Emmanuel Macron : « Oui, Seine-Nord Europe est irréversible »

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Lors de sa venue à Nesle le 22 novembre 2019, Emmanuel Macron, président de la République, a confirmé l’engagement de l’Etat par rapport à Seine-Nord Europe et a affirmé le caractère irréversible du projet lors d’une conférence de presse. Il a aussi souligné les atouts écologiques du fluvial comparativement à la route. En fin d’après-midi du 22 novembre 2019, à Nesle dans la Somme, Emmanuel Macron, président de la République, a confirmé l’engagement de l’Etat par rapport à Seine-Nord Europe et a affirmé le caractère irréversible du projet, lors d’une conférence de presse qui clôturait aussi son déplacement de deux jours dans la Somme. « Oui, l’étape historique franchie aujourd’hui rend Seine-Nord Europe irréversible, a déclaré Emmanuel Macron, président de la République, lors de cette conférence de presse, en réponse à une question d’un journaliste. Par rapport à tout ce qui s’est passé précédemment, la vraie différence, aujourd’hui, est la signature de la convention de financement entre toutes les parties prenantes. Elle est fondamentale parce qu’elle acte que chacun met l’argent au pot. Ce document d’engagement n’existait pas jusqu’alors. La région et les départements mettent 1,1 milliard d’euros, l’Etat met 1,1 milliard d’euros, l’Union européenne met 2 milliards, et la structure de projet est constituée avec, aussi, le montage particulier pour les 700 à 900 millions d’euros restant. Donc le financement est bouclé, les parties prenantes de son financement se sont engagées, elles ont signé la convention. C’est ça l’élément fondateur d’aujourd’hui. Le deuxième élément est que le comité stratégique a tenu sa première réunion et il a été aussi acté aujourd’hui le transfert et la régionalisation de la société de projet qui se fera d’ici le 1er avril 2020. Voilà, il n’y a pas eu de première pierre aujourd’hui, il n’y a pas d’élément physique. Il y a simplement, enfin, la finalisation d’une structure de financement. Je sais que beaucoup aurait voulu que cela soit fait beaucoup plus tôt. Mais, maintenant, en tout cas, c’est fait, on y est. Par cet acte, c’est irréversible. Après, est ce que cela va être facile ? Non, c’est pour cela qu’on va continuer à se battre, parce qu’on va avancer, il y aura une responsabilité de chacun. Le préfet de région a rappelé que l’Etat est au rendez-vous, le président de région a rappelé tout l’engagement de la région, des départements, des communes. Mais il y aura des moments difficiles, comme pour tout grand projet dans notre pays aujourd’hui. Mais nous continuerons à être là, à convaincre et à avancer. Je peux vous dire que c’est une étape historique qui est franchie aujourd’hui, que cette étape historique rend le projet irréversible. Au-delà de cette étape historique, les autres étapes et la scansion dans le temps, nous trouverons aussi au rendez-vous ».

Régionalisation de la société de projet le 1er avril 2020

Avant de confirmer que Seine-Nord Europe est désormais irréversible, Emmanuel Macron avait déclaré : « La signature de la convention de financement et la première réunion du comité stratégique a été un moment fort, émouvant pour beaucoup des élus comme des fonctionnaires présents et un moment historique dans l’aventure, dans l’odyssée du canal Seine-Nord. C’est l’aboutissement de plusieurs décennies d’engagement venant de la région, de beaucoup d’élus porté contre toutes les formes d’adversité et la conclusion d’un accord qui permet à ce projet, d’environ 5 milliards d’euros, d’aboutir avec la mobilisation de la région, des départements, de l’Etat, de l’Union européenne, et d’un montage qui permet par le biais d’un prélèvement inédit et d’une structuration innovante de finaliser ce projet. L’Etat sera au rendez-vous de ses engagements mais aussi l’ensemble des collectivités ».

Il a indiqué que la société de projet sera régionalisée d’ici le 1er avril 2020, pourra emprunter, déduire la TVA de ses achats par un rescrit fiscal. Des informations qui avaient déjà été précisées lors de l’annonce de l’accord entre l’Etat et les collectivités le 4 octobre 2019 (voir notre article). Il a souligné que c’est la première fois que l’Etat délègue à une structure régionale la réalisation d’un projet d’une telle ampleur, conséquence de la mobilisation de la région, les départements, les élus, etc. Il a aussi mis en avant la participation financière de la région Ile-de-France au projet. 

