Étude : CO2 et bruit sous-marin ont des destins liés

Adopter de meilleure forme des carènes et réduire les vitesses des navires ont des impacts importants sur le bruit sous-marin, une source de pollution encore trop méconnue et pas suffisamment considérée. Ce sujet a fait l’objet de deux études réalisées à la demande du gouvernement fédéral belge par l’institut de recherche néerlandais TNO. Elles évaluent en outre l’impact du slow steaming sur la réduction de la pollution de l’air.

Un webinaire était organisé fin mars par le Service public fédéral belge de la mobilité (SPF Mobilité) et l’Union royale des armateurs belges. À cette occasion, le ministre belge de la mer du Nord, Vincent Van Quickenborne, a dévoilé les résultats de deux études réalisées à la demande du gouvernement fédéral par l’institut de recherche néerlandais TNO. La première porte sur les émissions polluantes des navires avec une attention particulière portée à la flotte maritime belge. La seconde s’intéresse à la réduction de la vitesse des navires afin d'étudier comment sa généralisation en mer du Nord pourrait réduire à la fois les émissions de pollution atmosphérique du transport maritime et le bruit sous-marin.

C’est la particularité de ces deux rapports : ils s’intéressent à cette pollution encore méconnue que constitue le bruit sous-marin. « La pollution sonore est un problème plus grave qu'on ne le pense généralement, souligne le SPF Mobilité. Selon l’Organisation mondiale de la santé, elle constitue la deuxième plus grande menace pour la santé humaine après la pollution atmosphérique. La pollution sonore a un impact majeur sur l’Homme mais aussi sur la vie marine : plus de 150 espèces en sont menacées. Elle perturbe principalement l'interaction entre les individus, comme entre proie et prédateur, et la reproduction. » Des plus petits invertébrés aux plus grands mammifères marins, toute la faune est concernée.

Liens entre bruit sous-marin et émissions atmosphériques

Bonne nouvelle pour le secteur du transport maritime, qui doit déjà faire d’importants efforts pour respecter la réglementation sur les émissions de polluants atmosphériques de ses moteurs : CO2 et bruit sous-marin ont des destins liés.

L’étude de TNO établit un scenario de référence basé sur le trafic maritime constaté en mai 2019 en mer du Nord, tous types de navires confondus. Elle s’emploie ensuite à estimer les réductions des émissions polluantes en prenant pour hypothèse une vitesse maximale limitée à 75 % de la vitesse de conception des navires.

La réduction du bruit sous-marin varie, selon la fréquentation de la zone maritime considérée, de 1,5 à 4 dB, ce qui augmente de 20 à 40 % la distance à laquelle les animaux perçoivent les sons. Quant aux émissions de pollution atmosphérique, elles diminuent de 10 % pour le CO2, 11 % pour les oxydes d’azote, 10 % pour les oxydes de soufre et 10 % pour les particules fines. La production de monoxyde de carbone, en revanche, augmente de 3,5 %, les moteurs n’étant pas utilisés de façon idéale.

Impact positif du slow steaming

Les auteurs reconnaissent que cette limitation de la vitesse maximale, et non de la moyenne quotidienne, « pourrait pénaliser les navires récents qui ont été construits ou modifiés avec des vitesses de conception inférieures, et donc agir comme un élément dissuasif pour construire de nouveaux navires prévus pour fonctionner à des vitesses plus lentes, ou pour adapter des navires à des vitesses restreintes. » Quoi qu’il en soit, la preuve a été apportée, données à l’appui, de l’impact positif du slow steaming sur le bruit sous-marin comme sur les émissions polluantes. Au-delà de la réduction de la vitesse de navigation, l’étude réalisée par TNO désigne aussi d’autres pistes d’amélioration : la forme de carène joue un rôle déterminant, de même que l’entretien de la coque ou des hélices.

Étienne Berrier

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