La société ferroviaire suisse Hafenbahn Schweiz AG a mis en service, fin août 2020, une liaison de 900 mètres reliant les deux bassins Sud du port de Bâle, (Auhafen Muttenz et Birsfelden), au site industriel « Schweizerhalle » à la gare de triage de Muttenz. La nouvelle ligne assure la liaison du port de Bâle au Nord de la Suisse avec la transversale ferroviaire intra-européenne Nord-Sud, l’un des principaux axes ferroviaires d’Europe. Cette transversale Nord-Sud relie le port de Rotterdam à Gênes en Italie.
Le projet, lancé voici trois ans, a nécessité un investissement de 35 millions de francs suisses (32,5 millions d’euros), financé largement par l’Office fédéral suisse des transports. La nouvelle liaison, controversée, est présentée comme « un chef d’œuvre de l’ingénierie suisse », du fait de sa complexité technique. Elle a notamment nécessité la construction d’un tunnel à la hauteur de la nappe phréatique, obligeant à bâtir deux tronçons en caisson.
La Suisse, qui entend réduire considérablement le transit par la route, mise sur le ferroviaire et le fluvial pour assurer sa logistique. La nouvelle liaison entre le Rhin et le réseau ferré européen simplifie considérablement les flux d’importation et d’exportation à travers la Confédération.
Plus de 15 % du commerce extérieur de la Suisse et 130 000 conteneurs par an transitent par le port de Bâle, qui assure entre 30 et 40 % des besoins en hydrocarbures du pays. D’une surface de 1,3 millions de km2 et disposant de 7 km de quais, il peut manutentionner 15 millions de tonnes de marchandises par an.
Un référendum sur le projet « Gateway Basel Nord »
Le port de Bâle est, depuis des années, au centre d’un violent conflit entre les défenseurs de l’environnement et les autorités, qui cherchent à développer l’infrastructure. La construction d’un troisième bassin relié au réseau ferré et à l’autoroute, le projet « Gateway Basel Nord », est au cœur du débat. Il doit permettre de tripler la capacité de débordement de conteneurs. « La construction du bassin permettrait d’avoir enfin de la place pour les conteneurs », explique Holger Bochow, le patron de Contargo, obligé, pour l’heure, d’entasser les boîtes à ciel ouvert sur les quais du port numéro 2. « Cela signifierait la fin de l’inefficacité actuelle et des infrastructures obsolètes. On pourrait même remplacer le grutier par une gestion informatique du transbordement ». Le bassin pourrait trouver sa place, à terme, sur l’équivalent de deux terrains de football de friche, en bordure de la ville, sur le Rhin.
Le projet de 240 millions de francs suisses (222 millions d’euros), qui doit tripler la capacité du port, est suspendu à un référendum populaire prévu pour novembre 2020. Adeptes comme adversaires du projet justifient leur position par la nécessité de défendre l’environnement. Pour la municipalité, en développant les moyens de transports « propres », pour les autres, en laissant les lieux naturels tels qu’ils sont.