NPI. Découvrez tous les articles de cette semaine spéciale sur le site de Circuits Culture.

Deux quais de transbordement

L’année 2022 pour le canal Seine-Nord Europe rime avec plusieurs faits marquants qui constituent autant de nouveaux pas en avant franchis vers sa concrétisation.

Les premiers travaux lancés et achevés sur les 18 km du secteur 1 entre Compiègne et Passel ont concerné la réalisation de deux quais de transbordement à Pimprez et à Ribécourt pour évacuer divers produits (du bois issu de déboisements, pour commencer) et approvisionner le chantier au cours des années.

D’autres travaux sont prévus ultérieurement pour ces quais (pré-terrassement à l’arrière, raccordement à l’eau et l’électricité, modification de la profondeur du canal qui passera de 3 à 4,5 mètres). A Ribécourt, la première phase de travaux de raccordement du quai au réseau ferroviaire, engagée par SNCF Réseau à l’automne 2022 se poursuit en 2023.

A l’issue du chantier du canal, ces quais s’ouvriront à une exploitation commerciale. Ils permettront à des entreprises locales de les utiliser pour charger ou décharger des marchandises ou matériaux, acheminés par voie fluviale.

26 mois de travaux pour le « rescindement » de l’Oise

Depuis septembre 2022 et pour 26 mois, toujours sur le secteur 1, se déroulent les travaux du « rescindement » de la rivière Oise à Montmacq ainsi que les constructions des ponts de la RD66, la création de la nouvelle route entre la RD40 et la RD932. Jusqu’à 150 personnes sont mobilisées sur cette étape du chantier. « Rescindement » signifie le déplacement de la rivière Oise sur presque 4 km.

Autour de cette opération, deux ouvrages sont créés :

  • un déversoir entre le nouveau lit de l’Oise et le futur canal (à l’aval de l’écluse de Montmacq-Cambronne) pour réguler les crues,
  • un siphon pour faire passer le ru du Moulinet sous le futur canal.

Il y a aussi :

  • La construction de trois nouveaux ponts sur la RD 66 pour passer sur l’Oise rescindée, le canal Seine-Nord Europe et le canal latéral à l’Oise. Les deux ponts actuels sur le canal latéral à l’Oise et sur l’Oise seront, eux, déconstruits début 2024.
  • La création d'une nouvelle route à Pimprez, avec un pont permettant la liaison entre la RD 40 et la RD 932, bouclant ainsi la déviation de la zone industrielle de Ribécourt.

Des aménagements environnementaux

L’année 2022 a aussi vu une accélération des aménagements environnementaux dans le cadre des mesures compensatoires prévues.

Sur le secteur 1 entre Compiègne et Passel, près de 400 ha sont à réaliser, 150 ha l’ont été entre septembre 2022 et mars 2023. La période de nidifcation ayant commencé en mars, les chantiers reprendront en septembre 2023.

La SCSNE rappelle que la démarche « Grand Chantier » est opérationnelle avec ses cinq dispositifs dont « canal solidaire » avec déjà plus de 100 bénéficiaires de la clause d’insertion à la fin 2022 pour 75 000 heures de travail. « Il y a eu un bond avant avec le marché du « rescindement » représentant à lui seul 40 000 heures », dit Pierre-Yves Biet.

Prévention et sécurité, une priorité du maître d’ouvrage

L’adoption de la politique de prévention/sécurité par le conseil de surveillance de la SCSNE le 24 juin est un fait marquant de l’année 2022.

« C’est notre rôle de maître d’ouvrage d’impulser une dynamique sur cette priorité pour l’ensemble des acteurs. Elle vaut pour chacun des intervenants, pour soi-même, pour les autres, pour les riverains. Elle va être suivie d’actions, en premier lieu la mise en place d’un passeport sécurité qui sera une formation à suivre par chacun », explique Pierre-Yves Biet.

Il s’agit de prévenir tous les risques sécurité que la construction du canal peut créer aussi bien pour les personnes que pour les infrastructures. Elle encadre le déploiement d’une démarche de prévention organisée, suivie et planifiée avant, pendant et après la réalisation des marchés de travaux.

Pour la SCSNE, « la notion de prévention décrit l’ensemble des actions, des attitudes et comportements qui tendent à éviter la survenue de maladies ou de traumatismes ou à maintenir et à améliorer la santé et la sécurité du personnel ».

Parmi les autres avancées en 2022 :

  • Les démarches réglementaires et administratives avec les études de projets qui se sont poursuivies et sont en train de se finaliser sur les secteurs 2, 3 et 4. Il y a eu en mars 2022 le dépôt du dossier d’autorisation environnementale pour ces 3 secteurs. « Lors de l’instruction en cours, les échanges ont lieu avec les services de l’Etat. La période a aussi été ponctuée par différents avis comme celui de l’autorité environnementale à la fin 2022, de commissions locales de l’eau ».
  • Le lancement de la consultation pour le marché de la conception-réalisation du pont-canal de la Somme en octobre 2022 sur lequel navigueront les bateaux pour franchir la vallée de la Somme entre Cléry-sur-Somme, Biaches et Péronne. La construction commencera en 2025. C’est un ouvrage exceptionnel et emblématique du futur canal. D’une longueur de 1330 mètres, il se situera à environ 30 mètres au-dessus du fleuve. Sa largeur sera de 45 mètres environ (34 mètres pour le plan d’eau), avec des trottoirs de 4,50 mètres de chaque côté pour permettre la traversée par les piétons et autres mobilités douces. Il enjambera la vallée préservée de la Somme, au niveau de Cléry-sur-Somme, réduisant les aménagements à réaliser en fond de vallée, tout en préservant les zones humides et sans compromettre l’écoulement naturel de la Somme, en période de crues, tout particulièrement.
  • L’obtention d’une certification HQE pour le programme et la conception du secteur 1 délivrée par l’organisme Certivéa suite à un audit. « C’est un engagement fort de la SCSNE qui va se poursuivre à l’avenir pour le programme et la conception des autres secteurs ».

