«Après une année 2018 fortement déstabilisée par les grèves, il a fallu travailler auprès des clients pour leur redonner confiance. 2019 a été une année plutôt stable, de remise aux normes, de redéploiement de nouveaux projets, puis tout a été mis à mal avec les grèves en décembre. On sort d’une période très difficile, l’activité rail de T3M a été à l’arrêt pendant une semaine, le coût a été très élevé. TAB a permis d’assurer le service, de préserver notre fonds de commerce », explique Jean-Claude Brunier, pdg du groupe Open Modal.
Ce groupe comprend les sociétés TAB, spécialisée dans le combiné rail-route pour les pré et post-acheminements routiers, T3M, opérateur de transport combiné, Open Rail, entreprise ferroviaire. Les poids lourds de TAB fonctionnent au gaz naturel comprimé, ce qui signifie l’absence d’émissions polluantes et de particules ainsi qu’une réduction du bruit. La partie rail effectuée par T3M est, elle aussi, respectueuse de l’environnement, le transport ferroviaire n’émettant pas de CO2 ni de particules fines ni d’oxyde d’azote.
Open Rail, ex-Ferrivia placée en redressement judiciaire car en grande difficulté suite aux mouvements sociaux à la SNCF du printemps 2018, reprise en mars 2019 en association avec le groupe Combronde et la société Sécurail, « nous permet d’être présent sur l’ensemble de la chaîne du transport combiné, de fournir un haut niveau de qualité de service et de maîtriser la productivité », précise Jean-Claude Brunier.
Après la reprise d’Open Rail, la première étape a été d’obtenir une licence ferroviaire et un certificat de sécurité, ce qui a été fait mi-juin 2019, et valable au niveau français et européen. Sécurail, qui portait, avant la reprise, la licence et le certificat de sécurité de Ferrivia, a permis une continuité de service sans interruption jusqu’à l’obtention des nouveaux documents. « Nous avons mis en œuvre le plan de marche déposé auprès du tribunal de commerce. La grève en décembre 2019 a fortement perturbé ce plan. L’activité d’Open Rail est du transport combiné de conteneurs maritimes, il y a eu une double peine avec les opérations ports morts à Fos en janvier 2020 ». Cette année, une fois que les difficultés liées à décembre et janvier seront dépassées, l’objectif est de développer l’activité d’Open Rail, en augmentant les fréquences. En 2021, l’entreprise commencera à tirer des trains pour T3M, ce qui pourra marquer son retour à une situation positive sur le plan économique.
L’intérêt des trains longs
Parmi les autres projets du groupe, en mai et juin 2019, les essais de trains de long entre Lille et le terminal de Valenton, réalisés par T3M avec SNCF Réseau, les Ports de Lille et l’entreprise ferroviaire ECR, ont été positifs. « Les trains longs de 850 mètres sont importants pour la compétitivité, ils permettent une baisse des charges fixes, la capacité augmente de 10 à 15 % ». Un train long de 850 mètres avec 27 wagons emporte 66 UTI au lieu de 60 pour un train de 750 mètres. Il s’agit désormais de trouver les chargeurs pour ces trains longs au départ de Lille avec l’objectif de les relier à ceux circulant déjà quotidiennement vers le Sud Est et le Sud Ouest. « Il y a un potentiel de développement important pour le transport combiné rail-route dans les Hauts-de-France ». Sans oublier que des trains de 750 mètres relient déjà quotidiennement Lille à l’Ile-de-France puis Bordeaux, Mouguerre, Toulouse, Avignon, Marseille.
Jean-Claude Brunier conclut : « Nous avons vécu des situations contrastées en 2018 et 2019. Actuellement, il faut rassurer les clients fidèles, convaincre et gagner la confiance de nouveaux, stabiliser l’activité et pouvoir travailler sereinement sans perturbation au développement de nouveaux projets. Nous savons faire un transport vertueux, décarboné et durable. La demande des clients est bien là. La tendance est lourde vers une mutation des transports, nous sommes en train de la faire après en avoir parlé depuis longtemps ».
