Le LH Forum a eu lieu au Havre les 23 et 24 septembre 2021 autour de la thématique de l’eau et de l’économie bleue pour une dixième édition de cet événement dont le nom évolue en « LH2O » mais demeure « le rendez-vous des territoires positifs » et de l’économie positive.
« Depuis le 1 juin 2021, Haropa Port est opérationnel », a dit Stéphane Raison, directeur général de l’établissement unique, en introduction de la matinée du 24 septembre, rappelant les lancements de l’idée des axes en 2017 et de de la fusion des trois ports de Paris, Rouen, Le Havre en 2018, à chaque fois par Edouard Philippe, alors Premier ministre, redevenu maire du Havre depuis juillet 2020.
Selon Stéphane Raison, avec ces projets devenus réalités, il y a « l’idée d’une décarbonation des transports et d’un changement de la logistique à l’échelle de l’axe Seine, l’ambition de créer un système durable, moderne, compétitif au service des territoires ».
Pour Haropa Port, cela signifie « diminuer les consommations, le lancement de programmes sur le photovoltaïque, sur l’hydrogène, faire de la reconstruction du port sur le port, c’est-à-dire ne pas consommer d’espaces naturels supplémentaires mais réutiliser ceux existants ».
Les trois axes stratégiques de Haropa Port sont transition écologique, transition numérique, multimodalité.
Parmi les projets qui se concrétisent : le branchement des navires à quai pour la croisière en 2023-2024 à la Pointe de Floride, la poursuite du déploiement de bornes eau/électricité pour le fluvial le long de la vallée de la Seine (78 pour 2024). L’électrification des quais de Port 2000 pour le branchement des porte-conteneurs est aussi prévue avec un horizon de déploiement en 2028. C’est aussi le renouveau de l’industrie avec l’implantation d’une activité en lien avec l’éolien offshore avec l’entreprise Siemens Gamesa au port du Havre mais aussi la transformation des places portuaires en hubs pour l’écologie industrielle/économie circulaire ainsi que pour les nouveaux carburants (GNL, méthanol, ammoniac, hydrogène).
« Accélérer, simplifier et investir dans les infrastructures »
Une table-ronde, intitulée « et au milieu coule un fleuve », a rassemblé les maires Nicolas Mayer-Rossignol pour Rouen et Édouard Philippe pour Le Havre tandis qu’Anne Hidalgo pour Paris n’a finalement pas été présente.
Depuis la première édition du LH Forum, « des projets concrets ont vu le jour, la fusion des trois ports mais aussi les CPIER avec des investissements autour du ferroviaire qui ont conduit à la réalisation de Serqueux-Gisors », a relevé Nicolas Mayer-Rossignol.
Cet élu tire « trois enseignements » de la période écoulée : « Le besoin d’être unis à l’échelle de la vallée de la Seine pour porter des projets ensemble au niveau du territoire et non pas seulement des deux villes normandes. La lenteur d’avancée des projets, des procédures, des prises de décisions, par exemple pour les éoliennes, le premier appel d’offres date de 2009 et l’usine au Havre se construit seulement aujourd’hui. Il faut travailler à fortifier nos infrastructures portuaires, avancer sur la décarbonation, progresser sur la multimodalité. En résumé, accélérer, simplifier et investir dans les infrastructures ».
Inscrire la Seine dans une échelle géographique élargie
Edouard Philippe a indiqué son accord avec les propos de son homologue de Rouen, « ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour un axe Seine plus fort et plus dynamique ».
Comme point positif, selon lui, « la Seine elle-même, la qualité de l’eau, la diversité de la faune et de la flore ont été sauvées avec une mobilisation et des investissements depuis 15 ans » mais « si la structuration portuaire s’est accélérée, la mobilité ne s’est pas transformée dans le bon sens, la part modale du fret ferroviaire s’est écroulée et il y a une embolie automobile ».
Comme point de vigilance, il a noté : « Il faut veiller à parler à l’ensemble des citoyens, ne pas faire du projet Le Havre-Rouen-Paris un projet qui n’intéresserait que Le Havre-Rouen-Paris alors que c’est un projet pour le pays. Nous construisons une porte d’entrée et de sortie continentale, c’est un sujet d’intérêt national ».
Il a poursuivi : « La fusion des trois ports en un établissement unique avec une vision, une stratégie, une logique commerciale d’ensemble est une avancée pour les territoires. Nous avons ainsi fait le nécessaire à court et moyen terme pour que l’axe Seine soit la porte d’entrée de la grande région Ile-de-France. Ce n’est pas suffisant.
Ce qu’il reste à faire à l’avenir ? Il faut viser l’Europe continentale et devenir beaucoup plus compétitif sur une échelle géographique plus large. Cela passe par la conception, la construction, l’exploitation de lignes ferroviaires dédiées au fret qui doivent aller vers l’Est. Il s’agit d’inscrire l’axe Seine dans un axe Est-Ouest. Nous devons devenir le port de Prague, de Strasbourg, ce qui n’est pas le cas actuellement. Les nouvelles infrastructures accepteraient de ne pas passer par l’Ile-de-France, pourraient contourner cette région par le Nord ».
Le maire du Havre a conclu : « Il y a un sujet sur le fluvial avec les acteurs des ports et du mode. Il ne faut pas négliger de développer ce mode de transport très fortement sur l’axe Seine car il est précieux du point de vue écologique. Ensuite, si nous ne nous en occupons pas, nous allons en payer le prix de la concurrence que vont nous faire les pays d’Europe du Nord grâce au fleuve ».
Au cours du LH forum, le canal Seine-Nord Europe a aussi été évoqué, NPI en a publié un compte-rendu.
