Un redémarrage économique vert dans le transport maritime ?

 

Au Danemark, en Norvège, au Portugal, en France, les représentants du transport maritime et des armements exhortent les pouvoirs publics à conditionner leurs aides à des contraintes environnementales. Ils espèrent profiter de l’aubaine des investissements publics massifs pour accélérer la transition énergétique du secteur.

Les projets se multiplient pour réduire l'impact des transports, et notamment maritimes, sur l'environnement. Au-delà des normes imposées, la matière grise est en ébullition autour de projets qui sont si nombreux qu'ils en deviennent moins futuristes : carburants sans émissions, propulsion électrique, motorisation hydrogène...

Les armements ou leurs représentants montent au créneau pour mettre en avant leurs efforts... et espèrent ainsi bénéficier des aides publiques que les gouvernements du monde entier annoncent pour relancer la machine économique. Rodolphe Saadé, à la tête de CMA CGM, a ainsi évoqué à plusieurs reprises ces dernières semaines la nécessité de la transition énergétique et d'un transport plus respectueux de l'environnement. Il a aussi associé sa compagnie à 155 autres multinationales dans une déclaration demandant aux gouvernements de la planète de conditionner à des critères environnementaux les aides de toutes formes accordées pour relancer l'économie.

Quand le vent devient hydrogène

Au Danemark, ce sont six parmi les plus grandes entreprises du pays qui se lancent ensemble dans un ambitieux projet d'hydrogène vert, produit grâce à de l'énergie générée par un parc éolien offshore de 3 GW. L'hydrogène servira au transport en général, par navires, camions, avions, et à l'industrie lourde. Parmi les partenaires du projet, on trouve quelques leaders du transport maritime, le premier d’entre eux dans le conteneur, A.P. Møller-Maersk, et le spécialiste européen du ferry DFDS. Dans cette aventure, ils sont associés à la compagnie aérienne SAS, au commissionnaire et logisticien DSV Panalpina, aux aéroports de Copenhague et à Orsted, l’un des grands développeurs mondiaux de parcs éoliens. Ils prévoient d'ouvrir leur première installation d'hydrogène d'ici 2023 puis de monter en puissance pour atteindre la pleine capacité en 2030. 

Même cap sur l'hydrogène à base d’énergies renouvelables au Portugal. Le gouvernement vient de lancer sa première « Stratégie nationale hydrogène » assortie de 7 Md€ d'investissements et avec un objectif de 1 GW produit en 2030. L'usine devrait être construite sur le port de Sines, qui reçoit déjà 30 % des importations européennes de GNL américain et qui accèderait ainsi au statut de « hub énergétique européen ». Associé aux Pays-Bas, le Portugal compte aussi, à partir de ce projet, créer la « première route maritime hydrogène intra-européenne » qui relierait Sines à Rotterdam.

Le développement technologique se produit maintenant, et la Norvège, avec son puissant cluster maritime et ses compétences reconnues, peut prendre l'initiative dans le développement de solutions vertes. » Harald Solberg, président de l'Association des armateurs norvégiens

Se positionner sur le créneau du zéro émission

En Scandinavie encore, c'est l'Association des armateurs norvégiens qui monte au créneau. Dans un document intitulé « Zéro émission en 2050 », ils exposent leur feuille de route pour y parvenir, leurs engagements, leurs objectifs, leurs intentions... et le rôle des autorités. Pour ce qui relève de leurs propres entreprises, ils promettent de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 50 % par unité transportée d'ici 2030. Puis, à compter de 2030, de ne plus commander que des navires zéro émission. « À partir de 2050, la flotte norvégienne sera climatiquement neutre », assurent-ils.

Dans l'éditorial qui accompagne le document de l'Association des armateurs norvégiens, le président de l'association, Harald Solberg interpelle : « Le développement technologique se produit maintenant, et la Norvège, avec son puissant cluster maritime et ses compétences reconnues, peut prendre l'initiative dans le développement de solutions vertes. Les autorités internationales, régionales et nationales ont également un rôle crucial à jouer en facilitant un développement à la fois souhaité et nécessaire. Nous avons besoin de nouvelles technologies et de solutions durables et le développement doit arriver rapidement. »

Les autorités internationales et nationales doivent réguler le marché de façon à ce qu'il soit rentable d'équiper les navires de technologies zéro émission, et ce le plus rapidement possible (...) et instaurer une interdiction internationale sur du carburant qui ne soit pas climatiquement neutre. »

Une indispensable réglementation internationale

Pour ces engagements, les parties prenantes souhaitent des contreparties. L'appel du coude aux gouvernants se traduit par des indications claires quant à leurs attentes. Il s'agit notamment de cibler les ressources en matière de R&D à même d'apporter des solutions zéro émission, nécessitant la création d’un fonds dédié.

Les armements et leurs représentants sont aussi très conscients de la nécessité de réglementations internationales communes. Dans un secteur extrêmement concurrentiel, alourdir ses investissements en s'imposant de nouvelles règles, c'est aussi risquer de perdre des parts de marché au profit de compagnies et de pays moins-disant sur le changement climatique.

Les armateurs norvégiens le rappellent clairement quand ils s'adressent aux autorités « internationales et nationales ». Ils attendent d'elles qu'elles « régulent le marché de façon à ce qu'il soit rentable d'équiper les navires de technologie zéro émission, et ce le plus rapidement possible et d'ici 2030 au plus tard, et qu'elles instaurent une interdiction internationale à partir de 2050 sur du carburant qui ne soit pas climatiquement neutre. » « Avançons vite mais avançons groupés » pourrait être le mot d'ordre.

Myriam Guillemaud Silenko

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