Croisières : L'agence sanitaire américaine lance un nouveau pavé dans la mare

 

Carnival Cruise Lines a annoncé qu'elle prolongeait la suspension de ses activités en Amérique du Nord pour six autres semaines. S’agit-il d’une réponse à l’annonce du Centers for Desease Control and Prevention faite le 9 avril ? Pour l’heure, les autres compagnies restent encore prudentes dans leurs annonces, mais la décision des autorités américaines jette le trouble : quand les paquebots vont-ils être autorisés à reprendre la mer ?

Un éternel recommencement. L’agence sanitaire américaine, la même qui avait plongé mi-mars le secteur de la croisière dans le « lockdown », a porté un nouveau coup. Le Centers for Desease Control and Prevention (CDC) a en effet étendu de 100 jours supplémentaires son gel de toute activité de croisière dans les ports des États-Unis, ce qui repousse l’échéance à la mi-juillet. La décision de la CDC s’applique à tous les paquebots et à tous les territoires sous juridiction américaine, îles comprises. Cette décision jette un trouble sur la date réelle à laquelle les paquebots seront à nouveau autorisés à reprendre le large depuis les États-Unis ou à transporter des passagers américains alors que toutes les compagnies avaient plus ou moins donné rendez-vous à mi-mai pour la reprise de leurs activités. 

Faut-il interpréter la décision de Carnival Cruise Lines comme une réponse à l’annonce du CDC ? Le choix de l’une des marques phare du leader mondial de la croisière de suspendre pour six semaines supplémentaires ses activités en Amérique du Nord a surpris dans la mesure où elle semblait très isolée. Aucune autre grande major de la filière, y compris les autres marques appartenant à Carnival Corp., n'avait annoncé de prolongation de l’hivernation, effective depuis le 13 mars, date à laquelle l’ensemble du secteur a délibérément pris le parti de suspendre sine die ses opérations pour ne pas surajouter à la crise. 

La croisière se saborde

Surprise d’un temps. Car elle commence à faire des émules. Princess Cruises, autre marque du groupe, vient en effet d’annuler toutes les croisières et circuits jusqu'au 30 juin, alors qu’elle prévoyait de prendre la mer le 10 mai. La compagnie va même beaucoup plus loin. Elle met sous cloche, et ce durant toute la saison (en cours), une bonne partie de son offre en Alaska, où la saison est déjà bien entamée. Princess n'ouvrira pas les cinq lodges en pleine nature qu'elle exploite à Fairbanks, Cooper Landing, Copper Center et dans la région de Denali. Elle n'organisera pas non plus d'excursions en bus ou en train. Seuls les voyages de Seattle à l'Alaska à bord des Emerald Princess et Ruby Princess échappent encore au couperet. « Ceux qui ont payé la totalité de leur croisière recevront un crédit (Future Cruise Credit, FCC) équivalent à 100 % du prix de la croisière payée avec une majoration de 25 % », indique la compagnie, qui s’engage à rembourser la totalité si les clients le souhaitent. 

Holland America Line, autre spécialiste de ces contrées et autre marque du groupe, a fait de même. Pourtant, avant même l'annonce officielle du CDC, Holland America Line en faisait état dans un de ses communiqués, indiquant « évaluer cela par rapport à [sa] planification ». Elle s’est finalement résignée.

La compagnie, qui exploite des hôtels Westmark à Fairbanks et Anchorage, a annulé les traversées de cinq navires pour l'été : les Maasdam, Noordam, Oosterdam, Volendam et Westerdam, ainsi que les excursions terrestres dans le parc national de Denali et le Yukon. Environ la moitié des croisières en Alaska de cette saison a été annulée, dont 175 annoncées ces derniers jours. Cette destination représente à elle seule environ un million de passagers chaque année.

Carnival Corp. surréagit

Vive réaction de la Clia

En ordre dispersé, toutes les compagnies avaient plus ou moins prévu de reprendre entre mi-mai (Norwegian Cruise Line), fin mai (Costa Cruises et MSC Cruises ), voire fin juin (Viking Cruises). Elles dépendent aussi, pour ce faire, des décisions des autorités portuaires qui, elles, restent extrêmement floues ou simplement muettes. Seuls quelques ports ont d’emblée annoncé que les paquebots seraient persona non grata jusqu'en juillet, notamment au Canada et à Singapour.

La Clia, la fédération professionnelle des opérateurs de la croisière, représentant 80 % des capacités mondiales, a réagi vivement dans un communiqué en date du 10 avril, sans doute agacée de voir le secteur traité comme une source ou une cause du virus ou de sa propagation, certains rapports associant en effet la transmission rapide sur un paquebot au risque d’infection élevé.

92 M$ par jour

« Depuis plus de cinquante ans, notre industrie assume la responsabilité de la protection de la santé publique à bord des navires de croisière, travaillant sous la direction et les conseils des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies, du Département de la santé et des services sociaux et de la Garde côtière américaine, ainsi que de l'Organisation mondiale de la santé et d'autres organismes », indique l’association. « À cette fin, en mars et en avril, le secteur a soumis à la Maison Blanche un ensemble de propositions en matière de prévention, de détection et de traitement des coronavirus, financées par le secteur. Nous sommes toutefois très préoccupés par la nouvelle interdiction de naviguer alors même que le secteur a été proactif, d’abord en intensifiant ses protocoles sanitaires et, ensuite, en suspendant volontairement toutes ses activités ».

L’organisation professionnelle, qui rappelle que la croisière entraîne de nombreuses activités connexes de l’industrie du tourisme (restauration, hébergement, transport, agences de voyage), estime que chaque jour de suspension représente un manque à gagner de 92 M$ et se traduit par un impact sur 300 emplois directs et 620 emplois américains au total. « Si l'ordonnance devait rester en vigueur pendant un an, l’impact serait alors de 51 Md$ pour les États-Unis avec la perte de 173 000 emplois directs et de 343 000 emplois américains au total », assure la CLIA en mentionnant un document s’intitulant Economic Impact Analysis et produit par ses soins.

Adeline Descamps

 

 

 

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