Vers une coopération entre les ports
Franck Dhersin a souligné que les ports du Havre et de Dunkerque n’ont que des avantages à tirer de SNE. « Une meilleure entente entre Haropa et Norlink Ports permettrait de récupérer des trafics plutôt que de les voir échapper à la France. Mais il faut que nos ports soient compétitifs ». Il a aussi cité Medlink Ports et la nécessité d’une coopération avec le bassin Rhône-Saône-Méditerranée et pas seulement entre les Hauts-de-France et la Normandie ou l’axe Seine. François Philizot, délégué interministériel au développement de la vallée de la Seine, a ajouté : « Il y a des pistes de coopération entre les ports de la mer du Nord et de la Manche. C’est une démarche nouvelle de structuration. Il s’agit d’éviter la concurrence entre les ports français alors qu’il y a déjà une concurrence avec les ports extérieurs ».
François Philizot a relevé que SNE « fait partie du paysage des infrastructures relativement proche et la stratégie consiste à préparer son arrivée ». Il s’agit notamment de « se donner dès aujourd’hui les moyens d’un nouveau développement du transport fluvial ». Ceci passe par le réseau et les grands projets d’infrastructures « pour tirer vers le haut la chaîne des ports et préserver la capacité d’emport du fluvial ». Il y a l’amélioration de la desserte fluviale de Port 2000 et la gestion des flux conteneurs au GPMH, le projet de Port Seine Métropole Ouest (PSMO) principalement situé sur la commune d’Achères, l’extension de la plateforme de Limay, l’aboutissement de l’effort de modernisation de tous les ouvrages sur la Seine. Un autre axe de travail est de consolider l’attractivité du transport fluvial avec le déploiement des SIF sur la Seine prévu cette année, d’améliorer l’offre fluviale filière par filière, de réduire les coûts par rapport à ceux du TRM, de mettre en place une approche interprofessionnelle. C’est d’ailleurs François Philizot qui a été désigné début juin par la ministre chargée des Transports, Élisabeth Borne, pour conduire une mission de préfiguration d’une interprofession fluviale.
« La gouvernance de la Société du canal Seine-Nord Europe (SCSNE) est installée et a trouvé son rythme de travail », a indiqué Jérôme Dezobry, membre du directoire. Créée par ordonnance du 21 avril 2016, la SCSNE est devenue maître d’ouvrage le 5 mai 2017, c’est-à-dire qu’elle est chargée de la construction de l’ouvrage qu’elle confiera ensuite à l’exploitant Voies navigables de France.
Une mise en service en 2027
Depuis le 3 octobre 2017, Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France, est le président du conseil de surveillance de la SCSNE. Le texte des statuts modifiés pour la régionalisation de cette société a fait l’objet d’un accord et sera intégré dans la loi d’orientation sur les mobilités. La vingtaine de personnes travaillant à la SCSNE va bientôt s’installer à Compiègne tout en conservant une antenne à Lille. La Commission européenne est devenue « invitée permanente » de cette société en mars 2018. La SCSNE est membre depuis mai 2018 du GEIE Seine-Escaut.
Concrètement sur le terrain, des sondages de sols ont commencé en avril 2018. Des avis de marché de maîtrise d'œuvre sont lancés par la société du canal SNE. Jérôme Dezobry a indiqué que « le tracé du canal est en préparation, c’est-à-dire les aménagement bord à canal ». Une réunion a eu lieu en avril pour échanger sur les aménagements des plateformes multimodales de Nesle et de Péronne. Des entreprises ont fait part de leurs attentes pour leur compétitivité, l’attractivité du territoire et les opportunités offertes par les aménagements du projet. D’autres réunions auront lieu. Le calendrier prévoit un premier coup de pioche en 2020 pour une mise en service en 2027.