Regain d’intérêt pour le conteneur sur la façade maritime nord-espagnole

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Traditionnellement assoupi, le marché du conteneur sur la façade maritime nord de l’Espagne est en train de se réveiller soudainement. Plusieurs projets ont été lancés à Bilbao, où un appel d’offres a été lancé pour un deuxième terminal à conteneurs, à Gijón, où Maersk a des ambitions, à Santander, où Boluda fera une entrée aussi inattendue que surprenante ou encore à Pasaia. Encore faut-il qu’il y ait suffisamment de trafic.

L’annonce a surpris. L’appel d’offres relatif à la concession d’un deuxième terminal à conteneurs dans le port de Bilbao, a été lancé le 25 janvier 2023. Le cahier des charges laisse ouverte la superficie, les candidats ayant deux options (23 ou 30 ha). Le document fixe un trafic minimum d’1 EVP par m2 utilisé.

Le grand port basque compte déjà un terminal opéré par une filiale de Cosco Shipping Ports (CoscoSP), qui offre une capacité de 0,95 MEVP (1 155 m de ligne de quai et 43,8 ha). Cependant, le trafic y est à la peine. En 2022, seuls 496 624 EVP ont été manutentionnés, de surcroît en baisse de 7,8 % par rapport à l’année précédente, principalement imputable au recul du trafic avec le Royaume-Uni, le premier client du port. Le trafic reste très éloigné du pic des 638 447 EVP traités en 2018. Le Covid-19 et la crise économique n’expliquent pas tout : le port avait subi une grève des dockers particulièrement longue en 2020, qui avait fait plonger le trafic de conteneurs de 23 %, à 485 777 EVP cette année-là.

Pour justifier le projet d’un deuxième terminal, Ricardo Barkala, président de l’Autorité portuaire de Bilbao (APB), a indiqué que l’adjudication serait conditionnée à la présentation d’une offre « très puissante » qui ne soit pas « un transfert de trafics d’un quai à un autre ». Reste à savoir d’où viendra la marchandise. Á la différence des grands ports espagnols de Méditerranée (Algésiras, Barcelone, Valence), Bilbao ne fait pas de transbordement international et sa connectivité est limitée. Il développe surtout une activité de feedering avec les autres ports européens. L’APP se veut pourtant optimiste : le nouveau plan stratégique du port, présenté le 1er mars dernier, prévoit une hausse du trafic de conteneurs de 30 % à l’horizon 2026.

Gijón : APM Terminals renforce sa présence

Facteur aggravant, d’autres concurrents se font menaçant. Traditionnellement, Bilbao avait une situation de quasi-monopole sur la façade maritime nord de l’Espagne. Les choses ont changé avec la montée en puissance du port de Gijón aux Asturies, opéré depuis 2016 par APM Terminals, à la suite du rachat des actifs du catalan TCB. 

Le port a profité de la grève à Bilbao qui a permis d’atteindre un record historique en 2020 (84 735 EVP) mais le trafic est retombé pendant les deux années suivantes (46 024 EVP en 2022). Pourtant, l’opérateur danois persévère. En mars 2022, il a obtenu l’allongement de sa concession de 10 ans et une augmentation de la superficie (de 44 000 à 60 500 ha). En janvier 2023, il a transféré depuis Valence un portique post panamax STS 901 d’une capacité de 40 t afin de traiter des navires de plus grande taille.

Santander : une nouvelle ère avec Boluda

Un autre rival a surgi entre les ports de Gijón et de Bilbao. Le 30 mars prochain, le premier terminal à conteneurs du port de Santander sera officiellement inauguré. Et l’opérateur ne sera autre que le groupe Boluda qui fera ainsi une entrée aussi inattendue que surprenante dans la manutention de conteneurs sur la façade maritime nord de l’Espagne.

La nouvelle entité, Boluda Maritime Terminals Santander, occupera une superficie de 67 ha avec une ligne de quai de 472 m et deux portiques STS post panamax (capacité : 50 tonnes). Un trafic minimum de 35 000 EVP par an est prévu pendant les cinq premières années de la concession puis de 44 823 EVP. L’investissement pendant la durée de la concession (40 ans) atteint 38,5 M€.

Vicente Boluda est connu pour ne pas prendre de risques inconsidérés. Le groupe prévoit une escale hebdomadaire de sa division maritime, Boluda Shipping, dans le cadre de la liaison Canaries-Portugal-Europe du Nord. Mais le terminal sera ouvert à d’autres armateurs.

Pasaia : le fantasme renait

Dans le petit port basque de Pasaia (trafic : 3,3 Mt en 2022), situé dans la banlieue de Saint-Sébastien, à une vingtaine de kilomètres de la frontière franco-espagnole, la nouvelle direction du port songe à nouveau au conteneur. En 2014, le conseil d’administration du port avait abandonné le projet de construction d’un méga-port extérieur, soit un investissement de 765 M€, sous la pression des écologistes espagnols mais aussi français. Depuis cette date, les deux tentatives pour introduire des lignes régulières de conteneurs ont échoué.

Lors de la présentation des résultats du port en 2022, le directeur de l’autorité portuaire a estimé qu’il y avait « une niche dans le trafic de conteneurs », actuellement inexistant. Il a évoqué un flux limité de « taxi maritime » vers le nord de l’Europe pour deux à trois chargeurs, soit entre 10 000 et 12 000 EVP par an. Reste à savoir quel armateur serait prêt à prendre un tel risque. 

Daniel Solano

 

 

 

 

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