Aéroport de Toulouse : offensive pour contrer un succès chinois

Plusieurs élus et responsables politiques de la majorité ont relancé mardi 2 décembre l'offensive pour dissuader le gouvernement socialiste de choisir l'offre d'investisseurs chinois donnée comme favorite pour la privatisation partielle de l'aéroport de Toulouse-Blagnac. Le maire de Blagnac, le radical de gauche Bernard Keller, jusqu'ici resté sur la réserve, a rejoint mardi 2 décembre l'opposition ouverte à l'offre chinoise manifestée depuis plusieurs semaines par le président du Conseil économique social et environnemental de Midi-Pyrénées (Ceser), Jean-Louis Chauzy, au nom du "patriotisme industriel européen". En écho, la députée Karine Berger, secrétaire nationale du PS à l’Économie, a déclaré qu'elle était "très mal à l'aise" avec l'idée de vendre à des "structures étrangères non européennes" des "infrastructures stratégiques" comme l'aéroport de Toulouse.
Selon des sources proches du dossier, l'agence des participations de l’État (APE) a rendu la semaine passée une recommandation favorable à l'offre de deux investisseurs chinois associés au groupe d’ingénierie canadien SNC Lavalin. Leurs concurrents les plus sérieux sont le français Vinci associé à la Caisse des dépôts et Aéroports de Paris associé à Predica (groupe Crédit agricole). Le quatrième finaliste, le consortium financier Natixis-Cube semble avoir le moins de chances, selon ces sources. Selon le calendrier évoqué mi-novembre par le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, Bercy devrait annoncer mi-décembre celui qui rachètera 49,9 % du capital de la société d'exploitation du quatrième aéroport de province, sur les 60 % actuellement détenus par l’État.
La Chambre de commerce et d'industrie (CCI), actuellement actionnaire à hauteur de 25 %, l'agglomération Toulouse métropole, le département de Haute-Garonne et la région Midi-Pyrénées (5 % chacun) ont été consultés à leur demande sur les dossiers de candidature. Dans leur lettre de recommandation à l'APE, le 21 novembre, les collectivités "n'ont pas classé les quatre offres mais se sont prononcées pour que l’État renonce à céder dans un deuxième temps les 10,1 % du capital qui resteront en sa possession après la procédure en cours, afin que les actionnaires publics gardent une majorité de 50,1 %", selon Jean-Louis Chauzy.
Plus catégorique, Jean-Louis Chauzy a souligné que le Ceser "ne saurait admettre qu'un groupe chinois devienne propriétaire d'un aéroport aussi stratégique et rentable que celui de Toulouse-Blagnac". Il a réaffirmé mardi 2 décembre la nécessité de "faire la promotion d'un leader français". Il a assuré que la députée du Tarn-et-Garonne Valérie Rabault, rapporteur générale du budget, interviendrait en ce sens auprès de Bercy. Le président du Ceser n'arbitre pas entre les deux opérateurs français en lice mais de source proche du dossier, on estime que Vinci Airports, déjà gestionnaire d'une dizaine d'aéroports moyens en France, aurait la préférence des collectivités.
L'offre chinoise est la plus généreuse, de l'ordre de 300 millions d'euros, selon des informations circulant dans la presse économique, un atout significatif compte tenu des besoins financiers de l’État. Mais, pour le maire de Blagnac, "le plus offrant n'est pas forcément le mieux-disant". Bernard Keller estime notamment que les promesses de croissance du trafic de l'aéroport à 18 millions de passagers en 2030 contre 7,5 millions en 2013 dépassent "le seuil d'acceptance" des riverains. Les offres françaises sont "plus raisonnables" et "plus soucieuses de l'environnement et des riverains" selon lui, car inférieures à 14 millions de passagers.
Une croissance déjà inacceptable par les riverains regroupés dans le "collectif contre les nuisances aériennes", prêts à "engager la lutte", quel que soit l'élu. Avec la saturation de Blagnac liée à l'offre chinoise, "on verrait resurgir les projets de second aéroport toulousain, qui avaient soulevé un tollé avant d'être écartés il y a dix ans, et on se préparerait une nouvelle affaire Notre-Dame-des-Landes", a estimé Bernard Keller. J'espère qu'on peut encore influer sur un choix qui ne peut pas être que financier", a déclaré Bernard Keller. Le maire de Blagnac voit dans le succès du site participatif Wiseed, qui a recueilli 18 millions d'euros de promesses d'investissement en dix jours, "le signe de l'attachement des Toulousains à leur aéroport et la preuve que l’État aurait pu ouvrir le capital à des entreprises régionales".

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