Londres intègre les émissions du transport maritime dans son bilan carbone

Le Royaume-Uni multiplie les initiatives pour apparaître comme leader en matière de transport maritime vert. En dehors de l'UE mais au sein du G7. Après avoir rehaussé les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, il voudrait être le « premier pays au monde à inclure le transport maritime et aérien dans les nouvelles politiques climatiques ». Cette démarche unilatérale pourrait en faire grincer plus d’un à l’OMI.

Plus blanc que blanc. Plus vert que vert. Plus bleu que bleu. Boris Johnson renaît depuis quelques mois en dirigeant politique converti à la cause climatique, rivalisant dans les annonces vertueuses. Le Premier ministre britannique ne cache plus ses intentions de positionner son pays au rang de leader vert et d’atteindre les objectifs assignés par l’Accord de Paris sur le réchauffement climatique bien avant les autres. Un créneau sur lequel il commence à y avoir du monde sur la scène internationale. 

À la veille du Sommet pour le climat organisé par le président américain Joe Biden, Boris Johnson avait opportunément annoncé que le Royaume-Uni atteindrait une réduction de 78 % de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2035 par rapport au niveau d’émissions de 1990. Soit quinze ans plus tôt que ce qui était prévu.

Une possibilité évoquée en mars par un ministre britannique, formulée au détour d’un entretien à un média, vient de se transformer en acte politique et législatif. Le sixième budget carbone britannique prendra en compte, et ce pour la première fois, les émissions des secteurs du transport aérien et maritime. « Nous serons le premier pays au monde à inclure le transport maritime et aérien dans les nouvelles politiques climatiques », fanfaronne le 10 Downing Street. 

Le transport maritime tenu à l’écart 

Le ministre des Affaires maritimes du gouvernement Johnson, Robert Courts, avait en effet confié en mars à l’agence de presse Bloomberg que son gouvernement envisageait d'inclure le secteur du transport maritime dans le nouveau marché du carbone qui a été développé après le départ du pays de l'UE en janvier.

Ces propos avaient été tenus alors que son ministère ouvrait les offres reçues dans le cadre d’un appel à projets doté d’un fonds de 20 M£ (23 M€) pour financer la construction de navires plus vertueux. Cette enveloppe s’inscrit dans les plans du ministère des Transports visant à garantir que tous les navires commandés à partir de 2025 soient équipés de technologies à émission zéro. Et cela est également valable pour les unités de services, en support aux parcs éoliens offshore, et à ceux de la plaisance.

Les émissions de gaz à effet de serre générées par le transport maritime n’étaient jusqu’alors pas dans le viseur du gouvernement britannique. Ou du moins, il ne figurait pas dans le plan vert en 10 points annoncé en novembre 2020 par Boris Johnson. Dans ce programme vertueux, il était question notamment de quadrupler la part de l’énergie éolienne en mer d'ici à 2030 pour atteindre 40 GW, de favoriser les développements autour de l’hydrogène, d’investir 525 M£ dans une nouvelle énergie nucléaire (prochaine génération de petits réacteurs avancés), 200 M£ dans la technologie de stockage et de capture du carbone… et de faire de Londres « le centre mondial de la finance verte ».

Quel accueil à l’OMI ?

Le gouvernement britannique affirme désormais qu'il va inscrire dans la loi « l'objectif le plus ambitieux au monde en matière de changement climatique ». Déjà en décembre, Londres s’était engagé à réduire les émissions nationales de 68 % dès 2030 par rapport au niveau de 1990.

La démarche unilatérale du Royaume-Uni risque de faire grincer à l’OMI où certains États membres craignent précisément la superposition des législations nationales ou régionales. Voire, que des initiatives isolées fassent capoter l'obtention d'un consensus sur la réduction des émissions mondiales à l’occasion de la révision des objectifs de réduction du carbone fixée en 2023. Outre-Manche, on estime au contraire que l'approche du Royaume-Uni, qui avait été l'une des premières économies à souscrire aux objectifs assignés par l'OMI dès 2008 en matière d’émissions de GES, incitera plus qu’elle ne contrecarrera les ambitions au niveau mondial.

L’accélération verte britannique n’est pas dénuée d’à-propos politique. Sur un plan domestique, Boris Johnson doit préserver une certaine forme d’union du Royaume alors que certaines de ses composantes manifestent des volontés d’indépendance. Sur la scène internationale, le Royaume-Uni essaie désormais de se positionner – en dehors de l'UE – comme le leader d’un transport maritime rendu neutre en carbone. 

Et surtout, il a en ligne de mire un événement médiatique à la visibilité internationale qui va offrir au pays une nouvelle occasion d’asseoir une forme de légitimité verte. Le Royaume-Uni accueille la COP26 à Glasgow du 1er au 12 novembre, une session que Alok Sharma, ex-ministre de Boris Johnson nommé à la présidence de la COP26, veut rendre décisive. La plus importante depuis la signature de l’accord de Paris en 2015, a-t-il promis dans une lettre ouverte récemment publiée.

Adeline Descamps

 

 

 

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