Un concours pour recruter un nouveau pilote
« Nous allons avoir un concours afin de recruter un nouveau pilote. Il est important de souligner que la phase de formation dure 5 ans, soit environ 1 200 opérations de pilotage », explique Laurent Letty. Les candidats doivent justifier de 72 mois de navigation et d’un brevet de capitaine illimité, permettant de commander tous les types de navires. Dans un premier temps, le pilote qui entre en Seine intervient sur des navires de petite taille, avec une longueur maximale de 100 m et un tirant d’eau d’environ 5,50 m. Au fil de l’expérience et de la compétence accumulée, il va « monter en stage » sur des unités plus grandes et ne plus avoir de limitation de taille, ni de tirant d’eau, au terme des 5 années de formation. « Nous exerçons un métier où il y a énormément de transmission entre les pilotes d’expérience et les nouveaux. Il y a beaucoup d’oralité chez nous, car les navires n’ont pas toujours le même comportement, les conditions de navigation en Seine changent, les marées ne sont jamais complètement les mêmes. Chaque opération de pilotage est unique. Dans notre station, nous travaillons beaucoup sur le retour d’expérience, à la fois écrit et oral ».
Recentrer sur le service aux navires de mer
Au cours de son mandat, Laurent Letty souhaite recentrer le pilotage sur le service aux navires de mer. Jusqu’en 2017, les pilotes de Seine intervenaient également sur les paquebots fluviaux, de Rouen jusqu’à Honfleur, pendant la saison des croisières fluviales qui va de mars à fin octobre. La législation a évolué avec l’instauration d’une licence de patron-pilote pour les capitaines des paquebots fluviaux. La station de pilotage de la Seine participe à la formation ainsi qu’à l’examen permettant l’obtention de cette nouvelle licence. Désormais déchargée du pilotage de ces unités, la station va se recentrer sur le service aux navires de mer, son cœur de métier.
« C’est une nécessité pour la station de la Seine, estime Laurent Letty. Notamment en raison de la fin du programme d’amélioration des accès maritimes du port de Rouen. Le gain d’un mètre de tirant d’eau représente un défi majeur avec des navires chargeant davantage de marchandise et des clairs sous quille plus faibles. Ces navires vont demander une attention particulière et nous allons devoir valider les montées et descentes faites sur simulateur. Les premiers navires prendront deux pilotes à bord ».
Catherine Cornu, première femme à la tête d’un syndicat de pilotage français, a repris le pilotage « en stage limité », sur des petits navires, avant remontrer progressivement en stage pour arriver à tous les tirants d’eau. Son retour sur la passerelle a précédé l’arrivée des grands voiliers de l’Armada de Rouen en juin 2019. « La présidence de la station m’a permis de découvrir une autre facette de notre métier, notamment tout ce qui concerne la gestion administrative. C’est un investissement très important avec de nombreux dossiers à gérer ».
Le « pilotage de la Seine » est issu de l’ancienne station de Quillebeuf. Son rapprochement avec les stations de Villequier (1948), de Honfleur (1958), de Dieppe (1976) et de Caen (1991), aboutit à la structure actuelle. L’étendue géographique de la station nécessite expertise et expérience afin de sécuriser et dynamiser les trafics sur l’axe Seine. Cette diversité assure aux 52 pilotes un champ d’action inégalé. Une de ses particularités repose sur la présence de « pilotes majors », qui assurent un lien direct avec les clients du port de Rouen. Ils apportent leur expertise sur la régulation des navires en Seine, en fonction des marées, des courants et des sondes en rivière.