Le fluvial revient à l’ordre du jour
Les raisons en sont : la saturation de circulation routière aux connexions portuaires, la volonté de s’inscrire dans le transition énergétique, la capacité du fluvial de s’intégrer dans les chaînes logistiques conteneurisées mondiales, l’impraticabilité des autres modes pour les colis lourds répétitifs, la sécurité du transport fluvial pour les produits chimiques dangereux, la polyvalence de la voie d’eau pour l’alimentation en eau, humaine, agricole, pour les loisirs. Le retour à la mode du fluvial ne sera toutefois réel que sous conditions, a continué Jacques Trorial. Celles-ci sont : une maintenance rigoureuse du réseau navigable existant, une liaison assurée avec les ports maritimes (au Havre, la chatière « enfin », à Fos, le canal direct entre 2XL et le Rhône), une coopération renforcée entre les ports maritimes et intérieurs, une insertion totale dans les procédures douanières et informatiques, une transition des moteurs fluviaux vers le GNL, la péréquation des coûts de manutention, la liaison Seine-Nord Europe « pour que le réseau fluvial ouest-européen, y compris français, s’inscrive dans le quadrilatère majeur Le Havre-Dunkerque-Anvers-Rotterdam-Seine-Escaut-Moselle-Rhin ».
Pour illustrer le thème « Quels développement économique et aménagement du territoire attendre des voies navigables », Lionel Le Maire, directeur des transports du groupe Soufflet a expliqué : « Notre philosophie est de faire du transport fluvial partout où c’est logique en complément du ferroviaire. Nous avons besoin de solution de transport massifié efficace dans le contexte de déficit de conducteurs de poids lourds. L’investissement dans les infrastructures est un élément essentiel du maintien du transport fluvial : il faudrait sanctuariser les budgets de maintenance de Voies navigables de France (VNF) ». Il a rappelé l’importance du projet de liaison Bray-Nogent pour le groupe, acteur majeur de la filière céréalière, et appelé à une réflexion pour « soutenir la batellerie et le pavillon français ».
Vers une nouvelle gouvernance des ports
La dernière partie de la réunion a été consacrée à la nouvelle gouvernance des ports de Moselle suite à l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) lancé en décembre 2017 par VNF en partenariat avec la région Grand Est. Les contrats de concession des 4 ports publics (Nancy-Frouard, Nouveau Port de Metz, Metz-Mazerolle et Thionville-Illange) arrivent à échéance le 31/12/2018. Jusqu’à cette date, le mode de gouvernance associe au sein de concessions VNF et les chambres de commerce et d’industrie des départements concernés.
La nouvelle gouvernance s’organise autour d’un syndicat mixte ouvert (SMO) et d’une société d’économie mixte à opération unique (Semop). Le SMO est un établissement public réunissant notamment VNF, la région, des collectivités territoriales…, c’est l’autorité concédante qui doit trouver un exploitant. Pour cela, il sélectionne un ou plusieurs acteurs privés pour créer avec lui une Semop. Puis celle-ci se voit confiée par la SMO l’exploitation et la gestion portuaire, associant dans son capital un ou plusieurs opérateurs économiques privés, tels des logisticiens, des industriels…
Six mois après le lancement de l’AMI, la construction de la nouvelle gouvernance a avancé. Le périmètre du SMO va concerner les 4 ports publics et les 5 ports privés de Toul, Belleville, Maxéville, Cattenom et Kœnigsmacker. Le choix de l’opérateur a progressé. François Pelissier, président de la CCI métropolitaine 54, a révélé : « Nous avons monté un consortium qui compte aujourd’hui : Europort, Rhenus Logistics, les ports d’Anvers et de Zeebrugge, UCA, GCA, SE3M, les chemins de fer du Luxembourg. D’autres sont présents mais souhaitent pour l’instant que leur participation reste confidentielle ». Tous ces acteurs privés font partie de la Semop. « Après des années de travail, nous arrivons à la réalisation concrète de la nouvelle gouvernance des ports de Moselle, a souligné François Pelissier. Cela va nous permettre de partir à la recherche de nouveaux marchés, de proposer un hinterland attractif aux plateformes, de re-dynamiser l’activité fluviale sur la Moselle. Nous sommes en train de constituer une offre exemplaire de services à valeur ajoutées sur le sillon lorrain ».
En conclusion, André Rossinot a déclaré : « Nous sommes un territoire entre Rhin et Moselle qui s’ouvrira un jour vers la Seine, la Saône, le Rhône. La chance du sillon lorrain est d’être sur un corridor européen. Nous devons être actif dans les mois qui viennent. Nous allons réaliser un document de synthèse des échanges d’aujourd’hui avec lequel nous allons partir à la rencontre des parlementaires, de l’Union européenne, des partenaires économiques, des citoyens et les convaincre de la pertinence de nos projets et revendications ».