À l’occasion de la publication de ses résultats annuels 2020, DP World avait annoncé qu’il prévoyait d’engager 1,2 Md$ en 2021 dans ses terminaux de par le monde. Le terminal portuaire de Berbera au Somaliland figurait dans la liste des investissements aux côtés de Djeddah en Arabie saoudite, Sokhna en Égypte, Caucedo en République dominicaine, London Gateway au Royaume-Uni, Luanda en Angola, Dakar au Sénégal et Vancouver au Canada.
Le port de Berbera est devenu une réalité. L’entreprise ne fut pas un long fleuve tranquille tant l’infrastructure a achoppé à plusieurs reprises. Après plusieurs années de discussions et de négociations, la concession de 30 ans du terminal à conteneurs avait été finalement concédée à DP World en 2016. Le groupe portuaire de Dubaï était alors en lice avec le français Bolloré. Moyennant un engagement de 442 M$, il entendait en faire un hub logistique dans la corne de l’Afrique. A fortiori s’il pouvait compter sur la concrétisation du Lapsset, Lamu Port South Sudan Ethiopian Transport, corridor reliant le port kényan de Lamu à celui de Berbera.
Pour les Éthiopiens, la construction d’un port à Berbera leur offrait l’opportunité de s’affranchir de la dépendance à celui de Djibouti. Outre l’extension du port et la construction de nouveaux terminaux, le contrat de concession comportait la réalisation d’une zone économique sur le modèle de la Jebel Ali Free Zone à Dubaï pour y drainer des investissements industriels et logistiques.
Projet à soubresauts
Le 24 juin, le nouveau terminal à conteneurs de Berbera a été inauguré par le président du Somaliland et le PDG de DP World, « en présence d’une délégation du gouvernement d’Éthiopie », précise le communiqué de l’opérateur des Émirats arabes unis. Berbera n’est pas seulement un des seuls ports en eau profonde de la Corne de l’Afrique. Situé sur la côte sud du golfe d’Aden, non loin de Djibouti, il est le principal port du Somaliland, pays dont l’indépendance proclamée dès 1991 et confirmée par referendum en 2001, n’a jamais été reconnu par la communauté internationale, qui continue à y voir une province de la Somalie voisine.
En 2018, le parlement somalien n’hésitait pas à dénoncer le contrat de concession portuaire alloué à DP World, le déclarant comme « nul et non avenu » et « anti-constitutionnel » l’accord conclu entre avec les gouvernements éthiopien et somalilandais. Cet accord octroyait à l’Éthiopie 19 % des parts de la société de gestion du port, 30 % au Somaliland et 51 % à DP World en tant qu’exploitant et actionnaire principal.
500 000 EVP
Au-delà du contexte politique, Berbera dispose désormais d’un quai de 400 m de long à une profondeur de 17 m, équipé de trois portiques permettant de traiter les porte-conteneurs les plus larges avec une capacité annuelle nominale de 500 000 EVP contre 150 000 EVP précédemment.
L’inauguration de ce nouveau port ne marque pas pour autant la fin des travaux. Une zone d’activité économique est en effet en cours de construction. Une route est aussi en chantier pour relier le port à l’Éthiopie voisine, dont les travaux devraient être achevés fin 2022. Enfin, à peine le nouveau port est-il inauguré que son extension est déjà prévue pour faire passer sa capacité annuelle à 2 MEVP. La longueur du quai sera portée de 400 à 1 000 m, tandis que seront installées sept grues STS supplémentaires, portant ainsi le total à dix portiques.
DP World, qui exploite le port de Berbera depuis mars 2017, se félicite d’avoir, depuis cette date, augmenté le trafic portuaire de 35 % et réduit le temps d’attente des porte-conteneurs « de quatre ou cinq jours à seulement quelques heures ».
Étienne Berrier – A.D.