Brésil : exit l'éthanol, retour au sucre... et à l'embouteillage des ports

 

Les véhicules brésiliens à l’arrêt, l'industrie sucrière abandonne l'éthanol pour le saccharose. En la quasi absence des autres pays producteurs sur un marché en déconfiture, le Brésil fournit Amérique du nord, Asie et pays arabes et pointe son nez en Afrique. Ce qui provoque de longues attentes des cargos dans ses ports.

Les cargos font la queue devant les ports du Brésil pour y charger du sucre. Encore une des multiples conséquences de l'épidémie de coronavirus. Le Brésil occupe le premier rang des exportateurs de sucre avec 40 Mt, avec pas moins de 70 % de parts de marché.

Le sucre du Brésil constitue une bonne affaire par les temps qui courent. En avril, son prix s'est effondré à moins de 10 ctes la livre de sucre non raffiné pour revenir ainsi à un niveau similaire à celui de 2007, année de la dernière crise sucrière. Il a depuis repris un peu de poil de la bête, mais reste très dépendant des cours du pétrole, les deux replis étant intimement liés l'un à l'autre. En effet, le premier débouché de la canne à sucre brésilienne n'est pas le saccharose mais bien l'éthanol qui absorbe en temps normal 55 % de la production nationale pour, mélangé à de l'essence, servir de carburant à la presque totalité des véhicules du pays, actuellement sortis de route en raison des restrictions sanitaires.

Il a donc fallu partir sur l'autre débouché de la canne : le sucre. Avec certes une demande forte, renforcée par la mauvaise récolte américaine et les achats des pays musulmans en période de ramadan. Mais aussi portée par des clients avisés et donc peu enclins à payer le prix fort.

Hausse quasi certaine des importations agricoles chinoises

Compétitivité retrouvée des Brésiliens, l’Inde aux affaires

Au final, les exportateurs brésiliens sont les premiers à en tirer avantage. Le real brésilien, fortement dévalué ces deux derniers mois par rapport au dollar, accroît l'attractivité de leur offre. Certes, les cours du sucre sont incroyablement faibles, mais la conversion du dollar, monnaie des échanges, contre un real lui aussi très faible, rendent leurs ventes compétitives.

De plus, les concurrents sérieux que sont l'Inde, deuxième pays exportateur, l'Union européenne, la Chine, la Thaïlande et l'Australie sont actuellement peu présents sur le marché. L'Europe est un peu sortie du jeu, son offre limitée par la réduction de ses surfaces de betterave sucrière. Quant aux pays d'Asie, la pandémie les a incités à stocker et à stopper leurs exportations. La parité des monnaies ne les incite pas non plus à s'y aventurer.

L'Inde vient cependant de se réveiller elle aussi et, suite à une dévaluation de sa propre monnaie face au dollar, retrouve un intérêt à exporter du sucre qu'elle destine à l'Iran et à l'Indonésie, qui lui passent commande en retour de l’huile de palme. Elle compte aussi rétablir ses liens avec ses clients traditionnels de la côte est de l'Afrique sur lesquels lorgne le Brésil et où il pourrait commencer à lui tailler des croupières.

Soja, maïs, riz... des marchés désaxés

Les États-Unis accroissent leurs contingents

Les chargements de sucre brut et raffiné dans les ports de Recife, Maceió – proches des zones de production du nord et du nord-est du Brésil –, et de Santos ont totalisé 1,56 Mt en avril, contre 1,2 Mt sur le même mois de 2019, et des rentrées d'argent de 457 M$. Une rentrée d’argent supérieure de presque 33,8 % à celui d'avril 2019. La demande vient principalement d'Asie et des pays disposant de pôles de raffinage, comme l'Algérie ou l'Arabie saoudite. Mais fin avril, les États-Unis ont aussi apporté une bouffée d'oxygène au marché en revoyant à la hausse leurs contingents de sucre avec 26 pays, pour un total de 317 000 t supplémentaires. Le Brésil, en tant que premier producteur, en est aussi le principal bénéficiaire et a vu son quota d'exportation s'accroître de 65 000 t pour ses ventes entre avril et septembre.

Cette demande nord-américaine, ajoutée aux contrats à terme passés par le New York Board of Trade et à honorer avant le 30 juin, a contribué à l'engorgement de Santos, où les navires en attente avaient augmenté de 50 % la semaine dernière. Parmi les 35 navires en attente, certains attendaient aussi pour des exportations vers l'Irak, le Bangladesh, le Yémen, le Maroc, la Chine et le Nigéria.

Myriam Guillemaud Silenko

 

Alerte au coronavirus

L’engorgement dans les ports brésiliens est amplifié par les cas détectés positifs au coronavirus dans le personne portuaire en raison de l'absence de mesures sanitaires, le président brésilien, Jair Bolsonaro, ayant depuis le début traité l'épidémie avec une totale désinvolture. Des marins brésiliens assurant des lignes régulières en Amérique latine et porteurs du virus l'ont ainsi transmis au fil de leurs escales. Les navires qui ont escalé au Brésil sont désormais traités avec défiance. Les ports brésiliens semblent enfin avoir pris des mesures pour y pallier. Des navires et leurs équipages ont été placés en quarantaine, ce qui accroît encore le désordre ambiant.

 

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