Plusieurs organisations représentatives de la profession fluviale au niveau européen ont annoncé en juin 2021 le lancement d’études sur « les facteurs humains dans les accidents de la navigation intérieure ».
Il s’agit de l’European Barge Union (EBU ou UENF pour union européenne de la navigation fluviale) de l’OEB/ESO (organisation européenne des bateliers), de l’European Inland Waterway Transport (IWT) Platform, et de l’IVR (association internationale pour la sauvegarde des intérêts communs de la navigation intérieure européenne et de l’assurance).
Les études à venir ont pour objectif « de contribuer à la prévention et à la réduction des accidents dans la navigation intérieure ». Elles peuvent servir à élaborer des réponses adaptées sans avoir forcément besoin de mettre en place de nouvelles règlementations, ce qui est souvent le réflexe premier après tout accident ou incident.
Selon ces organisations, « les données montrent qu’un facteur humain est la principale cause d’un grand nombre d’accidents en navigation intérieure », selon une première analyse.
Celle-ci menée en 2020 sous l’impulsion d’IWT, de l’IVR et du ministère néerlandais chargé des infrastructures a permis d’identifier comme principales causes d’accident de navigation intérieure :
Le facteur humain avec un rôle déterminant dans 70 à 80 % des cas.
Les interactions à l’intérieur de la timonerie où la communication joue un rôle dans 40 % des cas. D’autres déterminants cruciaux sont l’heure de la journée et une mauvaise interface homme-machine.
L’organisation à bord des bateaux de navigation intérieure.
Les particularités des infrastructures et autres facteurs extérieurs.
En partant de cette première analyse, une étude va être menée « sur les facteurs humains et les causes profondes des accidents en navigation intérieure ».
Les erreurs sont humaines, rappellent les organisations et « c’est normal », mais si elles restent ignorées, par exemple dissimulées derrière d’autres facteurs (organisationnels ou techniques), le risque ne peut pas diminuer et d’autres accidents ou incidents peuvent se reproduire. « Il est donc nécessaire de mieux comprendre comment et pourquoi tout se passe bien à bord mais aussi comment et pourquoi, parfois, les situations peuvent vraiment mal tourner ».
Des recommandations
Cette étude va être réalisée en deux parties. La première va se pencher sur « l’interface homme-machine dans la timonerie ». Aujourd’hui, ce genre d’interface est peu utilisé en navigation intérieure, toutefois, « il faut tenir compte non seulement de la situation actuelle mais aussi des évolutions à venir en ce qui concerne le niveau et le nombre d’informations ainsi que de l’automatisation dans la timonerie ».
Il s’agit de mieux comprendre ce qui se passe dans la timonerie et quand, pourquoi cela ne va pas et quelles sont les causes sous-jacentes des problèmes notamment concernant les interactions entre un être humain et une machine. « Les résultats de cette première partie de l’étude seront des recommandations fondées sur des preuves pour une interface homme-machine sûre et une conception de timonerie ».
La deuxième partie de l’étude va consister en une enquête approfondie sur 4 causes courantes d’accidents : communication, fatigue et stress, spécificités des voies d’eau ou des situations, qualification des membres d’équipage.
La principale question de recherche posée ici est : « Comment améliorer les futurs contenus de formation à la fois pour les jeunes stagiaires et pour les membres d’équipage déjà expérimentés ? ».
« Les résultats seront des recommandations et des lignes directrices sur les mesures organisationnelles préventives prenant en compte des facteurs humains variés ».
Au-delà d’une contribution à la réduction et à la prévention des accidents dans la navigation intérieure, les organisations indiquent que « l’ensemble du travail conduit améliorera l’image du fluvial en tant que mode de transport sûr ».