Les vols France-États-Unis aiguisent l’appétit des compagnies

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© American Airlines
"Le gâteau est gros" et leur appétit solide : des compagnies aériennes inaugurent ou musclent pour 2023 leurs liaisons entre la France et les États-Unis, reparties très fort après le Covid-19.
Les vols commerciaux entre la France et les États-Unis ont redémarré sur des chapeaux de roues depuis la fin des restrictions de déplacement liées à la pandémie. JetBlue, Norse Atlantic, French Bee, Air France, outre les compagnies historiques américaines Delta, United et American : toutes misent sur la persistance d'une importante demande, libérée après la fermeture des États-Unis aux Européens de mars 2020 à novembre 2021.

Ces trajets ont retrouvé lors des onze premiers mois de 2022 78,9 % du nombre de passagers de la même période de 2019, malgré le variant Omicron, selon les derniers chiffres de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).

Sur les liaisons nord-atlantiques l'été dernier, Air France "a atteint un niveau d'activité supérieur à l'été 2019" en sièges-kilomètres offerts, l'un des indices de référence du secteur, avec un taux d'occupation de 88 %, explique Olivier Piette, directeur du programme de la compagnie.

"Niveaux historiques de demandes"

"À notre très grande surprise, les Américains n'ont pas été freinés par la crise ukrainienne" et sont revenus en nombre en France, confirme Marc Rochet, patron de la compagnie française French Bee qui, forte de récents appareils Airbus A350, vient d'ajouter Miami à son éventail de rotations après New York, San Francisco et Los Angeles.

Chez Delta Air Lines, on salue des "recettes supérieures de 12 % à celles de 2019" sur les faisceaux transatlantiques l'été dernier.
Et United Airlines dit avoir "enregistré des niveaux historiques de demandes de vols vers l'Europe au pic de l'été, avec une hausse de 20 % par rapport à 2019", l'incitant à gonfler à sept fréquences hebdomadaires son programme France-États-Unis en 2023.

Ce marché, également disputé par Air Tahiti Nui, qui dessert la côte ouest sur le chemin de la Polynésie, et "La Compagnie" aux appareils 100 % classe affaires, représentait 9,4 millions de passagers par an en 2019, et même 12,2 en incluant le Canada, selon la DGAC.

"Le gâteau est gros", résume Yan Derocles, analyste chez Oddo BHF Securities, d'autant plus que la forte demande, l'offre encore limitée et l'explosion des coûts du carburant ont eu pour effet de gonfler les prix des billets, "supérieurs de 20 à 40 %" à l'avant-crise, selon Pascal Fabre, directeur chez AlixPartners.

Résultat, les compagnies réalisent "un chiffre d'affaires à un pic historique" entre la France et l'Amérique du Nord, assure Yan Derocles. Ce marché est "très profitable pour les compagnies traditionnelles", complète Pascal Fabre.

Nouveaux entrants

Un boom nourri en partie par le pouvoir d'achat des Américains, dopé au dollar fort. Chez Air France, la proportion de billets vendus à partir des États-Unis "est passée de 49 % en 2019 à 54 % en 2022", révèle Olivier Piette.

Alors que le nombre de compagnies concurrentes sur ces créneaux est tombé de douze à sept entre 2019 et 2022 – XL Airways, Level et Norwegian notamment ont disparu – de nouveaux entrants tentent de prendre une part des liaisons entre les États-Unis, première économie du globe, et la France, numéro un des destinations touristiques.

L'américaine JetBlue a récemment dit prévoir de relier, avec ses nouveaux monocouloirs à long rayon d'action Airbus A321LR, Roissy-Charles-de-Gaulle depuis New York, tout comme Norse Atlantic, en partie née des cendres de Norwegian. Celle-ci se positionne comme French Bee sur le créneau du low-cost.

Elles auront pourtant fort à faire pour ébranler le bastion de l'alliance Air France-KLM-Delta-Virgin Atlantic, assise sur les trois quarts du marché franco-américain, selon les chiffres d'AlixPartners.

Air France à elle seule proposera l'été prochain quelque 200 vols par semaine vers l'Amérique du Nord, selon Olivier Piette. Dont pas moins de sept par jour vers New York et quatre vers Los Angeles. En 2023, la compagnie française "vise une augmentation de 10 % de [sa] capacité" par rapport à 2022 sur les liaisons nord-américaines, selon lui.

"Le contexte géopolitique ou économique pourrait affecter le comportement de nos clients, mais, pour l'instant, on n'a aucune inquiétude" sur les réservations, affirme-t-il.

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