Londres propose un salaire minimum sur les liaisons intra-européennes

Le gouvernement britannique travaille avec ses partenaires européens, dont la France, à un salaire minimum pour les travailleurs sur les liaisons de transport maritime européennes, après le récent licenciement sec de 800 salariés par l'armateur P&O Ferries.
"J'ai déjà contacté mes homologues en France, Danemark, Pays-Bas, Irlande et Allemagne pour aborder la question d'un salaire minimum pour les travailleurs maritimes sur les routes directes entre nos pays", a annoncé mercredi 30 mars le ministre des Transports Grant Shapps au Parlement, ajoutant avoir déjà reçu "une réponse très positive" côté français.

"La majeure partie du droit maritime est régie par des règles, des obligations et des traités internationaux, ce qui signifie que nous ne pouvons pas espérer régler seuls ces problèmes", a fait valoir le ministre, précisant son intention d'instaurer des "corridors de salaire minimum" sur les liaisons intra-européennes maritimes.

Le licenciement du jour au lendemain, le 17 mars, de 800 marins par P&O, qui les remplace par des travailleurs externalisés payés en moyenne 5,5 livres (6,5 euros) par heure, largement sous le salaire minimum britannique qui passe à 9,5 livres au premier avril, n'en finit pas de faire des vagues au Royaume-Uni.

Renforcement de la loi et des contrôles

Le ministre des Transports a dévoilé mercredi devant le Parlement britannique une série de mesures destinées à garantir les conditions de travail et de sécurité sur les ferries circulant au départ ou à l'arrivée du Royaume-Uni ou à l'intérieur du pays. Il compte notamment donner aux ports britanniques le pouvoir de refuser l'accès aux compagnies transmanche qui ne paieraient pas leurs employés au salaire minimum.

Les contrôles seront renforcés, tant au niveau des conditions de travail que de la sécurité sur les navires, a prévenu le ministre, alors que les autorités maritimes ont immobilisé deux ferries de P&O ces derniers jours, l'un à Douvres et l'autre à Larne en Irlande du Nord, en raison de lacunes dans la documentation, les équipements d'urgence et la formation des équipages.

Par ailleurs, les entreprises n'ayant pas fait d'efforts de négociations raisonnables avant de décider de licenciements pour réembaucher de la main d'œuvre moins chère pourront se voir infliger une majoration de 25 % des indemnités de licenciement, a encore annoncé Grant Shapps.

"Trop peu, trop tard"

C'est "bien trop peu, bien trop tard", a immédiatement critiqué le secrétaire général du syndicat sectoriel RMT Mick Lynch, appelant le gouvernement à "des réformes plus rapides et plus radicales pour sauver les marins britanniques".

Le ministre des Transports a cependant demandé le 31 mars à une agence gouvernementale chargée intervenir en cas d'inconduite de dirigeants d'entreprise, d'examiner si le patron de P&O Ferries Peter Hebblethwaite devait être écarté de son poste.

Ce dernier, qui a rejeté les appels à la démission du gouvernement, a aussi écarté l'hypothèse de réembaucher les 800 employés limogés, jugeant que cela entraînerait "un effondrement de l'entreprise, avec la perte irrémédiable de 2.200 emplois supplémentaires".

P&O ne cesse de répéter que son modèle de coûts actuel n'était pas tenable et que l'entreprise, qui a été frappée de plein fouet par la pandémie et l'effondrement des voyages internationaux, perdait 100 millions de livres par an.

200 syndicats interpellent DP World

Londres a par ailleurs annoncé mercredi son intention de plaider auprès de l'Organisation internationale du Travail pour un ensemble de principes communs pour les travailleurs maritimes, dont un salaire minimum et un cadre mondial pour la formation des marins.

Près de 200 syndicats internationaux de transport maritime et 10.000 travailleurs du secteur ont écrit le 31 mars à DP World, maison mère de P&O établie à Dubaï, pour protester contre ce licenciement de masse.

La lettre ouverte, adressée au sultan Ahmed ben Sulayem, propriétaire et directeur général de DP World, affirme que l'éviction sans consultation préalable des salariés est "en claire violation de la loi britannique du travail et des normes internationales du travail".

"Les multinationales comme la vôtre devraient traiter les employés avec dignité et respecter leurs droits et la loi", insiste la lettre, qui appelle DP World à demander d'urgence une réunion avec les syndicats sectoriels Nautilus et RMT et le gouvernement britannique pour "corriger la situation actuelle".

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