Bilan annuel des transports 2022 : les chiffres pour le fret fluvial et les ports

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La lecture du « bilan annuel des transports 2022 » du SDES permet de prendre connaissance des données et indicateurs clés mode par mode. Au-delà des résultats des trafics, les données financières, par exemple pour VNF ou les grands ports maritimes, sont détaillées. Sans oublier les niveaux des émissions de gaz à effet du secteur des transports qui demeure à la première place des contributeurs. 

Le « bilan annuel des transports » pour l’année 2022 est paru à la mi-novembre 2023, élaboré par la sous-direction des statistiques des transports du Service des données et études statistiques (SDES), rattaché au ministère de la transition écologique. 

Chaque année, ce document présente un ensemble de données et indicateurs socio-économiques sur les transports en France. Il dresse un panorama des flux économiques, budgétaires et financiers de ce secteur mode par mode (marchandises et voyageurs), détaille et analyse le compte satellite des transports, la situation économique des entreprises, l’emploi, les salaires, les émissions polluantes, les accidents…

Qu’en est-il du fret fluvial ? « En 2022, le volume d’activité du transport fluvial de fret a régressé », indique ce document. Deux explications sont avancées pour expliquer cette situation :

  • « la mauvaise conjoncture générale sur les matières premières »,
  • « la sécheresse en France » l’an passé « qui a eu des conséquences négatives sur le trafic fluvial. Le niveau bas des eaux, notamment sur le Rhin et la Moselle, a rendu la circulation et le mouillage des bateaux difficiles ».

Avec 6,6 milliards de tonnes-kilomètres, le transport fluvial de marchandises diminue de -9,3% en 2022 après un rebond de 4% en 2021. « Il s’établit ainsi à un niveau inférieur à celui de 2020, année impactée par la crise de la Covid-19 », relève le document. En 2022, le transport national (-12,4 %) se contracte moins que l’international (-2,5%). Toutefois, sur cinq ans, le national apparaît « stable » (+0,1% en moyenne par an), contre -4,6% en moyenne pour l’international, soit une baisse totale de -2,6 %.

Le trafic fluvial par région. « Le trafic baisse fortement en Ile-de-France, Normandie, Grand Est et dans les Hauts-de-France », PACA affiche elle aussi une contraction mais moins importante. Il se trouve que ce sont « les 5 régions qui cumulent à elles seules près de 90 % du trafic fluvial de marchandises » :

  • Île-de-France (-12,4%),
  • Normandie (-14%),
  • Grand Est (-9,7%),
  • Hauts-de-France (-7,7%)
  • Provence-Alpes-Côte d'Azur (-3,7%).

Il faut toutefois noter : en moyenne annuelle sur cinq ans, les trafics de l’Île-de-France et de la Normandie sont en hausse (respectivement +1,2% et +2,1%), tandis que ceux de Grand Est (-4,4%), des Hauts-de-France (-1,1%) et PACA (-0,9%) diminuent.

Autre région avec un trafic fluvial « significatif », Auvergne-Rhône-Alpes affiche aussi une tendance négative (-6%) en 2022. Seule la région Bourgogne-Franche-Comté progresse de +2,2%. Sur cinq ans, ces deux régions voient leur trafic baisser respectivement de -4,4%, et -1,9% en moyenne par an.

Un point bas pour les matériaux de construction. Les résultats du transport fluvial en 2022 sont tirés vers le bas par une chute de la catégorie des matériaux de construction (-19,5%) mais aussi par le repli des marchandises diverses, principalement des minerais, tourbe et autres produits d’extraction (-16,7%). Les matériaux de construction représentent 17,9% du total en 2022.

A l’inverse, les produits agricoles et agroalimentaires (30,9% du total) augmentent de 4,4 %, tandis que les produits manufacturés (10,2% du total) rebondissent de 6% après avoir atteint leur plus bas niveau des dix dernières années.

« Une hausse inédite ». Selon le document, « les prix du transport fluvial sont très affectés par la hausse des prix du carburant et s’accroissent fortement en 2022 ». L’indice général (national et international) des prix du transport fluvial de fret augmente de 16,7 % en 2022 (après +2% en 2021). La progresion est de + 14,4 % pour le transport national. « Une hausse annuelle aussi forte est inédite dans ce secteur », dit le SDES. En ajoutant : « Sur la période 2017-2022, l’indice global est en légère hausse en moyenne annuelle (+ 3,9 %) ».

Les données financières de VNF. Avec 183 millions d’euros en 2022, le chiffre d’affaires de VNF augmente de +2,6% (après une hausse de +4,3% en 2021), dépassant ainsi son niveau d’avant la pandémie (+1,4% par rapport à 2019).

Le document détaille :

  • « Les consommations intermédiaires augmentent de nouveau (+4,6% en 2022 après +4,4% en 2021), impactant la valeur ajoutée qui se replie (-3% en 2022 après +4,2% en 2021) ».
  • « Les charges de personnel repartent à la hausse après quatre années de baisse (+3,1% en 2022 par rapport à - 0,7% en 2021). Elles contribuent ainsi de façon importante au repli de l’excédent brut d’exploitation (-10,1% en 2022 après +5,8% en 2021) ».

Dans la ligne de ce qui est prévu par le contrat d’objectifs et de performance (COP) signé le 30 avril 2021 entre l’établissement et l’Etat, 3 milliards d’euros doivent être consacrés aux infrastructures fluviales sur la période courant jusqu’en 2029 avec l’objectif à cet horizon de parvenir à un volume de fret transporté par voie fluviale augmenter de moitié par rapport à 2020, soit plus de 10 milliards de tonnes-kilomètres transportées, rappelle le document. 

