Les résultats détonnants d'OOCL

 

La filiale de Cosco depuis 2018 n’en finit plus d’étonner. Ses résultats opérationnels sur le premier trimestre ignorent les terribles conditions de marché actuelles. Si la pandémie ne peut pas encore se refléter totalement dans ses résultats, elle réalise néanmoins une performance au niveau de ses taux de fret.​

L'effet Corona n’est pas perceptible dans les comptes trimestriels de la compagnie, que Cosco a acquise en juillet 2018 (à hauteur de 75 % du capital). Orient Overseas Container Lines (OOCL) n'a connu qu'un léger recul de ses volumes au cours du premier trimestre, alors même qu’au cours de cette période, l’épidémie a muté en une dévastatrice pandémie. La compagnie, cotée pour partie à la bourse de Hong Kong, a enregistré une hausse de ses recettes de 5,5 %, qui s'élèvent à 1,54 Md$, et une augmentation de 6,6 % du revenu moyen par EVP.

« Les recettes moyennes ont atteint leur niveau le plus élevé depuis cinq ans et les marges d'exploitation devraient encore augmenter grâce à la réduction des coûts de soute », a commenté la société. Les volumes transportés ont à peine fléchi, de 0,4 % (1 598 422 EVP contre 1 605 564 EVP l'année précédente) tandis que le taux de remplissage a été légèrement supérieur de 1,1 à celui de la même période l'année dernière. 

Indicateurs détonnants

Quelques indicateurs surprennent : l’augmentation des flux transportés de 2 % sur les principales lignes affectées par l’épidémie : le transpacifique et Asie-Europe. Les trafics transpacifiques est le second marché du hongkongais avec 28 % de ses volumes. Le transporteur a enregistré sur cette route 449 790 EVP (+ 2 % en glissement annuel) mais avec des recettes stables à 558 M$. Le trade Asie-Europe, qui contribué à 21 % de ses flux globaux, a augmenté de 2 %, à 331 675 EVP, mais avec un chiffre d'affaires de 327 M$, soit une augmentation de 7,4 % par rapport à l'année précédente.

Concentrant 43 % des trafics d'OOCL, la région Asie et Australasie reste de loin la plus importante en volume, avec 689 922 EVP au premier trimestre. En dépit d’un repli de 4,5 % de ses flux, les revenus ont bondi de 10,8 % pour atteindre 506 M$. Peu présent sur la route transatlantique (127 035 EVP), ses revenus n’en sont pas moins en hausse de 6 % à 149 M$. Les résultats financiers, qu’OOCL ne publie que par semestre, devraient donner des clés de lecture quant à l’amélioration de ses recettes. S’il s’agit d’une discipline tarifaire orthodoxe ou de l’optimisation de son poste bunker dans un contexte où le transport maritime effectuait pourtant son grand transfert vers des carburants en conformité avec les nouvelles réglementations, donc plus chers (l’effondrement de la demande mondiale du pétrole en raison de la mise en sommeil de l’activité mondiale a depuis changé la donne).

Un effet d’optique en réalité, anticipe l’analyste maritime Alpaliner, dans la mesure où les résultats ne reflètent que partiellement les effets du covid. Les suppressions de services, dont tient compte ce premier trimestre, étaient déjà planifiées dans le cadre du traditionnel Nouvel An lunaire, où l’activité entre dans une forme d’engourdissement. Le deuxième trimestre devrait présenter une photographie plus fidèle à la réalité des marchés. Tous les analystes se rejoignent en tout cas pour saluer l’extrême discipline des transporteurs dans la gestion de leurs capacités, dont la meilleure illustration serait « la force du niveau des taux ».

Bon parti pour Cosco

Pour l’instant, la compagnie de Hong Kong a été un excellent parti pour Cosco, qui lui doit depuis son acquisition de bien meilleurs ratios. La famille Tung avait vendu la pépite maritime de Hong Kong en juillet 2017 au géant chinois pour 6,3 Md$, lui permettant alors de devenir le 3e armateur mondial de porte-conteneurs devant CMA CGM. Mais son intégration dans les comptes n’a été effective qu’en août 2018.

Cette intégration est rapidement devenue visible dans les résultats financiers et les volumes de sa nouvelle maison-mère. Après une perte nette de 22 M$ les six premiers mois de 2018, le groupe chinois affichait un an plus tard un bénéfice de 206 M$. Ses revenus avaient alors augmenté de 63 %, une progression due en grande partie à l’intégration. Sur les trafics où OOCL n’opère pas, Cosco enregistre des croissance moindres.

Commande de cinq géants en plein marasme

En 2019, OOCL a transporté 7 MEVP. Son Ebit (bénéfice avant intérêts et impôts) est passé de 313,7 à 452,3 M$ entre 2018 et 2019. Alors que l’entreprise développait jusqu’à présent ses activités dans l’austérité budgétaire, elle a surpris en mars dernier en annonçant, en plein marasme, un programme de renouvellement de sa flotte portant sur cinq porte-conteneurs de 23 000 EVP pour une valeur de 776,8 M$. 

« Il s'agit des premiers navires commandés par le groupe OOIL [(Orient Overseas International Ltd, maison-mère de OOCL, NDLR] depuis 2015. Non seulement ces navires modernes et efficaces vont améliorer notre empreinte environnementale, optimiser notre structure de coûts et combler un déficit de capacités en raison de l’expiration de contrats d’affrètement, mais ils serviront également de preuve évidente d’une stratégie de double marque très réussie », avait expliqué le groupe dans son rapport annuel de 2019.

Trois unités seront construites par Nantong Cosco KHI Ship Engineering (NACKS) et deux par Dalian Cosco KHI Ship Engineering (DACKS). OOIL devrait en prendre livraison en 2023 pour les allouer sur la route Asie-Europe du Nord. « Malgré les turbulences actuelles du marché, l'investissement d'aujourd'hui dans ces actifs à long terme soutient notre ferme conviction que le commerce Asie-Europe est l'un des principaux corridors commerciaux du monde pour les décennies à venir », indiquait la compagnie lors de la prise de commande.

Aujourd'hui, OOCL ne dispose que de six grandes unités, d'une capacité d'environ 21 000 EVP chacune, commandées en mars 2015. Le plan initial comportait un second lot de cinq à six méga-navires, options qui n’avaient jamais été exercées en raison des conditions du marché de 2016. Ensuite, l’intégration à Cosco avait relégué ces acquisitions au second plan. « Pour équilibrer cette expansion, au cours des cinq prochaines années, nous prévoyons de restituer ou de céder 13 navires de notre flotte, soit un total d'environ 76 000 EVP », avait précisé le transporteur.

Adeline Descamps

 

 

 

Shipping

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15