Pour Cérévia, « le fluvial, c’est carré ! »

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Cerevia a récolté 2 millions de tonnes de céréales lors de la campagne 2021-2022, dont 40 % ont transité par barge sur l’axe Saône-Rhône à la rencontre des navires de mer pour le grand export. Un article extrait du dossier spécial « axe Rhône-Saône-Méditerranée » du magazine octobre-novembre-décembre 2022 de NPI.

Priorité au marché français ! Chez Cerevia, qui fédère Dijon Céréales, la coopérative Bourgogne du Sud, Terre comtoise, Terre d’Alliance et la coopérative Dauphinoise, les céréales sont destinées, avant tout, au marché local, national, seul le surplus est exporté. Les moissons ont débuté en juillet 2021 avec de belles qualités de blé. « La campagne 2021-22 s’est achevée le 30 juin avec 2 millions de tonnes de céréales, en léger retrait du fait du faible rendement du maïs et du blé, dans une moindre mesure. Le blé concentre à lui seul un million de tonnes, les orges 20%, le maïs 20% et les oléagineux 10%. Nous donnons la priorité au marché local. Les exportations de céréales ont baissé de 10%. Compte tenu de la guerre russo-ukrainienne les acheteurs demeurent prudents. Le marché est soumis aux déclarations de Vladimir Poutine ! Nous avons acheminé 350000 t sur le fleuve à destination de Port-Saint-Louis du Rhône où se trouve notre terminal dédié à l’export », explique Philippe Tessier, responsable logistique de Cerevia.

Le fluvial plutôt que le fer

Pour approvisionner l’imposant silo de 60000 to exploité par la société d’exploitation de Port Tellines (SEPT), Cerevia fait appel indistinctement aux armateurs ACN, CFT et Afflux. « Ils possèdent des cales de 1750 tonnes à 3200 tonnes. Le fluvial est un mode de transport carré, professionnel car avant les chargements les relevés des trois derniers chargements nous sont transmis. Les cales sont lavées et pour certaines au savon bio, ils respectent les cahiers des charges et les tonnages. En fonction des besoins du silo et du préavis des clients, je sollicite les trois affréteurs à la recherche d’une cale disponible sur la Saône, le Rhône en fonction des besoins des coopératives pour vider leurs silos et des besoins de Fos-sur-Mer pour charger les navires de mer », détaille le responsable logistique.

L’export céréalier a débuté à la SEPT mi-juillet 2022 dans un contexte international et climatiques particulier qui met en lumière le rôle central des acteurs agricoles et de la logistique.

« A la suite de la décision, intervenue il y a trois ans, de SNCF Réseau de fermer la ligne Verdun-sur le Doubs-Châlon en raison d’un pont qui n’était plus aux normes, pour la coopérative Bourgogne du Sud, le blé et le maïs ont été déroutés vers Fos, nous avons fait davantage de fluvial », a ajouté le responsable logistique. Au total, une cinquantaine de bateaux a descendu la Saône, le Rhône sur quatre mois seulement, notamment au départ de Pagny où se trouve le silo de Dijon Céréales.

Après un navire pour l’Italie, l’export de cette nouvelle récolte a été dynamique avec 65000 t de blé chargées sur deux navires à destination de l’Algérie. « Pour charger un navire, il faut faire descendre 13 péniches », précise Philippe Tessier qui annonce un quatrième trimestre plutôt calme sur le fleuve.

Sans surprise, Cerevia a dû absorber les surcoûts de gazole. « Nous avons payé jusqu’à 2,5 euros de plus la tonne de surcharge carburant », indique le responsable logistique. Si la « décarbonation » des bateaux n’est pas encore à l’ordre du jour, Cerevia s’intéresse au projet d’Europorte de faire rouler ses locomotives à l’Oléo 100 avec du colza sur Rouen et de l’électricité verte à Fos. « Nous avons quatre trains par semaine qui partent de nos coopératives céréalières vers les ports de Rouen et de Fos », complète-t-il.

Deux événements majeurs ont ponctué l’activité de la SEPT avec le départ à la retraite fin juin 2022 de son directeur Emmanuel Haugazeau. Désormais le terminal céréalier est aux mains de Patrick Brocart. Autre point important, l’ensemble de l’outillage appartient à Cérévia depuis fin 2021. La SEPT fédère la SCI Les Tellines pour les outillages et Cap Tellines pour les installations portuaires. Dans le cadre de la renégociation avec le manutentionnaire Carfos, deux contrats ont été signés, le premier portant sur la prolongation de la maintenance des outillages et le deuxième concerne la révision du contrat de manutention avec la SEPT avec des shifts commandés à l’arrivée des navires.

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