Où en est le projet Seine-Nord Europe ?

Article réservé aux abonnés

L’assemblée générale annuelle de l’association Seine-Nord Europe le 5 juin 2018 a permis de faire le point sur ce projet de liaison à grand gabarit, partie française de la liaison Seine-Escaut. Le 5 juin 2018 à Paris, l’assemblée générale annuelle de l’Association Seine-Nord Europe (ASNE) a permis de faire le point sur la situation du projet de canal à grand gabarit Seine-Nord Europe (SNE) qui doit relier Compiègne, dans l'Oise, à Aubencheul-au-Bac, dans le Nord. C’est la partie française de la liaison fluviale Seine-Escaut qui doit relier le grand Bassin parisien aux pays du Nord de l’Europe. Pour Philippe Marini, président de l’ASNE, le projet s’est « bien sorti » de la « pause » annoncée par le gouvernement en juillet 2017 « grâce à la prise de conscience et à la mobilisation des acteurs concernés orchestrées par le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, et l’aboutissement à un point d’équilibre avec l’État ». Il reste beaucoup à faire, a poursuivi Philippe Marini, pour lequel les étapes suivantes sont au nombre de deux. La première concerne la loi d’orientation sur les mobilités « qui devra traiter sur le fond de la priorité de Seine-Nord Europe ». La deuxième porte sur le plan de financement « pour lequel il faudra être vigilant sur la loi de finances 2019 ». En effet, pour Philippe Marini, après la loi, il y aura une phase technique et financière qui peut être seulement confirmée par la loi de finances 2019. Le coût du projet atteint au total 4,5 Md€. L’Union européenne apporte un cofinancement de 1,8Md€. Les collectivités territoriales se sont engagées à verser 1 Md€ et à garantir l’emprunt de 770 M€ que va faire la société de projet. L’État français a demandé la mise en place « d’une taxe nationale à assise régionale » pour faire face aux annuités de remboursement de l’emprunt qu’il va devoir faire. Les négociations sont toujours en cours entre les collectivités et l’État sur cette ressource à créer pour le remboursement des annuités de l’emprunt. « Nous ne voulons pas d’une taxe régionale même si trois régions sont concernées. Le canal Seine-Nord Europe est un projet d’intérêt national et européen. Sur le financement et les recettes, un accord politique est là mais pour le concret, il faut attendre la loi d’orientation sur les mobilités », a indiqué Franck Dhersin, vice-président du conseil régional des Hauts-de-France chargé des transports et des infrastructures de transport. Jean-Louis Colson, chef d’unité « réseaux de transport » à la DG Move, a rappelé l’importance de la liaison Seine-Escaut pour l’Union européenne : c’est un projet transfrontalier, situé sur l’un des 9 corridors prioritaires, celui mer du Nord-Méditerranée. C’est un projet qui concerne la voie d’eau qui « est fondamentale en termes de report modal et dans le contexte du défi climatique ». Il a rappelé le soutien financier de l’UE au projet Seine-Escaut sur la partie française comme belge au cours des plans financiers passés ainsi que les possibilités offertes par le nouveau MIE 2021-2027. L’UE est le premier contributeur au projet Seine-Escaut avec un montant de 1,856 Md€. Il a conclu : « Le projet est un ouvrage porteur d’espoir et d’identité pour les territoires et l’Union européenne. Il a pris du retard, essayons de le rattraper au plus vite ». Franck Dhersin a ajouté : « Nous avons reçu des membres de la Commission européenne en mars qui font preuve de beaucoup de patience car SNE est l’infrastructure la plus importante pour l’UE ». Bruxelles maintient ses engagements malgré les atermoiements du gouvernement français.

Vers une coopération entre les ports

Franck Dhersin a souligné que les ports du Havre et de Dunkerque n’ont que des avantages à tirer de SNE. « Une meilleure entente entre Haropa et Norlink Ports permettrait de récupérer des trafics plutôt que de les voir échapper à la France. Mais il faut que nos ports soient compétitifs ». Il a aussi cité Medlink Ports et la nécessité d’une coopération avec le bassin Rhône-Saône-Méditerranée et pas seulement entre les Hauts-de-France et la Normandie ou l’axe Seine. François Philizot, délégué interministériel au développement de la vallée de la Seine, a ajouté : « Il y a des pistes de coopération entre les ports de la mer du Nord et de la Manche. C’est une démarche nouvelle de structuration. Il s’agit d’éviter la concurrence entre les ports français alors qu’il y a déjà une concurrence avec les ports extérieurs ».

François Philizot a relevé que SNE « fait partie du paysage des infrastructures relativement proche et la stratégie consiste à préparer son arrivée ». Il s’agit notamment de « se donner dès aujourd’hui les moyens d’un nouveau développement du transport fluvial ». Ceci passe par le réseau et les grands projets d’infrastructures « pour tirer vers le haut la chaîne des ports et préserver la capacité d’emport du fluvial ». Il y a l’amélioration de la desserte fluviale de Port 2000 et la gestion des flux conteneurs au GPMH, le projet de Port Seine Métropole Ouest (PSMO) principalement situé sur la commune d’Achères, l’extension de la plateforme de Limay, l’aboutissement de l’effort de modernisation de tous les ouvrages sur la Seine. Un autre axe de travail est de consolider l’attractivité du transport fluvial avec le déploiement des SIF sur la Seine prévu cette année, d’améliorer l’offre fluviale filière par filière, de réduire les coûts par rapport à ceux du TRM, de mettre en place une approche interprofessionnelle. C’est d’ailleurs François Philizot qui a été désigné début juin par la ministre chargée des Transports, Élisabeth Borne, pour conduire une mission de préfiguration d’une interprofession fluviale.

« La gouvernance de la Société du canal Seine-Nord Europe (SCSNE) est installée et a trouvé son rythme de travail », a indiqué Jérôme Dezobry, membre du directoire. Créée par ordonnance du 21 avril 2016, la SCSNE est devenue maître d’ouvrage le 5 mai 2017, c’est-à-dire qu’elle est chargée de la construction de l’ouvrage qu’elle confiera ensuite à l’exploitant Voies navigables de France.

Une mise en service en 2027

Depuis le 3 octobre 2017, Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France, est le président du conseil de surveillance de la SCSNE. Le texte des statuts modifiés pour la régionalisation de cette société a fait l’objet d’un accord et sera intégré dans la loi d’orientation sur les mobilités. La vingtaine de personnes travaillant à la SCSNE va bientôt s’installer à Compiègne tout en conservant une antenne à Lille. La Commission européenne est devenue « invitée permanente » de cette société en mars 2018. La SCSNE est membre depuis mai 2018 du GEIE Seine-Escaut.

Concrètement sur le terrain, des sondages de sols ont commencé en avril 2018. Des avis de marché de maîtrise d'œuvre sont lancés par la société du canal SNE. Jérôme Dezobry a indiqué que « le tracé du canal est en préparation, c’est-à-dire les aménagement bord à canal ». Une réunion a eu lieu en avril pour échanger sur les aménagements des plateformes multimodales de Nesle et de Péronne. Des entreprises ont fait part de leurs attentes pour leur compétitivité, l’attractivité du territoire et les opportunités offertes par les aménagements du projet. D’autres réunions auront lieu. Le calendrier prévoit un premier coup de pioche en 2020 pour une mise en service en 2027.

France

À la une

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15