« Transporter des marchandises par voie fluviale »

« Seine-Nord est un projet structurant pour la région mais plus largement pour notre pays et pour l’Europe. Si l’Europe investit 2 milliards d’euros, c’est précisément parce qu’elle y croit  et que ce projet structure l’ouverture de la région, les mobilités en Europe. C’est un projet qui sera créateur d’emplois pendant la phase du chantier et après. Il va permettre à l’agriculture de la région et au-delà, aux activités logistiques, structurantes elles aussi, aux activités industrielles de se développer dans la phase de construction comme après. Et c’est un projet écologique car il va permettre de réduire le transport routier pour permettre de transporter des marchandises par voie fluviale qui est 3 à 4 fois moins polluante que la voie routière et qui n’est pas exclusive des projets que nous comptons mener par ailleurs en matière de fret ferroviaire. C’est ainsi un chantier et un projet d’avenir ».

Il a précisé que les préoccupations environnementales seront aussi une priorité lors de la phase de construction de l’infrastructure.

« L’Etat sera au rendez-vous dans la durée. Ce projet est emblématique de notre capacité à nous projeter dans le futur et à oser à nouveau de grandes infrastructures. Notre pays a encore besoin de certaines grandes infrastructures comme il a besoin aussi d’infrastructures du quotidien et de régénérer les investissements historiques ».

Une réflexion avec la Normandie, autour de Haropa et de l’axe Seine

Emmanuel Macron a conclu sa déclaration en précisant : « Ce projet est structurant pour le pays et s’accompagnera d’une réflexion avec la région Normandie sur le développement de l’axe Seine en complémentarité autour, en particulier, de Haropa pour que Paris, Rouen, Le Havre soient pleinement intégrés à ce projet et que celui-ci porte tous les intérêts de la France haut et fort ».

Long de 107 kilomètres entre Compiègne (Oise) et Aubencheul-au-Bac (Nord), le canal a vocation à être le maillon manquant entre la Seine et le réseau fluvial de l’Europe du Nord. Il doit faciliter le transport fluvial de marchandises entre les pays du Benelux et la région parisienne et réduire l’utilisation de la route.

Les travaux préparatoires vont commencer en 2020, ceux du « creusement » du canal en 2021 qui sera mis en service en 2028.


« Aujourd’hui, l’Etat a confirmé son chèque et pas d’impôt régional, on y tenait, a déclaré Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, le 22 novembre 2019, à Nesle. Il reste une étape à franchir : la régionalisation de la société de projet d’ici fin mars 2020 pour que nous récupérions juridiquement les clés du canal car il ne faut pas le cacher, c’est nous qui prenons le risque. Mais ne revenons pas sur le passé, regardons devant. Et devant, c’est l’emploi : 5 000 pendant les travaux ». Il a assuré que tout serait fait pour qu’une majorité de ces emplois bénéficient aux demandeurs d’emploi dans la région. Concernant les emplois après l’ouverture du canal : « Les acteurs économiques disent 30 000 ou 40 000. Même si c’est 30 000, c’est très bien sur 30 ans. C’est le projet le plus important que va connaître notre région et le pays au cours des années à venir ».

Pour Xavier Bertrand, Seine-Nord Europe, c’est aussi un bénéfice pour les ports intérieurs de la région : Longueuil-Sainte-Marie, Saint-Saulve, Lille… « Et, bien évidemment, le grand port maritime de Dunkerque, la plate-forme de Dourges ». Il a conclu : « On s’est battu car c’est un projet qui crée de l’activité économique ».

De son côté, concernant les 700 à 900 millions d’euros d’emprunt, Elisabeth Borne a précisé au quotidien régional La Voix du Nord : « La question se posera à la fin des travaux. Mais cette contribution d’équilibre est entérinée dans la convention. Son remboursement reposera sur le produit d’une taxe nationale à assiette locale, mais nous souhaitons donner le temps aux collectivités de s’accorder sur la bonne ressource. L’État sera, en tout cas, au rendez-vous pour prendre les dispositions fiscales nécessaires ».

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