Ports de Normandie, qui regroupe Dieppe, Caen et Cherbourg, a cumulé 6,35 Mt de marchandises en 2023. Le trafic de poids lourds décroche mais celui des passagers bat un nouveau record en avoisinant les 2 millions. Les trafics liés à l’éolien offshore vont continuer à porter les ports normands en 2024.
Au cours des dix premiers mois de l’année 2023 (données annuelles non encore disponibles pour le trafic de camions), Ports de Normandie, qui regroupe Dieppe, Caen et Cherbourg, a encaissé un repli de 7,3 % du nombre de poids lourds ayant transiter par ses ports, avec seulement 194 325 camions embarqués ou débarqués.
Les ports normands subissent encore et toujours les effets du Brexit. « Le marché [fret transmanche] dans son ensemble enregistre un nouveau recul de l’ordre de 2 % en 2023 », indique l'établissement portuaire. « L’offre surabondante sur le Détroit entraîne une concurrence acharnée au détriment des lignes de l’Ouest [celles passant par la Bretagne ou la Normandie, NDLR] », fait-il valoir.
Le fret transmanche en baisse sur l’Irlande comme sur le Royaume Uni
Les échanges de camions avec la Grande Bretagne ont diminué de 4,5 % entre Cherbourg et les ports britanniques de Poole et Portsmouth (6 792 poids lourds), de 7 % entre Caen-Ouistreham et Portsmouth (78 385 poids lourds) et de 11,5 % entre Dieppe et Newhaven (26 916 poids lourds).
Pour les lignes qui relient Cherbourg aux ports irlandais de Rosslare et Dublin, l’activité a baissé de 6,5 % avec 82 232 poids lourds. La direction portuaire y voit à la fois le signe d'une concurrence croissance (développement d’autres lignes entre l’Irlande et le continent) et le fruit d'une contraction des échanges intra-européens qui limitent les échanges de et vers l’Irlande.
215 escales de navires conventionnels
En ce qui concerne le fret hors ferries, le tonnage dépasse à peine le million de tonnes en 2023, soit une diminution du quart par rapport aux volumes de 2022. La perte de volumes est surtout due aux granulats, dont l’activité a diminué de moitié (380 000 t). Cela concerne les graves de mer à Dieppe (-70 000 t) et les granulats terrestres à Cherbourg (-310 000 t).
Le port du Cotentin avait été utilisé en 2022 pour les dispositifs anti-affouillement et les fondations du parc éolien offshore de Fécamp. En 2023, Cherbourg a reçu les éléments aériens des parcs éoliens de Courseulles et Fécamp, ce qui a généré un record d’escales pour le conventionnel, avec 215 navires. Une activité à plus forte valeur ajoutée, mais impliquant de moindres tonnages.
Montée en puissance de l’éolien offshore
Fort logiquement, la catégorie des marchandises diverses non conteneurisées (291 621 t) connaît une forte progression (+ 46 %). À Cherbourg, les manutentions de mâts, pales et nacelles ont totalisé 122 144 t. À Caen-Ouistreham, un nouveau trafic de ferraille sur le quai de Blainville a concerné 50 576 t.
La diversification du port de Caen devrait se poursuivre en 2024, avec le démarrage à l’automne prochain d’un nouveau trafic pétrolier. À Dieppe, c’est le lancement du parc éolien offshore Dieppe-Le Tréport qui sera à l’ordre du jour, ainsi que les premiers travaux du futur EPR de Penly.
Quant à Cherbourg, les manutentions liées à l’éolien en mer y seront encore plus intense que l’année passée, avec la suite et fin de la construction du parc de Fécamp, la poursuite des travaux de celui de Courseulles et le lancement du parc de Dieppe-Le Tréport.
Nouveau record pour les passagers
Contrairement au fret transmanche, l’activité passagers a réussi à Ports de Normandie en 2023. Avec 226 024 passagers à Cherbourg (+ 1,5 %), 391 379 à Dieppe (+ 5,2 %) et surtout 742 915 à Ouistreham (+ 8 %), les lignes entre la Normandie et le Royaume-Uni progressent.
La dynamique est encore plus forte entre Cherbourg et l’Irlande avec 325 566 passagers (+ 20 %), qui surpasse le record de 2019. « L’Irlande représente désormais 60 % du trafic ferry à Cherbourg. La diversité des compagnies et des routes ainsi que la qualité de l’offre avec des navires récents ou rénovés expliquent la dynamique », note Ports de Normandie.
Stena Line, Brittany Ferries et Irish Ferries ont continué à développer leur offre entre Cherbourg et l’Irlande et à positionner sur ces lignes de nouveaux navires.
Incertitude sur l'économie britannique
Ports de Normandie se montre donc confiant quant au développement des échanges avec l’Irlande, mais la faiblesse de l’économie britannique et la perspective, l’automne prochain, de la directive EES (système d'enregistrement des entrées et sorties) inquiète.
En renforçant les contrôles à l’entrée de l’espace Schengen, cette nouvelle réglementation européenne pourrait augmenter les coûts de passage et ralentir les opérations d’embarquement et de débarquement.
Étienne Berrier
