Quatre mois après avoir annoncé être entrés dans une phase de deux ans au cours de laquelle plusieurs technologies seront essayées, testées et développées, le croisiériste norvégien Hurtigruten et le constructeur naval Vard (groupe Fincantieri) ont présenté le design de leur concept Sea Zero, un projet de paquebot zéro émission
La phase actuelle de recherche et de développement se concentre sur la production de batteries, la technologie de propulsion, la conception de la coque et la gestion durable des consommations pour les réduire au « minimum absolu », ont fait valoir les artisans de ce projet. Un objectif intermédiaire envisage une réduction globale de 40 à 50 % de la consommation d'énergie en 2030.
Tout en précisant que des ajustements seront apportés en cours de route, le navire actuellement pensé pour mesurer 35 m de long comprendra 270 cabines avec une capacité de 500 passagers et 99 membres d'équipage.
Equipé d'OceanWings
L'un des éléments clés du navire est la présence de trois ailes-voiles rétractables (surface de 750 m2) du type OceanWings, semblables à celles déjà déployées sur le ro-ro Canopée de Zéphyr&Borée et Jifmar. Selon les estimations, les voiles pourraient réduire la consommation d'énergie d'environ 10 %. Il est prévu d'habiller la voilure de 1 500 m2 de panneaux solaires, ce qui devrait économiser 2 à 3 % supplémentaires.
« Nous continuons de penser que des voiles rétractables équipées de panneaux solaires permettraient de réaliser d'importantes économies d'énergie, mais cela nécessite des études approfondies, notamment des essais sur modèle qui seront réalisés dans les mois à venir. Nous avons également changé le type de voile pour un modèle plus mature déjà éprouvé », a indiqué Gerry Larsson-Fedde, directeur de l'exploitation de Hurtigruten.
Réduire la résistance à l'eau
Le navire est prévu avec des hélices contrarotatives comme propulsion principale et des batteries d'une capacité d'environ 60 MW. Deux propulseurs rétractables à l'arrière assureront une manœuvre pendant les opérations portuaires qui, selon Vard, seront assistées par une intelligence artificielle. Le navire pourra recharger ses batteries au port, étant équipé pour le branchement électrique à quai.
Seon Hurtigruten, la lubrification à l'air, associée à une conception moderne de la coque, à des revêtements antisalissures avancés et à un nettoyage régulier de la coque, permet de réduire considérablement la résistance à l'eau et ainsi d'obtenir des économies d'énergie de 5 à 10 %.
Gestion intelligente des consommations
Les résultats préliminaires des études de conception montrent également que de meilleurs systèmes de ventilation et d'isolation, ainsi qu'une gestion avancée de l'énergie, peuvent conduire à des économies significatives. Le concept prévoit donc des « cabines intelligentes » qui permettront aux passagers de contrôler la consommation. La compagnie norvégienne teste actuellement des capteurs avancés et effectuera prochainement des essais à grande échelle sur ses navires.
« Les opérations hôtelières sur un paquebot peuvent consommer jusqu'à 50 % de l'énergie totale. L'objectif est de la réduire de 50 % par rapport aux navires actuels d'Hurtigruten », précise le constructeur Vard. Le croisiériste a commencé à installer des batteries à bord, en commençant par le Roald Amundsen en 2019. Sa division Expeditions compte désormais trois navires hybrides à batterie sur une flotte de sept unités.
Adeline Descamps