En 2016, Cosco posait 368 M€ sur la table pour prendre 51 % des parts dans le port du Pirée, laissant les autres 49 % à l'État grec. Le géant chinois s'engageait alors à investir 293 M€ sur cinq ans dans différents aménagements dont certains concernant le terminal croisière alors que le pays, émergeant à peine de longues années d'une crise sévère, mise sur le tourisme pour retrouver la croissance. En contrepartie de cet effort supplémentaire, l'État devait attribuer à Cosco 16 % de plus dans l'Autorité du port du Pirée (APP).
En février dernier, un document publié par le ministère de la Marine indiquait que les Chinois n'avaient pas honoré leurs engagements et que leurs investissements ne représentaient que 58 % des 293 M€ prévus. Depuis, débats et polémiques vont bon train pour savoir à qui en imputer la responsabilité.
Trafic conteneurs décuplé
Il est notamment reproché au groupe asiatique de s'intéresser davantage aux conteneurs, que le géant chinois du transport maritime a hissé en quelques années au premier rang des ports méditerranéens et au quatrième des ports européens. Quelque 2 500 emplois ont été créés depuis 2016 et les recettes publiques directes et indirectes ont été dopées au point d'atteindre aujourd'hui le demi-milliard d'euros.
Cela n'a pas pour autant freiné les détracteurs mobilisés contre l'extension de la zone conteneurs pour laquelle sont prévus une plate-forme logistique et un quatrième terminal. Craignant les nuisances, la municipalité d'Athènes a déposé un recours au Conseil d'État pour dénoncer l'absence d'étude d'impact.
Chantiers navals négligés
L'autre point de tension porte donc sur le terminal croisière dont le projet porteur d’un investissement de 100 M€ butte contre la richesse archéologique d’un site où l'actionnaire prévoyait de construire centre commercial et gratte-ciel. Les citoyens qui ont saisi la justice, ont obtenu en février le gel des travaux.
Il y a eu en outre quelques légèretés chez le géant chinois, qui a sollicité des subventions européennes pour l'extension du terminal passagers, tout en mettant les sommes à son propre crédit pour, au final, ne pas réaliser les travaux. Mêmes griefs concernant les chantiers navals de Pérama où l'on répare les ferries desservant les milliers d'îles grecques. La réfection des routes et l'électrification de certains entrepôts promises par le groupe n’ont pas été réalisés. Seuls 31 M€ des 55 millions de travaux promis ont été exécutées.
Cosco continue de réclame les parts supplémentaires qui lui avaient été promises dans la cession de 2016. Il accuse les opposants à ses projets d'être à l'origine de ses propres retards dans la réalisation des travaux ainsi que la bureaucratie grecque qu’il estime particulièrement lente à délivrer les permis attendus.
Myriam Guillemaud Silenko