Premier armateur à rejoindre, en avril 2022, l’association Medlink Ports de promotion du multimodal sur l’axe Rhône-Saône Méditerranée, Hapag Lloyd multiplie depuis quelques mois les engagements auprès des opérateurs ferroviaires et fluviaux. L’armateur allemand propose désormais trois services fluviaux et ferroviaires afin d’accompagner les chargeurs et les transitaires dans leur stratégie de « décarbonation ».
En décembre 2022, la compagnie maritime abondait au fond de cale du tout premier service fluvial hebdomadaire conteneurisé de Combronde en s’engageant sur un volume annuel de 4 000 EVP sur le Rhône. Opéré par Schmutz Transport Fluvial, la barge Zeus, d’une capacité de 108 EVP, relie Fos-sur-Mer à Loire-sur-Rhône au sud de Lyon.
Le Rhône et la Seine
« Nous invitons nos clients à tester cette ligne. Les importateurs, exportateurs sont demandeurs de solutions « vertes ». Quant aux opérateurs, ils prennent des risques et investissent pour développer l’activité. Pour Nestlé Waters à Vergèze, nous chargeons également à Lyon des conteneurs vides sur le fleuve, lesquels autrefois passaient par la route. Il faudrait augmenter les fréquences pour que le fluvial devienne une vraie alternative au transport routier », précise Claus Ellemann-Jensen, pdg d’Hapag Lloyd en France.
Il poursuit : « Nous avons débuté, à l’été 2022, aux côtés de Greenmodal Transport, un service fluvial entre Le Havre-Gennevilliers-Bonneuil-sur-Marne et des pré-post-acheminements ferroviaires entre Le Havre-Vierzon-Bordeaux. Nous prenons le développement multimodal très au sérieux avec comme objectif de transporter 10 % de nos volumes à l’import et à l’export sur les trois nouveaux produits ».
Claus Ellemann-Jensen, pdg d’Hapag Lloyd en France depuis décembre 2020, ancien patron national de Maersk Line, a pris ses fonctions en télétravail, contraint par les mesures induites par la crise sanitaire. Une période marquée par la flambée et la redescente des taux de fret maritime, la congestion portuaire, la désorganisation des supply-chain, les effets de la guerre en Ukraine, le manque de conducteurs routiers. Depuis le démarrage de la commercialisation de ces pré-post acheminements « verts », le contexte a évolué, les barges et wagons se remplissant plus difficilement qu’il y a quelques mois.
Les enjeux de la « décarbonation »
Après les années fastes, la période s’annonce plus complexe mais les enjeux de « décarbonation » doivent se poursuivre en dépit des aléas conjoncturels.
« Le marché ne répond pas comme nous le souhaiterions. Les importations sont en recul depuis huit mois et la tension sur la disponibilité des conducteurs routiers n’est plus aussi forte. Mais nous persévérons, notre stratégie multimodale demeure intacte », ajoute Claus Ellemann-Jensen.
Le responsable ne cache pas son inquiétude vis-à-vis du retour des mouvements sociaux contre la réforme des retraites. Après la journée du 26 janvier, la FNPD appelle à une nouvelle journée de mobilisation le 31 janvier avec un préavis de 24h de grève des ouvriers dockers.
« La marge de progression de la France en fluvial est importante »
Malgré le plan de relance du fret ferroviaire, les accords entre SNCF Réseau et Voies navigables de France, le report modal progresse très lentement.
« Face aux ports du Range Nord, la marge de progression de la France en fluvial est importante. Parfois, surtout au Havre, le passage portuaire est compliqué. Nous proposons des chargements directement sur notre terminal », complète-t-il, tout en se félicitant du prochain démarrage du chantier de l’accès fluvial direct à Port 2000 (quand les dernières étapes admnistratives auront été franchies suite à la fin du débat public courant janvier 2023, NDLR).
Hapag-Lloyd ne devrait pas en rester là, conclut Claus Ellemann-Jensen : « Notre ambition consiste à charger sur une barge électrique, toutes les nouvelles technologies sont les bienvenues. Nous sommes ouverts à d’autres projets. Nous regardons du côté de Dourges, un hub stratégique vers le Nord et Dunkerque ».