Le congrès des pilotes maritimes français a confirmé la reprise du pilotage dans les ports nationaux, même si l’activité demeure inférieure à la période d’avant-Covid. Le recrutement et la sécurité sont deux priorités de la FFPM, avec la décarbonation des pilotines.
Les chiffres présentés lors du 109e congrès de la Fédération française des pilotes maritimes (FFPM), du 9 au 11 mai à Paris, du pilotage maritime, montrent une nette reprise de l’activité en 2022 par rapport à 2021.
"Le nombre de navires pilotés – entrées, sorties confondus – s’est établi à 99.926 opérations, en hausse de 6,5 %. Quant au volume moyen des navires pilotés, il s’est élevé à 39.000 m3, en croissance de 11,4 %. Cette évolution confirme le retour des navires de grande taille", a présenté Henry Caubrière.
Le président de la FFPM a tempéré ces progressions, toutefois. "L’activité demeure en retrait par rapport à la période d’avant-Covid. Comparé à l’année 2019, le nombre d’opérations est toujours en diminution de 2,4 %. Pour les seuls ports maritimes métropolitains, cette baisse s’élève à 9,1 %. En volume piloté global, l’activité est en repli de 6 % et, en volume moyen des navires pilotés, elle est en retrait de 8,8 %".
En 2023, la FFPM n’est toujours pas assurée de retrouver son niveau d’activité d’avant-Covid, a déploré son président. "Depuis le début de l’année, les mouvements sociaux contre la réforme des retraites ont provoqué des baisses d’activité, jusqu’à 40 % par mois, dans certains ports".
Reprise des recrutements
À l’issue du congrès de la FFPM, Henry Caubrière a annoncé la fin du gel des recrutements et du remplacement des départs à la retraite. "Cette mesure avait été prise pendant la crise sanitaire, pour faire face à la diminution d’activité", a-t-il précisé. En 2022, quatre nouveaux pilotes ont été recrutés.
Le nombre de pilotes maritimes s’élève à 326 désormais, au sein de 30 stations en métropole et Outre-mer. "Nous visons un effectif de 330 pilotes d’ici à fin 2024. Le nombre actuel de pilotes demeure inférieur de 3,8 % à celui de 2019. Le secteur recrutera entre 100 et 150 pilotes dans les dix prochaines années", a confié Henry Caubrière.
Création d'un CIRP
La sécurité est une autre priorité de la FFPM. "Quatre pilotes sont décédés à travers le monde depuis le début de l’année. Le métier de pilote maritime est classé comme le plus dangereux après celui de bucheron", a affirmé son président.
Trois initiatives, en matière de sécurité et d’amélioration des conditions de travail, ont été lancées lors du congrès. La première, menée avec le BEA Mer, a été la réalisation d’un film sur les procédures et les recommandations de sécurité dans le pilotage maritime. Ce film est consultable sur le site de la fédération, en version française et anglaise.
La deuxième initiative concerne la création d’un Critical Incident Response Program (CIRP). "Il permet, à tout pilote, d’être pris en charge pour réduire son niveau de stress et prévenir l’apparition d’un traumatisme psychologique, à la suite d’un incident ou accident. Douze pilotes volontaires ont été formés et proposent une écoute téléphonique", a expliqué Henry Caubrière.
"Le pilotage français est le premier à créer un CIRP pour une activité maritime", a-t-il souligné. Enfin, la FFPM poursuit son programme "Retex". Ce dernier est consacré à l’analyse et au retour d’expérience à la suite d’un incident ou accident lors d’un pilotage maritime.
Décarbonation en marche
Depuis une vingtaine de mois, deux nouvelles pilotines fonctionnant avec des énergies alternatives sont opérées en France : une électrique, par la station de Sète-Frontignan, et une au gas-to-liquid (GTL), par la station de Nice.
"Notre flotte comprend 125 pilotines. Leur décarbonation fait l’objet d’une réflexion globale et ouverte à toutes les énergies. Les enjeux sont multiples. Ils couvrent les aspects environnementaux, mais aussi économiques et techniques, dans le but de garantir un niveau de fiabilité et de puissance élevé lors des opérations de pilotage", a rappelé la fédération. Cette dernière a annoncé la publication d’un bilan carbone de ses activités, d’ici à la fin de l’année.
