Résultats financiers 2018 : AP Møller Maersk rend grâce à Hamburg Süd

Le géant danois du transport maritime poursuit sa convalescence et confirme son rétablissement amorcé à partir du second semestre 2018 mais doit l'amélioration de sa santé financière en grande partie à l'acquisition de Hamburg Süd. AP Møller Maersk continue néanmoins de payer dans ses résultats les effets de sa restructuration entamée il y a deux ans pour se recentrer sur son coeur de métier. 

En 2018, outre les foucades commerciales entre les géants économiques de la planète, les armateurs de porte-conteneurs ont navigué dans un environnement contraint par le ralentissement de la croissance mondiale, l'augmentation des coûts du combustible de soute liée aux accès de fièvre du pétrole (toutefois couverts par les BAF appliquées) et des taux de fret sous pression (en raison d'un excédent de capacités). Leur rentabilité a été diversement impactée, certains s’en sortant mieux que d’autres (cf. CMA CGM a fait mieux que le marché).

Le leader mondial du transport maritime fut plutôt dans la seconde catégorie, du moins pour la première partie de l’année. Il avait en effet mal démarré l’année avec des résultats d’exploitation décevants mais s’en était mieux sorti à l’issue du 3e trimestre, ou du moins, avec des résultats qui ont agréablement surpris les marchés. Pour autant, les volumes transportés n’étaient pas à la hauteur des attentes, contrariés par une demande plus faible que prévu sur les routes commerciales les plus empruntées par les porte-conteneurs, entre l'Asie et l'Europe.

Le 21 février, AP Møller Maersk a présenté les résultats financiers pour l’ensemble de l’année 2018, consacrant un retour à des indicateurs plus enviables : un bénéfice (à 3,2 Md$) contre une perte nette en 2017 (1,2 Md$). Avec 39 Md$, le chiffre d’affaires du groupe ressort en croissance de 26 % (30,9 Md$ un an plus tôt) principalement grâce à l'intégration de Hamburg Süd et à un gain comptable de 2,6 Md$ liée à la vente (en 2017) de sa division pétrolière et celle de ses tankers Maersk Oil à Total pour 7,45 Md$ (6,4 Md€).

28,4 Md$ de chiffre d'affaires pour Maersk Line et compagnies...

Indicateur par excellence de rentabilité, le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (Ebitda), n’a pas bénéficié de la même envolée (+ 8 % tout de même), s’établissant à 3,8 Md$, contre 3,5 Md$ l'an dernier (l’augmentation moyenne de 32 % de la soute, que la hausse modérée des taux de fret n’a pas pu compenser, fut un frein).

Quant à la division Ocean – qui comprend les activités de ligne régulière sous les marques Maersk, Hamburg Süd, Aliança et SeaLand ainsi que les activités des terminaux exploités sous APM Terminals* (mais sans les activités logistiques) – elle a enregistré un chiffre d'affaires de 28,4 Md$, en hausse de 29 % d'une année sur l'autre, là aussi « grâce à l'acquisition de Hamburg Süd ».

26,6 MEVP

Avec 26,6 MEVP, les volumes transportés de Maersk, en berne depuis quelque temps, retrouvent de l’aplomb (+ 21,6 %). À cet égard, également, la compagnie le doit en grande partie à Hamburg Süd. Sans ses volumes, l'augmentation aurait été d'environ 2,5 %. Les échanges commerciaux Est-Ouest ont augmenté de 10 %. Le trafic Nord-Sud et intra-régional, activité principale de Hamburg Süd, a progressé respectivement de 21,2 % et 47,2 %. Les revenus par EVP en 2018 ont augmenté de 5,1 % par rapport à l'année précédente. Mais la plus forte croissance a été observée sur les échanges intra-régionaux (+ 18 %), relativement peu rémunérateurs.