Construction d’un troisième quai « travaux » en 2023

La SCSNE prévoit à la rentrée 2023, la notification du marché pour l’écluse de Montmacq/Cambronne-lès-Ribécourt pour un démarrage des travaux à la fin de cette année ou au début 2024. C’est la première d’un total de 6 écluses sur le tracé du canal. « Ce sera une autre étape majeure du chantier ».

A partir de juin 2023, la construction d’un quai de 100 mètres de long, dédié aux travaux à Allaines va s’engager. Il est conçu pour accueillir des bateaux de type Freycinet (38,5 m) et double Freycinet (77 mètres), les plus courants sur le canal du Nord, mais également certains convois pouvant atteindre près de 90 mètres de longueur, taille maximale des écluses du canal du Nord.

A proximité du quai, une plateforme de 100 mètres sur 30 mètres sera construite. D’une capacité de 8 000 tonnes de stockage, elle permettra d’effectuer les opérations de chargement et de déchargement des matériaux de chantier.

La construction du quai est prévue entre juin et décembre 2023. La partie fluviale principale des aménagements du quai se déroulera pendant la période de chômage (fermeture) du canal du Nord prévue par Voies navigables de France, du 15 septembre au 16 octobre 2023. Le quai travaux d’Allaines sera ensuite en service tout au long du chantier du canal entre 2024 et 2030.

2023, c’est aussi la réalisation d’aménagements environnementaux dans le secteur d’Aubigny-en-Bac dans le Nord et le lancement du marché TOARC pour le terrassement du canal et les 7 autres ponts en plus des 4 déjà inclus dans le marché du « rescindement ».

Vers l’enquête publique environnementale pour les secteurs 2, 3 et 4

La tenue de l’enquête publique environnementale devrait avoir lieu « en principe à l’automne 2023 », pour les secteurs 2, 3 et 4 avec l’objectif d’une délivrance par arrêté préfectoral vers la fin du premier trimestre 2024.

« Cette étape marquera la bonne fin de trois ans de dialogue territorial engagé sur les secteurs 2, 3 et 4 début 2020 avec les études d’avant-projet puis de projet, souligne Pierre-Yves Biet. Nous avons tenu en moyenne un moment de dialogue par jour ouvré. Ces échanges ont pris des formes très variées, réunions publiques, rencontres bilatérales avec des acteurs publics locaux, présence sur des marchés… Pour expliquer, informer, répondre aux questions techniques, environnementales, rappeler la raison d’être du futur canal, permettre au plus grand nombre de se projeter ».

Les 70 salariés de la SCSNE et les maîtres d’œuvre continuent par ailleurs la préparation des dossiers de consultation pour les marchés des travaux des secteurs 2, 3 et 4 pour des lancements progressifs au cours du deuxième semestre 2023. « Nous prévoyons un événement à destination des entreprises pour les informer sur l’allotissement et les calendriers, en plus des informations disponibles sur le site Internet ».

Terres excavées et aménagements fonciers

Une autre priorité porte sur la traçabilité des mouvements de terres excavées. « Nous avons un schéma directeur d’approvisionnement et de gestion des déblais adopté en octobre 2020 par le conseil de surveillance. C’est un sujet important même si les deux tiers des terres excavées sont réutilisés pour le chantier lui-même », précise Pierre-Yves Biet. Il restera toutefois 29 millions de mètres cubes d’excédents à gérer notamment par une mise en dépôt avec restitution à l’agriculture.

Il ne faut pas oublier non plus le sujet des aménagements fonciers avec la profession agricole et la redistribution des emprises. « De manière coordonnée, les départements avancent sur le pilotage des opérations d’aménagement foncier. Ils en sont au stade des études d’avant-projet des nouveaux parcellaires. C’est un élément très important pour la profession agricole. D’autre part, pour anticiper la prise de possession des terrains pour le chantier, nous travaillons sur la question des réserves foncières avec la SAFER et la profession. Nous sommes sur une logique d’attribution des réserves foncières, durant les travaux et d’ici la fin de l’aménagement foncier, aux exploitants directement concernés par les emprises pour l’archéologie préventive et du canal ».

En 2023, la SCSNE souhaite également renforcer les liens avec la filière fluviale en particulier par un travail avec Entreprises fluviales de France, Voies navigables de France et le réseau Norlink dans les Hauts-de-France, sur le thème « comment valoriser et se préparer à l’arrivée du canal Seine-Nord Europe ».

En tant que maître d’ouvrage, la SCSNE incluera dans ses marchés de travaux des incitations à l’utilisation des deux modes massifiés pendant la phase chantier. Au-delà, l’enjeu est de faire en sorte que la batellerie française soit au rendez-vous de la future liaison Seine-Escaut en 2030.

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