Celui-ci constate : « Dans le cadre de ce contrat, les dotations attribuées à VNF ont doublé passant à 200 millions d’euros par an en 2021 et 2022. Ainsi, les investissements de VNF ont crû de 15,6 % en 2022 : 54,5% des investissements sont dédiés à la régénération du réseau, 19,4% à son développement, et 16,8% à sa modernisation ».

Au total, selon le document, les dépenses pour les voies navigables s’élèvent à 309,4 millions d'euros en 2022 dont 118,4 millions d'euros ont été consacrés à la régénération et à la modernisation du réseau fluvial.

Les données pour les Grands ports maritimes français

Qu’en est-il du trafic des GPM ? Le document du SDES fournit aussi les données pour les grands ports maritimes français (GPM) où en 2022, les quantités traitées dans ceux de métropole (Marseille, Dunkerque, Nantes, La Rochelle, Bordeaux, Le Havre, Rouen et Paris, ces trois derniers ports ayant fusionné le 1er juin 2021 pour former un établissement public unique Haropa Port) et dans ceux des Drom (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion) représentent 341 millions de tonnes, en hausse de +5% par rapport à 2021, année qui avait enregistré une progression de +4,3% par rapport à 2020. « Néanmoins, le niveau de 2022 reste inférieur de 5,2% à celui d’avant la crise sanitaire », relève le document.

Pour le SDES, deux facteurs ont joué un rôle essentiel dans la croissance du trafic maritime dans les ports français en 2022 :

  • la hausse des trafics de gaz naturel liquéfié (+65,4%) du fait de la maritimisation des importations de gaz naturel à la suite des sanctions économiques prononcées par l’Union européenne contre la Russie ;
  • l’augmentation des trafics de pétrole brut (+21,9%), en partie imputable au redémarrage de la raffinerie de Donges en 2022.

Envolée des vracs liquides. Bien évidemment, l’envolée du GNL profite aux ports disposant de terminaux méthaniers (Dunkerque, Marseille et Nantes Saint-Nazaire).

En 2022, c’est plus généralement toute la filière des vracs liquides, « très largement constituée d’hydrocarbures », qui apparaît comme la seule filière en croissance (+17%) dans les GPM. 

Les vracs solides à la peine. En 2022, les vracs solides se replient de - 4,3% par rapport à 2021. « La réduction des volumes de minerais échangés due à des difficultés économiques dans le secteur de la sidérurgie explique en partie cette situation ».

Pourt cette catégorie de marchandises, Dunkerque souffre particulièrement « avec une zone industrialo-portuaire qui concentre une importante part de la filière sidérurgique française » et des trafics de minerais qui compte pour un peu moins de 20% des trafics totaux du port.

Les céréales en progression. Le trafic total de céréales est en hausse de 10,4% par rapport à 2021 ; il augmente dans les ports Haropa (+12,6%), de Nantes Saint-Nazaire (+79,4%) et de La Rochelle (+21,7%).

Les conteneurs en repli. « Après une forte reprise entre le troisième trimestre 2020 et le deuxième trimestre 2021, l’année 2022 est marquée par un repli de -1,4% du volume de marchandises transitant par conteneurs dans les ports français ». Consolation : cette tendance négative « s’inscrit dans un repli généralisé (- 3,9 %) de la filière au niveau mondial ».

Haropa Port affiche le plus fort retrait pour les conteneurs (-4,8%) sachant qu’il « compte pour près de la moitié du trafic total national ». A l’inverse, à Dunkerque, les conteneurs ont battu un record en 2022.

Le roulier en baisse. Le trafic des rouliers transitant par les ports français diminue de -0,9% pour atteindre près de 69,9 millions de tonnes en 2022. Les volumes transitant par les ports de la façade maritime Manche Est -mer du Nord, qui concentrent à eux seuls près de 80 % du trafic roulier national, diminuent pour la cinquième année consécutive.

Les données financières des GPM. En 2022, la production des comptes des grands ports maritimes, qui sont sous la tutelle de l’État, a atteint 1,069 milliard d’euros, en progression de +9,7% par rapport à 2021. Elle dépasse son niveau de 2019 (+2,8%). Les quatre ports d’outre-mer contribuent pour plus d’un septième à cette production.

Malgré une hausse des consommations intermédiaires (+11,9%), la valeur ajoutée brute progresse (+8,8%), de même que l’excédent brut d’exploitation (+6,2%). La capacité d’autofinancement augmente de nouveau (294 millions d’euros en 2022) mais ne retrouve pas son niveau d’avant la crise (326 millions d’euros en 2019).

Les investissements croissent fortement en 2022 (+19,9%) pour la quatrième année consécutive. Ils atteignent 502 millions d’euros, soit le plus haut niveau depuis 2016 inclus. La dette financière s’élève à 656 millions d’euros en 2022, en augmentation de 5% après cinq années de baisse.

Gaz à effet de serre. En 2022, les émissions de gaz à effet de serre (GES) des transports augmentent de 2,3% par rapport à 2021, après une hausse de 12,4% entre 2020 et 2021. « Après les fortes restrictions de déplacements imposées en 2020 et début 2021 en raison de la pandémie de la Covid-19, les émissions de GES des transports retrouvent en 2022 un niveau légèrement inférieur à celui de l’année 2019 (- 2,9 %) », explique le document.

Avec 130,5 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2 éq), le secteur des transports reste le premier contributeur aux émissions de GES de la France (32 %). Les émissions de GES des transports proviennent essentiellement des voitures particulières (52%), des poids lourds (25%) et des véhicules utilitaires légers (15%).

« La Stratégie nationale bas-carbone, feuille de route de la France pour réduire les GES, prévoit une décarbonation totale des transports d’ici 2050. L’enjeu est considérable pour ce secteur dont les émissions de GES évoluent peu depuis 30 ans (+5,5% depuis 1990) ».

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