Le Covid terrasse l'affrètement des porte-conteneurs

 

Le marché souffre. Les propriétaires ont de plus en plus de mal à trouver un emploi pour leurs tonnages, notamment aux deux extrémités de l’offre. La demande pour les unités de plus 5 500 EVP s'est quasiment tarie. Les petits gabarits sont dans une zone grise. Les segments intermédiaires échappent aux grandes turbulences mais la plupart d'entre eux sont destinés à des emplois de court terme. 

Il y a flotte inactive et flotte inactive. Toutes les situations de non emploi ne se valent pas. Le Covid a complètement changé la donne sur le marché de l’affrètement de porte-conteneurs. En fin d’année, la croissance rapide de la flotte inactive avait été engendrée par le retrait d’un grand nombre de navires envoyés en cale sèche afin d’être mis en conformité avec la réglementation de l’OMI sur le soufre (notamment le refit avec scrubbers). La pénurie avait alors placé les taux d’affrètement sur une trajectoire haussière.

La tendance s’est complètement inversée, explique Alphaliner, alors que la capacité retirée du marché atteint des niveaux recourds, de l’ordre de 22,4 MEVP fin avril. Mais « avec des opérateurs qui continuent à livrer rapidement du tonnage affrété et de nouvelles demandes d'affrètement largement limitées à des besoins de court terme pour couvrir les besoins de repositionnement à vide, les taux d'affrètement ne peuvent pas être maintenus à leur niveau actuel », prévenait il y a quelques semaines l’analyste maritime, qui comptabilise tous les quinze jours les mouvements sur le marché de l’affrètement.

Taux inférieur de 30 %

Depuis début avril, les effets de la pandémie se font ressentir de plus en plus durement sur le marché de l’affrètement. La contraction de la demande gonfle le bataillon de navires inactifs, en particulier dans la catégorie des grandes unités, les transporteurs ayant réduit fortement leurs capacités sur les routes Est-Ouest et Nord-Sud. Aucun segment de taille n’a été épargné, à quelques exceptions près. La situation met les taux d'affrètement sous pression croissante. Ainsi, une unité de 7 000 EVP a été affrétée en Asie pour une durée de 4 à 6 mois à 18 000 $/j, soit un taux inférieur de 30 % à celui qui pouvait être obtenu pour un tonnage similaire en février.

Détérioration rapide 

Ces derniers jours, les tensions se sont excacerbées, les propriétaires ayant de plus en plus de mal à trouver un emploi pour leur tonnage. La demande dans les plus grandes tailles (5 500 EVP et plus) s'est quasiment tarie. Les panamax sont partculièrement touchés, la flotte de navires spot ayant augmenté de 60 % au cours des deux dernières semaines. Les navires de moins de 1 000 EVP connaissent une situation tout aussi difficile. Aucune mouvement n'a été signalé dans le segment des VLCS (7 500 à 11 000 EVP) au cours des deux dernières semaines. 

Après avoir fait preuve d'une certaine résilience, les LCS (5 300-7 499 EVP) voient aussi leur situation se détériorer rapidement au fur et à mesure qu’augmente le nombre de navires spot. Alphaliner compte sept navires sans emploi dans cette catégorie, contre trois seulement lors de son dernier décompte. En outre, une douzaine d'autres devraient être livrés dans les quatre prochaines semaines. Selon le consultant, 34 panamax sont aujourd'hui au chômage, contre 21 lors de son dernier recensement il y a deux semaines. Dans ce contexte de détérioration rapide, les taux d'affrètement continuent à s'affaiblir. Des unités de 4 250 EVP sont désormais affrétées en Asie à environ 9 000 $/j, contre 10 000 $/j encore récemment.

Flotte affrétée

Les transporteurs ont retiré jusqu'à 20 % de la capacité de leur réseau sur les principales lignes commerciales et, bien que de nombreux navires affrétés aient été fixés sur des contrats de douze mois ou plus, ils chercheront à restituer le tonnage affrété excédentaire autant que possible dans les semaines à venir. Le directeur général de Hapag-Lloyd, Rolf Habben Jansen, indiquait dans un récent point presse, qu’il renverrait un « petit nombre à deux chiffres » de navires sur les 129 qu'il affrète à temps. Représentant 40 % de la capacité de ses navires, la flotte affrétée de Hapag-Lloyd est relativement faible par rapport à ses pairs. 75 % des 556 navires de MSC sont en location, 68 % des 219 navires de One et 62 % des 474 navires de CMA CGM.

Adeline Descamps

 

 

 

 

 

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