Améliorer la visibilité de tous les aspects de l’eau

Les Assises nationales du fleuve se déroulent à Rouen au 106. 

Crédit photo Clotilde Martin
Le changement climatique modifie les écosystèmes des fleuves, canaux et rivières, rebat les cartes de la gestion de l’eau dont les usages sont multiples et nécessaires à de nombreuses filières en plus de celle du transport fluvial. Retour sur quelques propos entendus lors des échanges au cours de la première matinée des Assises nationales du fleuve.

« La Seine, c’est un lieu et un lien », selon Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, président de la métropole Rouen Normandie, qui s’exprimait en ouverture des Assises nationales du fleuve le 3 octobre 2023 à Rouen. « Le récit du fluvial, du fleuve, ce n'est pas seulement économique et industriel ». 

Parmi les enjeux majeurs, il a évoqué la nécessité de travailler avec Le Havre, l’époque où les deux villes normandes se regardaient en chien de faïence étant révolue, et Paris, avec le lien qu’est le fleuve. C’est la raison d’être de l’Entente de l’axe Seine.

Favoriser la (ré)conciliation. Un autre enjeu est « philosophique : réconcilier l’écologie, l’économie et l’humain », la Seine peut jouer ici un rôle déterminant comme elle est déjà un lien existant. « Le fleuve est un lien magique pour arriver à faire travailler ensemble des acteurs publics et privés », estime ce responsable politique. Il s'agit de favoriser une (ré)conciliation autour du fleuve et de ses activités. Un point de vue également abordé par Carole Delga, présidente de la région Occitanie : « Toulouse a longtemps tourné le dos à la Garonne. Les habitants ont retrouvé le lien avec le fleuve qui n'est plus une menace. C'est pareil à Montpellier, à Bordeaux. Il y a une réconciliation avec les berges les quais. Le fleuve, c'est une question d'équilibre avec des politiques publiques sans position dogmatique, pour le vivre ensemble entre les activités de loisirs, industrielles »

« Le changement climatique a un fort impact sur l’écosystème de nos fleuves, canaux, rivières. L’eau, nous l’avons domptée, nous savons la gérer, c’est un instrument majeur pour lutter contre le changement climatique, une arme de protection massive. Avec ces Assises, il s’agit d’améliorer la visibilité du transport fluvial mais aussi de tous les aspects de l’eau : gestion, industriel, agricole, énergétique... La mutation de l’économie sous l’action du changement climatique va nécessiter davantage d’eau. Le futur de plusieurs filières économique va dépendre d’une bonne gestion de l’eau », a ensuite relevé, Didier Léandri, président délégué général, d’Entreprises fluviales de France (E2F), fédération organisatrise de la première édition de ces Assises, avec Ilago et le soutien de la métropole de Rouen.

Des usages variés. « Voies navigables de France est un opérateur de la régulation de l’eau, pour Thierry Guimbaud, directeur général de l’établissement et premier intervenant lors de la conférence plénière. Les ouvrages servent à la navigation, à l’alimentation en eau des villes, à des utilisations industrielles, à l’agriculture, à l’écologie, à la biodiversité… D’un gestionnaire d’infrastructure, VNF devient un opérateur de la transition écologique dans le domaine fluvial. On est bien au-delà de la navigation. La Seine, ce n’est pas un fleuve naturel, elle ne s’écoule pas naturellement. Pour assurer un niveau d’eau régulier et toutes les activités, il y a les Grands Lacs, des barrages. Il en va de même pour d’autres fleuves, le Rhône par exemple ».

Pas forcément moins d’eau, mais... EDF Hydro exploite 600 barrages et 500 usines, a précisé Emmanuelle Verger, deuxième intervenante de la conférence plénière. « L’hydroélectricité est la première source de production d’électricité d’origine renouvelable. Mais les barrages ont été pensés au-delà du besoin énergétique et permettent de nombreux usages de l’eau. Nous sommes un acteur de la résilience face au changement climatique qui provoque des précipitations avec des variations plus fortes, des saisonnalités plus marquées, des répartitions géographiques différentes. On n’a pas forcément moins d’eau mais les schémas ne sont plus les mêmes que ceux d’avant ». Il y a par exemple moins d’eau sous forme de neige, ce qui conduit à une nécessité accrue de stocker l’eau.

Sur la voie du +4°C. « Chez Cerema, on a décidé d’avoir le changement climatique optimiste », a indiqué Pascal Berteaud, directeur général de Cerema, juste après avoir confirmé que l’objectif de limiter la hausse des températures à +1,5°C est désormais illusoire. « On travaille sur +4°C en France. C’est une élévation qui nécessite une adaptation énorme. Nous sommes face à une crise structurelle majeure mais des solutions existent. Il faut juste comprendre que plus on attend pour agir, plus on s’y prendra au dernier moment, plus ce sera difficile voire source de catastrophes ou conflits. A-t-on aujourd’hui la volonté de lancer l’adaptation collectivement, d’investir ? La science propose des solutions mais il faut aussi se préparer à accepter une certaine impuissance devant certains phénomènes et des modes de fonctionnement dégradés ».

La bataille du carbone. « La Seine bénéficie d’un soutien de son étiage, ce qui est rare en Europe et facilite les activités sur le fleuve et dans les ports, a souligné Stéphane Raison, directeur général de Haropa Port. Pour l’établissement unifié, l’un des axes de travail est « le corridor vert » ce qui signifie « la transformation de la chaine logistique pour qu’elle soit plus verte. Nous sommes tous engagés dans la bataille contre le carbone ». Celle-ci passe par une accentuation du report modal vers les deux modes massifiés, qui n’est pas encore répandue dans les consciences de chacun en France à la différence de la situation dans les pays voisins du Range Nord européen. L’un des moyens pour davantage de report modal vers le fluvial passe les infrastructures, à commencer par l’accès fluvial direct à Port 2000 au Havre sont les travaux doivent commencer au début 2024.

L’autre axe de travail de Haropa Port porte sur la réindustrialisation. Selon Stéphane Raison, « les ports sont les lieux les plus opportuns pour relever ce défi avec du foncier disponible, des utilités en énergies et autres, des solutions de transport multimodal ».

Cette séquence d’introduction de l’événement s’est achevée sur une intervention en vidéo du ministre chargé des Transports, Clément Beaune : « Les Assises nationales du fleuve créent une véritable dynamique entre tous les acteurs du secteur. Les besoins sont immenses tant sur la préservation de la qualité de l’eau, la gestion hydraulique que sur la valorisation des potentiels des fleuves pour l’énergie et les transports. Les fleuves sont des axes historiques de développement et leur potentiel comme leurs apports sont plus que jamais d’actualité face aux défis vitaux liés au réchauffement et au dérèglement climatiques ».

 

Lire aussi

Sur les premières Assises nationales du fleuve, organisées par Ilago et Entreprises fluviales de France avec le soutien de la métropole Rouen Normandie les 3 et 4 octobre 2023 et qui ont réuni plus de 350 participants dans la cité normande : 

Trois lauréats pour l'appel à projets de GRDF sur le BioGNV/BioGNC 

Les banques s'intéressent-elles aux fleuves ? 

Il a été annoncé qu'une deuxième édition est prévu les 2 et 3 octobre 2024... dans une ville fluviale... dont le nom reste encore à dévoiler. 

 

Environnement

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15