L'Inde et l'Iran signent un accord pour développer le port de Chabahar

Port de Chabahar

Un accord de 10 ans d'une valeur de 370 M$ a été signé le 13 mai entre les autorités indienne et iranienne pour développer le port iranien de Chabahar. Il fait suite à un premier engagement pris par New Dehli en 2016 mais dans un contexte de normalisation des relations entre Téhéran et l'Occident. Washington a réagi par la menace.      

La réaction a fusé. Quelques heures à peine après que New Dehli a signé avec Téhéran un contrat long terme de 10 ans en vue de développer le port iranien de Chabahar, Washington a mis en garde: « toute entité ou personne envisageant de faire des affaires avec l'Iran doit être consciente des risques auxquels elle(s) s'expose(nt) », a fait savoir le porte-parole adjoint du département d'État américain, Vedant Patel. Les autorités américaines ont imposé plus de 600 sanctions à des sociétés ayant des liens avec le pays des Mollahs ces trois dernières années.

Pour rappel, en mai 2018, l’Amérique de Donald Trump a dénoncé l’accord multilatéral en 2015 entre l’Iran et le groupe 5+1 (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie)* et ensuite interdit à toute entreprise traitant avec Téhéran de faire du business aux États-Unis.

Le couperet s’applique aux opérations portuaires, au transport maritime, à la construction navale et au négoce de pétrole depuis novembre 2018. Mais les opérations du port de Chabahar avaient été exemptées afin de permettre l'acheminement de marchandises et de carburant vers l'Afghanistan, alors déchiré par la guerre. Le terminal a traité plus de 90 000 EVP et 2,5 Mt de blé et d'autres aides pour l'Afghanistan.

Un contrat d'une valeur de 370 M$

Lors de la signature du contrat le 13 mai, Sarbananda Sonowal, le ministre indien des Transports maritimes et des Ports, a qualifié le nouvel engagement entre l'Indian Ports Global Limited (IPGL) et l'Organisation portuaire et maritime d'Iran, de « moment historique dans les relations entre l'Inde et l'Iran ».

En raison des différends avec son voisin pakistanais, l'Inde porte de longue date l'ambition de s'assurer une voie de transit pour les marchandises indiennes vers les marchés d'Iran, d'Afghanistan, d'Asie centrale et au-delà. Le port du sud-est iranien lui offre cette opportunité sachant que son voisin difficile interdit le transit terrestre des marchandises indiennes sur son territoire.

Dans ce partenariat, IPGL investira environ 120 M$, auxquels s'ajouteront 250 M$ de financement, ce qui portera la valeur du contrat à 370 M$, a précisé le ministre iranien des Routes et du Développement urbain, Mehrdad Bazrpash.

Un intérêt de plusieurs décennies

L'intérêt de l'Inde pour le développement du port de Chabahar remonte à 2003, date de la signature d'une « feuille de route stratégique » avec l'Iran. En 2016, dans un temps où Téhéran était engagé dans un processus de normalisation avec les pays occidentaux, New Dehli avait conclu un premier accord pour financer des postes d’amarrage et des terminaux à Chabahar. En 2018, elle a repris les opérations à Chabahar.

Au-delà, selon les spécialistes de la géopolitique de ces pays, l'Inde, puissance régionale, veut opposer un contrepoids à l'alliance sino-pakistanaise et à l'influence croissante de Pékin dans le golfe d'Oman. Dans le cadre de son grand projet de rééditer les routes commerciales et maritimes de la soie (Road and Belt), le pays de Xi Jinping a investi des milliards dans des projets d'infrastructure visant à créer le « Corridor économique Chine-Pakistan ». Le port pakistanais de Gwadar sert de porte d'entrée à Pékin vers les marchés mondiaux via l'océan Indien.

Des ambitions

Une fois agrandi, le port pourrait également être inclus dans les plans du projet de corridor de transport nord-sud (INSTC), un itinéraire routier, ferroviaire et maritime à plusieurs nœuds sur lequel l'Inde, l'Iran et la Russie se sont mis d'accord en 2022.

Il est prévu de relier l'océan Indien et le golfe Persique à la mer Caspienne via l'Iran, puis à la Russie.

Adeline Descamps

*Entré en vigueur début 2016, le JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action) avait mis un terme à un vieux contentieux sur le nucléaire et devait garantir le caractère civil du programme nucléaire iranien en soumettant le pays à un strict contrôle de ses activités en contrepartie de la levée partielle et progressive des sanctions économiques internationales.

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