L’objectif du dispositif espagnol présenté en mai 2022 est d’inciter les chargeurs, les transporteurs routiers et les opérateurs logistiques à opérer un report modal depuis la route vers le transport maritime. Sont concernés : les véhicules rigides, les remorques et les semi-remorques. Le dispositif concerne uniquement le transport de marchandises entre l’Espagne et un autre pays membre de l’UE.
Les subventions seront accordées en fonction de la réduction des coûts externes générés par le report modal sur la partie du trajet correspondant au territoire espagnol (impacts négatifs sur l’environnement et d’ordre socio-économique : congestion, sinistralité et bruit) sur la base d’un manuel établi par la Commission de l’UE. Ainsi, sur un trajet entre les ports espagnol de Valence et italien de Civitavecchia, soit 1 710 km, seuls seront pris en compte les 520 km entre Valence et la frontière franco-espagnole.
Rôle déterminant des compagnies
Les compagnies maritimes sont appelées à jouer un rôle clé dans ce dispositif. En août, Brittany Ferries Bilbao, Suardiaz, via deux filiales (Suardiaz Atlantic et Flota Suardiaz), CLDN RoRo et le groupe Grimaldi (Grimaldi Euromed et Finnlines) ont été retenues.
Le process a été lancé le 20 septembre dernier. Seize services vers d’autres pays de l’UE (France, Belgique, Estonie, Finlande, Irlande et Italie) ont été sélectionnés, dont Bilbao-Rosslare (Brittany Ferries) et Vigo-Montoir (Suardiaz Atlantic et Flota Suardiaz). La subvention couvrira les trafics sur la période comprise entre le 20 septembre 2022 et le 31 mars 2023. L’enveloppe prévue est de 20 M€ par an sur trois ans, soit 60 M€ en tout. L’initiative s’inscrit dans le cadre du Plan de récupération, transformation et résilience (PRTR) qui bénéficie de subventions de l’UE. Une seconde tranche d’éco-subventions est prévue le 8 janvier prochain.
Un accueil favorable
Lors d’une réunion organisée à Madrid, le 24 novembre dernier, par l’Association espagnole de promotion du transport maritime de courte distance (TMCD) SPC-Spain, Christophe Mathieu, directeur général de Brittany Ferries, a estimé le dispositif « très complet », ajoutant toutefois que pour être « véritablement effectif », il devrait être établi sur une base « multilatérale ».
Lors de cette réunion, Alvaro Rodriguez Dapena, président de Puertos del Estado, l’organisme public qui chapeaute les ports de commerce espagnols (ministère des Transports) a rappelé que l’Espagne, la France, l’Italie et le Portugal avaient déjà proposé à la Commission de Bruxelles un mécanisme de subvention similaire mais qu’ils s’étaient heurtés à un véritable mur. Il a annoncé qu’à l’occasion de la présidence espagnole de l’UE, qui débutera le 1er juillet 2023, le gouvernement espagnol reviendra à la charge, sans préciser toutefois le contenu de cette proposition.
Les lignes vers le Royaume-Uni et le Maghreb exclues
Å supposer qu’un tel dispositif voie le jour, celui-ci sera cependant limité au trafic au sein de l’UE. Jusqu’ici la Commission a toujours refusé que les aides financières au TMCD et aux autoroutes de la mer soient appliqués aux flux avec les pays hors UE.
Les lignes vers le Royaume-Uni seraient donc exclues de même que celles vers l’Afrique du Nord. Or les compagnies maritimes espagnoles estiment que le trafic roulier avec le Maghreb offre un vrai potentiel de croissance, notamment dans la perspective de la relocalisation d’activités industrielles dans des pays « proches » du Vieux Continent.
Daniel Solano