Outre-Atlantique, la forte demande intérieure ne se porte pas exclusivement sur les biens de consommation. Elle a entraîné une augmentation de 25,9 % des importations maritimes américaines de produits pétroliers au cours des sept premiers mois de l’année par rapport à 2020 selon le BIMCO, l’une des plus grandes représentations maritimes au niveau international des exploitants et propriétaires de flotte. Les achats pétroliers par les États-Unis ont totalisé 26,1 Mt depuis le début de l'année. L’Europe, un des deux grands fournisseurs en produits pétroliers du marché américain avec la Chine, est à l’origine d’une grande partie des importations qui ont transité par voie maritime depuis le début de l’année.
Les ventes pétrolières européennes à son grand allié atlantique ont augmenté de 49,8 % par rapport à l'année dernière. Pour autant, par rapport aux sept premiers mois de 2019, 6,2 Mt de produits pétroliers se sont évaporés. L’Europe s’en sort plutôt que mieux que les autres régions : elle a récupéré la plupart de ses pertes de 2020 (- 1 Mt). En revanche, la Russie apparaît comme la plus grande perdante : entre 2019 et 2021, ses importations pétrolières vers le continent nord-américain ont chuté de 38,2 % (- 1,7 Mt).
Europe et Asie, les deux grands fournisseurs
À eux deux, l’Europe et l’Asie représentent 70 % des achats pétroliers des États-Unis avec 10,6 et 7,7 Mt respectivement. Cette situation profite à la place portuaire néerlandaise, d’où ont été expédiés 3,3 Mt depuis le début de l’année, en augmentation de 20,2 % par rapport à 2020, mais avec toujours 0,5 Mt en moins par rapport aux niveaux de 2019 avant la pandémie. Selon les données de Signal Group, 131 navires ont navigué entre les Pays-Bas et la côte Est des États-Unis, dont la majorité (81) sont des MR2.
En Asie, la Corée du Sud (1,7 Mt au cours des sept premiers mois de 2021) et l'Inde (1,4 Mt) sont les principaux partenaires commerciaux tandis que l'Arabie saoudite a fourni 1,3 Mt.
Pas de hausse des taux de fret
La hausse des volumes n'a pas entraîné une augmentation significative des taux de fret. Loin de là, les gains pour un pétrolier MR1 de 37 000 tpl sont tombés à leur plus bas niveau entre Rotterdam et New York depuis juillet 2014, à 613 $/j le 17 septembre. À aucun moment cette année, les revenus moyens sur cette ligne n'ont dépassé 11 000 $/j, alors qu’ils étaient de 13 315 $/j en 2020. La situation de contango en mai de cette année-là (stockage offshore pour profiter des prix bas du pétrole dans la perspective de le commercialiser plus tard sur les marchés à terme) a fait monter la moyenne de l’année puisqu’un VLCC valait alors 76 384 $/j.
La production ne suit pas la demande
Toutefois, la demande américaine de produits pétroliers se redresse bien plus rapidement que la production de pétrole brut. Au cours des trois premières semaines de septembre, l'offre aux États-Unis était de 20,3 millions de barils par jour (Mb/j), dont 9,1 millions d'essence. Elle est en hausse de 12,7 % par rapport à la même période de 2020 et de 3 % par rapport à la période correspondante en 2019.
En excluant les récentes perturbations de la production américaine de pétrole brut dues à l'ouragan Ida en août, les États-Unis ont produit en moyenne 11,4 Mb/j, contre 12,4 millions en août 2019. Un écart similaire entre les niveaux d'aujourd'hui et ceux d'avant la pandémie se retrouve dans le volume des raffineries américaines qui, en août de cette année, s'élevait en moyenne à 16,1 Mb/j, soit une baisse de 8,3 % par rapport à août 2019.
« Ce démarrage lent par rapport à la reprise de la demande intérieure a entraîné une diminution des stocks constitués au plus fort de la guerre des prix du pétrole et une augmentation des importations de produits pétroliers, profitant au transport maritime. Mais sans effet sur les taux de fret », doit constater Peter Sand, l’analyste en chef des transports maritimes du BIMCO.
A.D.