« Une adhésion forte au plan de progrès » pour la relance du transport fluvial de conteneurs sur le Rhône

Entretien avec Cécile Avezard, directrice territoriale Rhône-Saône de Voies navigables de France. Elle revient sur le « plan de progrès » pour le transport fluvial de conteneurs, présenté lors du conseil de coordination interportuaire et logistique (CCIL) Rhône-Saône-Méditerranée le 1er décembre 2023.

Le « plan de progrès pour le trafic fluvial de conteneurs sur l’axe Rhône-Saône 2024 » a été élaboré par Cécile Avezard dans le cadre d’une mission qui lui a été confiée par la préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes, coordonnatrice de l’axe Rhône-Saône Fabienne Buccio.

Constat. « Dans un contexte de baisse préoccupante du transport fluvial de conteneurs sur l’axe, il s’agissait de voir comment enrayer le déclin, explorer toutes les pistes », explique la directrice Rhône-Saône de Voies navigables de France (VNF). Le document compte 5 pages et c’est un plan à court terme pour des résultats rapides, espérés dès 2024.

Priorité à l’offre. « Le contenu se veut complet pour un plan de progrès centré sur l’offre afin qu’elle soit plus visible, plus fiable, plus régulière et au meilleur coût », continue la responsable.

Elle insiste sur l’importance de « la fiabilité c’est-à-dire un respect des délais annoncés, un cadencement et une fréquence de l’offre plutôt que la rapidité ». C’est ce que demandent les chargeurs et les commissionnaires de transport ainsi qu’un coût maîtrisé.

Cela signifie concrètement une augmentation des escales avec un plan de transport prévisionnel permettant chaque jour ouvré une arrivée à Lyon Terminal mais aussi une optimisation du co-chargement entre transporteurs fluviaux pour garantir plus de fréquence.

Mobilisation. Le plan de progrès résulte de la mobilisation de nombreux acteurs qui en sont les partenaires dont les opérateurs de manutention des ports maritimes, les opérateurs des ports intérieurs, les armateurs maritimes, les transporteurs fluviaux, les commissionnaires de transport, les gestionnaires de réseaux d’infrastructures.

« Il y a une adhésion forte au plan de progrès de ces acteurs qui se sont mobilisés. L’ensemble des intervenants qui agissent sur le conteneur se sent concernés par la réussite de l’augmentation du report modal vers le fluvial, dit Cécile Avezard. Nous avons été cherchés des acteurs comme les transitaires qui se sont montrés très ouverts et motivés pour travailler à l’augmentation du report modal vers le fluvial. Il y a une volonté d’avancer qui répond aussi à une demande des chargeurs pour davantage de report modal ».

Indicateurs de performance. Le plan de progrès définit la mise en place d’indicateurs de performance (ou KPI’s en anglais) et prévoit leur diffusion. Ils sont au nombre de trois :

  • taux de fiabilité de la chaine logistique fluviale : c’est le respect du délai de livraison.
  • taux de disponibilité de l’infrastructure fluviale : c’est le nombre de jours sans difficulté sur le fleuve (pas de grève, pas d’arrêt pour travaux ou accident…).
  • taux de sûreté : c’est le pourcentage de de conteneurs transportés en fluvial sans vol, ni effraction.

Objectif de trafic. Le trafic fluvial de conteneurs a été de 68 500 EVP en 2022, il était de 103 000 EVP en 2015, soit une diminution de -35%. L’année 2023 ne sera pas celle d’un redressement.

En se fondant sur les études réalisées ces dernières années, le plan de progrès estime à « 400 000 EVP le marché techniquement et économiquement adressable sur l’axe par une solution fluviale ou ferroviaire pour le transport de conteneurs via Fos ».

Le niveau est actuellement à moins de 200 000 EVP par le fluvial et le ferroviaire, soit la moitié du marché potentiel, rappelle Cécile Avezard : « Il y a un potentiel de croissance pour les deux modes massifiés sans qu’ils se fassent concurrence. Il y a de la place pour une augmentation du report modal aussi bien par le rail que par la voie d’eau et non pas l’un au détriment de l’autre ».

Une première étape pour le transport fluvial de conteneurs serait déjà de renouer avec le niveau de 2015, soit 100 000 EVP.

Davantage de bateaux. Retrouver ce niveau suppose davantage de bateaux : « début 2024, nous aurons huit unités sur l’axe », dit la responsable de VNF, soit trois de plus comparativement à la fin 2022. Les huit unités représentent une capacité de 100 000 EVP.

L’Etat prévoit un soutien financer, dont le cadre reste à définir, pour faciliter encore, si besoin, l’augmentation de la flotte fluviale sur l’axe avec une unité supplémentaire. La CNR a confirmé son financement de 30% du coût de transfert d’un bateau supplémentaire sur le bassin Rhône-Saône.

Procédures douanières. Une majorité d’acteurs regrette toujours la disparition de la procédure fluvio-maritime et estime que les démarches douanières sont longues et compliquées. D’autres procédures pour faciliter les transferts sous douanes existent toutefois mais sont visiblement méconnues.

Les services des douanes se sont engagés à mieux communiquer sur les procédures disponibles auprès des acteurs (transitaires, commissionnaires de transport, armateurs maritimes, chargeurs) mais aussi à lever des freins qui existent dans les process avant le dédouanement.

L’axe compte deux services interrégionaux des douanes entre Lyon et Marseille : l’un d’entre eux va être choisi pour devenir une sorte de porte d’entrée unique pour les démarches concernant plus particulièrement les démarches douanières en lien avec le transport fluvial.

Promotion et formation. Le plan de progrès comprend également un volet de promotion du transport fluvial pour lequel Medlink Ports va être sollicité et recruter une personne dédiée. Des actions de formation au transport fluvial sont prévues à destination de personnes étant régulièrement en contact avec des entreprises qui constituent autant de chargeurs potentiels. Les personnes repérées sont des agents travaillant au sein des régions, des intercommunalités, des CCI.

Les commissionnaires de transport, les armateurs maritimes, les transitaires sont aussi d’accord pour que leur personnel soit formé au fluvial.

Manutention. La volonté affichée par l’Etat lors de la réunion du CCIL d’avancer sur le sujet du surcoût de la manutention fluviale ne fait pas partie du plan de progrès. C’est l’Etat qui va mener la concertation annoncée qui va sans doute être délicate à mener afin de lever les oppositions toujours fortes qui font achopper depuis de longues années les négociations. L’instauration d’une mutualisation des coûts de la manutention fluviale à Dunkerque Port n’a été possible qu’avec le poids de l’Etat dans la balance.

D’ici là, d’autres mesures autour de la manutention sont opérationnelles :

  • sur les terminaux maritimes de Marseille-Fos : mise en place d’une zone d’échange à l’export avec une convention d’aide en août 2023 entre Seayard, Eurofos, LogiPortsShuttle, Greenmodal, le GPMM et la CNR. Sachant que la démarche a été lancée pour la mise en place d’une zone d’échange à l’import.
  • à Lyon Terminal : une incitation tarifaire a été mise en place le 1er octobre 2023 pour 6 mois avec une diminution du coût de la manutention.

Lire aussi 

Les annonces à l'issue du CCIL Rhône-Saône-Méditerranée du 1er décembre 2023

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