Antoine du Guerny, Pdg d’Esso France : "Nous sommes prêts à fournir les armateurs en combustible à bas soufre"

L’abaissement de la norme mondiale de soufre de 3,5 % à 0,5 % en 2020 ou “Cap 2020”, réduira de 80 % les oxydes de soufre rejetés dans l’atmosphère.

Crédit photo NBC
La raffinerie Esso de Fos-sur-Mer se prépare à délivrer dès le mois du fioul lourd à basse teneur en soufre (0,5 %), conforme au règlement OMI entrant en vigueur au 1er janvier 2020. Le Pdg d’Esso France, Antoine du Guerny, affirme être en mesure de produire du fuel à 0,5 % de soufre à un prix attractif. Considérée comme un modèle d’excellence opérationnelle, cette raffinerie entend saisir ce nouveau créneau pour se positionner sur le marché du soutage en Méditerranée.

“Ces dernières années, nous avons investi pour désulfuriser le fuel lourd. Nous raffinons un brut en basse teneur en soufre. Le combustible sort avec un taux de 0,8 %. En le mélangeant à des distillats, nous obtenons du fuel à 0,5 % à un prix attractif”, a affirmé Antoine du Guerny, Pdg d’Esso France, le 25 ​​​​​​​mars ​​​​​​​2019. Au-delà de Global Cap 2020, la raffinerie de Fos sera en capacité de délivrer du fuel à 0,1 ​​​​​​​% de soufre dans l’hypothèse du classement de la Méditerranée en zone Seca (*).

10 % de la capacité nationale

“Nous possédons le produit. Nous saisissons cette opportunité pour nous positionner sur ce marché du soutage car ces nouvelles normes vont avoir un impact dans l’industrie du raffinage. Certaines n’auront pas la capacité de désulfuration. À Fos, nous investissons chaque année entre 20 et 30 ​​​​​​​M€”, affirme le patron d’Esso France. La raffinerie de Fos-sur-Mer, dotée d’une capacité de raffinage de 6,9 ​​​​​​​Mt, soit 10 % de la capacité nationale, entend tirer parti de la redistribution des cartes résultant de cette nouvelle réglementation mondiale sur les carburants marins. 

“Les navires sont très nombreux à faire escale à Marseille mais les avitaillements en Méditerranée se font principalement à Barcelone, Gênes et Malte. En mai prochain, nous lancerons notre première production de fuel à 0,5 %. Toutes nos équipes de vente marine sont basées à Fos et nous allons élargir notre offre en marine gasoil. Nous avons déjà des contacts avec les armateurs et la semaine prochaine nous accueillons CMA CGM”, annonce Sefaan Van Severen, directeur de la raffinerie de Fos-sur-Mer, depuis un an. “Il faut savoir saisir les contraintes pour les transformer en opportunités”, glisse Antoine du Guerny. 

Dupliquer le modèle “Porthos” de Rotterdam

Esso Fos a traité en 2018 près de 6 Mt de pétrole brut, soit la meilleure performance depuis 2013. “100 % de la production de Fos reste en France. Nous expédions par pipe, train, navire et camion. Nous fournissons Lyon, Dijon, Toulouse. En raison des grèves de la SNCF, des grèves chez Air France, nos équipes vente et logistique ont été en mode gestion de crise durant huit mois en 2018”, déplore M. du Guerny, tout en précisant que la raffinerie normande de Notre-Dame de Gravenchon a subi l’an passé un important arrêt technique.

Soucieux de réduire ses émissions de CO2, le directeur de la raffinerie de Fos se montre très intéressé par le projet “Porthos” développé sur le port de Rotterdam. Projet consistant à collecter puis à stocker, dans des puits épuisés, le CO2 émis par les industriels. “Si Marseille-Fos se lance dans un tel projet, nous nous connecterons. Nous devons trouver des moyens de captage de CO2. L’optimisation passe par des échanges d’utilités”, avance Antoine du Guerny. S’agissant d’économie circulaire, le raffineur regarde de près l’hydrogène fatal produit par Kem One sur la plate-forme PIICTO sur la zone industrielle de Fos. 

(*) Organisation maritime internationale/ Sulphur Emission Control Areas.

Vracs liquides, les oubliés du port de Marseille-Fos 

Marseille-Fos se positionne comme un port vert au service de l’économie bleue. Une posture qui agace les pétroliers, les vracs liquides représentant en 2018 la moitié du trafic total traité sur les quais (soit 41,3 Mt sur les 81 Mt). “Même si nos activités décroissent, nous sommes indispensables à la viabilité économique du port. Nous avons tendance à être oublié au profit du conteneur. Le port de Marseille-Fos est plus cher, il doit donc être davantage compétitif, fiable et ne pas laisser les navires sur rade. Ces dernières années, des raffineries ont fermé et une partie du trafic a été détourné sur Trieste en raison du manque de compétitivité”, rappelle Benoît de Saint Sernin, directeur des affaires générales d’Esso SAF. N.B.C.

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