Air France-KLM en déroute après une année désastreuse

La compagnie franco-néerlandaise a perdu 7,1 milliards d'euros l'année dernière. Un choc "sans précédent" provoqué par la crise sanitaire qui l’a privée des deux tiers de ses clients. Elle prévoit un premier trimestre 2021 "difficile", en raison de perspectives de reprise limitées, même si elle s'attend à un regain de trafic aux deuxième et troisième trimestres.
Air France-KLM a annoncé l'effondrement de son chiffre d'affaires de 59 % en 2020 pour tomber à 11,1 milliards d'euros. Ces pertes constituent "des ordres de grandeur qui donnent un peu le tournis", a reconnu Frédéric Gagey, le directeur financier du groupe. La perte nette est conforme aux attentes des analystes financiers. Elle inclut une provision de 822 millions d'euros, conséquence des plans de départs volontaires engagés par le groupe, a-t-il détaillé. Les effectifs ont fondu de plus de 10 % en un an : 5.000 de moins chez KLM et 3.600 chez Air France.

Sur l'année, Air France-KLM a perdu 67,3 % de passagers par rapport à 2019, une tendance aggravée lors du quatrième trimestre (- 75,9 %). Cette perte a également été gonflée par une dépréciation de la flotte de 672 millions d'euros, conséquence de la fin de l'exploitation des gros-porteurs Airbus A380, A340 et Boeing 747.

Achats anticipés de kérosène
 
Le groupe a également essuyé une perte "énorme" de 595 millions d'euros, due à des achats anticipés de kérosène, une opération courante pour les compagnies souhaitant mieux planifier leurs coûts mais un pari qui s'est avéré perdant dans la mesure où les cours du pétrole se sont écroulés.  Seul point positif, le chiffre d'affaires du transport de fret a, quant à lui, augmenté en raison d'une hausse des tarifs provoquée par une réduction mondiale de l'offre. 

Cette crise inédite a conduit les gouvernements français et néerlandais à accorder des prêts directs ou garantis à Air France-KLM, pour un total de plus de 10 milliards d'euros. Grâce à ces prêts, la compagnie a terminé 2020 avec 9,8 milliards d'euros de liquidités permettant "de voir avec tranquillité l'année qui s'ouvre", selon Frédéric Gagey. En revanche, ces opérations ont alourdi la dette qui a quasiment doublé sur un an pour atteindre 11 milliards d'euros, un niveau difficilement soutenable à terme.

Peu de perspectives pour l’année en cours

Le groupe a également prévu "un premier trimestre 2021 difficile" dû aux "restrictions de voyage renforcées". Sa capacité de transport de passagers n'atteindra que 40 % de celle de la même période de 2019. "La visibilité sur la reprise de la demande est toujours limitée" même si l'entreprise s'attend à "une reprise du trafic au cours des deuxième et troisième trimestres 2021, grâce au déploiement du vaccin".

C'est dans l'optique de renforcer son bilan qu'Air France-KLM discute avec la Commission européenne. Il s'agirait en particulier pour les États néerlandais et français de transformer une partie de leurs prêts en fonds propres ou quasi-fonds propres. Mais Bruxelles demande des contreparties pour préserver une concurrence équitable, comme la cession de précieux créneaux aéroportuaires d'Air France à Paris-Orly, une exigence mal reçue par le groupe qui en a fait un des axes de sa stratégie de relance. 

"Il n'y a pas de blocage, il faut arriver à des points d'équilibre entre différentes parties. Comme toutes les négociations, ça prend du temps", a affirmé le directeur financier du groupe. La déroute d'Air France-KLM est cohérente avec celle de l'ensemble du secteur aérien mondial, qui a vu s'évaporer 66 % de son trafic passagers en 2020. Selon l'Association internationale du transport aérien, les compagnies ont subi des pertes cumulées de 118 milliards de dollars l'année dernière.

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