La tour Wood Up du promoteur REI Habitat dans Paris se veut emblématique d’une construction écologique. Cette volonté a aussi concerné le transport des matériaux de construction, du bois, pour lequel le fluvial a été choisi, avec des camions au GNL pour la courte partie routière.
Livrer Paris en matériaux de construction est une habitude pour le transport fluvial quand il s’agit de sables et de graviers destinés à la fabrication de béton. C’est moins vrai pour le bois, qui n’est pas un matériau couramment transporté par bateau fluvial.
Mais la situation évolue avec des solutions de plus en plus adaptées sur l’axe Seine avec les actions conjuguées des différents acteurs concernés (Poulingue, VNF, Haropa Port, Sogestran).
Au départ, une volonté écologique pour une tour d'habitation
Construire des bâtiments en bois est assez rare à Paris. Surtout pour une construction de 17 étages, haute de 50 mètres, comme la tour Wood Up, en cours de construction par REI Habitat dans le 13 arrondissement de Paris.
Ce bâtiment de 132 logements doit être achevé fin 2023, se veut emblématique d’une construction écologique. Seuls les planchers sont en béton. Le reste de la structure est composé de bois, fourni par le charpentier Poulingue, situé à Beuzeville, près de Honfleur.
Les poteaux de hêtre, issus d’une forêt proche de Dieppe, ont été façonnés par Poulingue à Beuzeville. De là, 80 % d’entre eux, soit 240 m³, ont été acheminés par voie fluviale jusqu’au chantier de la tour Wood Up, situé à quelques mètres seulement du port parisien de Tolbiac.
« Nous avons choisi le transport fluvial pour pousser le curseur au maximum vers la décarbonation », précise REI. Les transports fluviaux ont débuté en juillet 2022 et la dernière livraison a eu lieu le 31 mars 2023.
Quelle a été la solution mise en place ?
« REI nous a lancé un défi : construire une tour en bois et la livrer au plus près du chantier, raconte Victor Fraboulet, chargé de projet chez Poulingue. Avec Haropa et Sogestran, nous avons mis sur pied une organisation qui peut servir à d’autres entreprises du secteur de la construction, avec une réduction de 41 % des émissions de CO2 sur la partie transport ».
- A la sortie du site de production de Poulingue à Beuzeville, les poteaux de hêtre ont été placés à bord des FlexiMalles, sortes de conteneurs flats imaginés par Sogestan pour le transport de pièces de charpentes, qui avaient déjà été utilisées pour le fabricant Cuiller Frères.
- Ces FlexiMalles ont rejoint le port de Rouen par la route, puis ont été chargées sur les lignes régulières de conteneurs de Logi Port Schuttle jusqu’à Gennevilliers. Paris Terminal a alors servi de hub pour aller chercher les éléments au fur et à mesure des besoins du chantier.
- De Gennevilliers au port de Tolbiac, c’est à bord du Zulu 3, bateau de Blue Line Logistics (groupe Sogestran), que les FlexiMalles ont été transportées au cours de 14 voyages.
Trois points clés à retenir
Gilles Peyrot, chef de projet multimodal de Sogestran Logistics, a précisé les points clés de la solution proposée :
- « Nous ne proposons pas seulement du fluvial, mais avant tout du transport car nous organisons la partie routière avec des camions GNL. Nous adaptons le fluvial pour faire en sorte que le client n’ait qu’une demande de transport à faire.
- Au-delà du transport, nous sommes aussi logisticien sur cette opération où le contenant, la FlexiMalle, s’avère décisif pour organiser les ruptures de charge. Cela permet de passer par les terminaux à conteneurs de façon standardisée, sans augmenter les coûts de manutention.
- De Gennevilliers à Paris, nous disposons avec le Zulu d’un petit bateau, très maniable et autodéchargeant, ce qui est décisif sur un quai urbain. Nous réinventons le fluvial en ramenant la logistique au cœur des espaces urbains ».
Une solution qui peut être reproduite
« Du fait de cette expérience, nous pouvons aussi mettre en avant le fluvial même pour répondre à des appels d’offres qui ne l’imposent pas. Car, au-delà de la technique, la logistique est de plus en plus importante dans ces chantiers urbains », conclut Victor Fraboulet, chargé de projet chez Poulingue.