En France, la notion de « superbénéfices » voisine à la lisière de la philosophie. Il y a des profits admis comme acceptables et d'autres outrageusement intolérables selon un tas de paramètres relevant de son milieu, de son éducation, de sa culture, de ses convictions...
Dans le super-récit sériel du moment – l'examen du projet de loi de finances (PLF) 2025 –, les « surprofits » réalisés par certains transporteurs maritimes accaparent une large part des débats. Et servent d'argument directeur pour cheminer vers la suppression régime fiscal dérogatoire, dit taxe au tonnage, dont bénéficie le secteur, les plus grandes compagnies comme les plus petites, l'aisance des premières occultant la modestie financière des secondes.
Dans une société française qui charrie tant de représentations négatives de l'argent, sédimentées au cœur de la psyché collective, le profit reste décidément un gros mot. Il est une citation qu'on ose à peine prononcer, tant son auteur (américain naturellement) incarne le capitalisme dans son plus détestable appareil et sa plus vile expression. Mais force est de reconnaître qu'elle surgit des plis de l'Histoire où elle était ensevelie au vu de la tournure des débats. « Tout ce qui bouge, on le taxe, tout ce qui ne bouge pas, on le subventionne ».
Adeline Descamps