Par zones géographiques, c’est l'Amérique latine qui a connu, selon le groupe, une forte augmentation de ses volumes à l'import au cours de la première partie de l'année puis un ralentissement. Selon les données, le Moyen-Orient et l'Inde ont vu leurs flux à l'import progresser sur l'année de 2,1 %. Quant à l'Afrique, les volumes importés ont augmenté de 5,8 %. Les échanges intra-régionaux ont évolué de 4,9 %. Les importations nord-américaines en provenance d'Asie ont augmenté de 6 %. La hausse est de 2,8 % pour l'Europe en sortie d'Asie (cf.détails plus bas).

Restructurations et effets exceptionnels

L’année 2018 a été marquée, tout comme celle de 2017, par les restructurations en cours au sein de son portefeuille d’activités, des « effets » exceptionnels qui expliquent aussi en partie ses résultats, les activités cédées ou dissociées étaient celles qui contribuaient le plus à ses résultats, à en croire les analystes qui ont décortiqué ses courbes. Selon eux, le bénéfice des activités « poursuivies » s'est contracté en 2018 à 220 M$ contre 356 M$ un an plus tôt, et leur résultat net était négatif de 148 M$ l'an dernier, en légère amélioration toutefois par rapport au déficit de 194 millions en 2017.

Pour autant, Søren Skou, le PDG du groupe danois a confirmé qu’en vue de recentrer sur son cœur de métier – le transport maritime et la logistique –, le groupe cherchait toujours à scinder sa filiale spécialisée dans le forage Maersk drilling et annoncé son entrée en Bourse à compter d’avril, sous réserve de l'approbation des actionnaires, ce qui ne devrait pas poser problème dans la mesure où la société est entièrement contrôlée par la famille Maersk. Elle sera cotée en bourse sous le nom de The Drilling Company of 1972 A/S. Les actions seront distribuées proportionnellement aux actionnaires d'A.P. Moller Maersk. Le sort de Maersk Supply Services n’est toujours pas réglé.

« Avec l'introduction en bourse de Maersk Drilling, la séparation de nos activités liées à l'énergie sera presque terminée », se conforte le CEO d'AP Møller – Maersk, reconnaissant ainsi que le groupe a « fait des progrès significatifs en 2018 dans la mise en œuvre de notre stratégie ».

« Nous avons un problème de rentabilité »

Il n’en demeure pas moins que « nous avons un problème de rentabilité », a-t-il soupesé, et dans un contexte sujet à de nombreuses incertitudes pour un secteur hyperactif au moindre soubresaut du commerce mondial, le géant du transport maritime conteneurisé devra trouver les ressources nécessaires pour accroître son bénéfice d'exploitation.

Maersk n'a pas varié par rapport à ses précédentes estimations et s'attend donc à ce que les volumes de transport de conteneurs augmentent au même rythme que le marché, soit de 1 à 3 % en 2019. La compagnie détient 17,7 % de la capacité mondiale conteneurisée soit un peu plus de 4 M EVP selon Alphaliner. Sa flotte totalise 694 navires dont 316 en propriété. Il a actuellement trois navires en commande pour un volume d’un peu moins de 35 000 EVP. La société a affirmé à plusieurs reprises qu'elle ne passera pas de nouvelles commandes de gros navires au moins jusqu'en 2020 et qu'elle n'augmentera pas sa capacité effective en 2019.

Adeline Descamps

* Le chiffre d’affaires des seuls terminaux a augmenté de 9,4 %, à 3,1 Md$ (pour 2,8 Md$ en 2017) et l’Ebitda, de 28 %, à 567 M$.

 

Les volumes transportés par zones géograhiques

 

   PDM Croissance MEVP
 Est-Ouest  31 %  10 %  8,37 
Nord-Sud     48 %   21,2 %   12,90
Intra-Regional  20 %     47,2 %     5,34
       
Total 100 % 21,6 % 26,61

 

 

Les revenus moyens par EVP

  Revenus/EVP USD
Est-Ouest       3,3 %  930
Nord-Sud        4,8 % 1 039
Intra-Regional    17,9 %        739
Total      5,1 %  940

                                                  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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