Le transit par le canal de Panama aurait permis d'éviter 16 Mt d'émissions de CO2 en 2021

L'une des voies royales de la navigation pour le transit de marchandises, qui a prospéré à la faveur de la mondialisation des échanges, se soucie visiblement des émissions de CO2 de ses clients. Le canal de Panama dispose désormais d’un outil qui permet à ses clients d’avoir une visibilité sur les émissions de CO2 qu'ils génèrent – ou plutôt évitent – en passant par cet incontestable raccourci entre l'Asie et l'Amérique du Nord.

La méthodologie est toujours sujette à moult interprétations sur ce genre de calculs mais le gestionnaire du canal de Panama s’est néanmoins lancé en 2020 dans un exercice visant à calculer les émissions de CO2. D’après son tableau de bord des économies d'émissions de CO2, réalisé pour l’année 2021, les navires ayant transité par l’une des principales voies de navigation mondiale auraient épargné à la planète 16 millions de tonnes de CO2 par rapport à cinq itinéraires alternatifs considérés comme pertinents. Soit trois millions de plus « évitées » qu’en 2020.

Emissions de CO2 « évitées » selon ACP sur quelques routes clés du transport maritime 

Visbilité sur les émissions de CO2

« Nous avons lancé cette base de données pour que nos clients puissent avoir une visibilité sur les émissions qu’ils génèrent en fonction d’un itinéraire, explique Ricaurte Vásquez Morales, administrateur de la société de gestion du canal de Panama, l'Autorité du canal de Panama (ACP). Le tableau de bord utilise des données géoréférencées et la technologie embarquée à bord des navires pour mesurer les émissions. D’autres indicateurs nous sont communiqués chaque mois par segment, client, itinéraire ».

L’initiative s’inscrit dans le cadre de sa stratégie visant à être un « corridor vert » : l’infrastructure s’est engagée à être neutre en carbone d'ici à 2030 et « prévoit de réaliser des investissements et des changements importants dans ses opérations au cours des prochaines années en commençant notamment par l'achat de véhicules électriques et de remorqueurs hybrides ». Le gestionnaire estime que le seul renouvellement de ses équipements va requérir 2,4 Md$.

Les porte-conteneurs en tête

En choisissant le passage par Panama, raccourci avantageux entre Asie et Amérique du Nord permettant d’éviter les eaux agitées du cap Horn, les porte-conteneurs, qui sont aussi les premiers clients du canal, auraient ainsi « économisé » 5,2 Mt de CO2 tandis que les vraquiers n’en auraient pas émis 2,5 Mt et les méthaniers autour de 1,8 Mt.

Selon ce bilan, cinq compagnies figurent parmi celles qui ont affiché les plus fortes réductions : Maersk aurait évité 933 308 t de CO2, MSC (909 264 t), CMA CGM (503 960 t), Hapag-Lloyd (478 764 t) et Trafigura Beheer B.V. (448 940 t).

Émissions évitées par catégories de navires selon ACP

Patte verte

L'agence du gouvernement du Panama responsable de la gestion et de l'exploitation du canal montre patte verte. En novembre 2021, elle a participé à la conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP26) et s'est par ailleurs associée aux 150 autres organisations du secteur maritime qui ont signé, en amont du sommet, l'appel à l'action pour la décarbonisation du transport maritime.

À terme, le canal envisage de prendre en considération, dans sa structure de tarification, les émissions des navires lors de leur passage.

A.D.

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